Les sculptures monumentales d’Igor Mitoraj investissent les rues de Barcelone.

“Corazza”, 1978, bronze, hauteur: 273 cm. Photo prise au Château Saint-Ange, Rome.

Les compagnies aériennes bon marché ont mis Barcelone aux portes de Genève et celels et ceux qui déambuleront dans les rues de la capitale catalane y découvriront vingt-trois sculptures monumentales. En 1986, nous avions rencontré Igor Mitoraj dans son atelier du Bateau-Lavoir à  Paris lors d’un reportage pour L’Impact, l’artiste étant resté fidèle à  sa démarche initiale, c’est dans un souci d’écojournalisme que l’article se trouve recyclé aujourd’hui.

«La confrontation avec la perfection». Créer des sculptures intemporelles, éternelles, et effectuer un retour aux sources de l’histoire de l’art, tout en mêlant les pensées classique et moderne, caractérise la réaction de Mitoraj contre l’abstraction et surtout son désir de retrouver un paradis perdu. Ses formes classiques réinventées le situent à  l’opposé de ce que les assidus de la classification qualifieraient de néoclassicisme.
Mitoraj vit avec son époque, mais il crée son propre monde irréel devenu sa réalité, que représentent des formes classiques par la matière et la plastique, mais traitées de façon moderne.
Né en Pologne en 1944, il étudiait la peinture à  l’Académie des Beaux-arts de Cracovie quand il ressentit le besoin de passer à  un mode d’expression plus concret, plus palpable et solide: la sculpture. Expatrié pour trouver des possibilités d’ouverture plus importantes que celles offertes en Pologne, Mitoraj travaille alternativement dans son atelier du Bateau-Lavoir à  Paris et à  Pietrasanta près de Carrare..
Si la vie au Bateau-Lavoir est beaucoup plus calme qu’à  l’occasion de son occupation par Picasso qui y réunissait, de 1905 à  1909, les poètes et les initiateurs du cubisme, Pietrasanta, tout comme Carrare, accueille les sculpteurs du monde entier. Les artistes viennent, comme auparavant Michel-Ange, choisir leurs blocs de marbre, puis en surveiller la découpe et le transport.
C’est en fait une étape initiale de première importance peu connue car, dans une carrière, la qualité est bien inégale où seul, dans le cas du marbre statuaire, le un pour cent est utilisable; la lutte fait alors rage pour obtenir les blocs proches de la perfection. Les artistes les plus connus et les plus fortunés envoient leurs éclaireurs qui préviennent dès qu’ils ont trouvé «l’affaire», les autres cherchent patiemment le bloc qui aura la couleur, les veines et le sens des cristaux voulus. Par la suite, la majeure partie taille dans des ateliers qui accueillent de dix à  quinze artistes d’origines et d’expressions diverses, mais où semble revenir une tendance plus figurative.
Mitoraj ne choisit que les blocs de marbre blanc afin de conserver l’idée de pureté sans chercher à  distraire par la joliesse ou l’effet facile du marbre coloré.
Une pureté qu’il cherche également à  évoquer par l’utilisation d’autres matériaux tels la terre cuite ou le bronze, pour retrouver la volonté de perfection qui animait les anciens: «J’aurais certainement vécu plus intensément à  cette époque où la représentation esthétique était plus idéale et mystique, mais combien plus proche de l’homme. La perfection artistique est née d’une étude approfondie de toutes les proportions et dont sont issues les règles d’or.

Actuellement, nous traversons une grande période de vide qui nécessite un retour aux sources et explique mon attachement au monde latin, ma volonté d’exprimer à  travers le corps humain un certain idéal disparu ».
Il allie ainsi l’antique et le moderne dans une atmosphère mystérieuse où les visages semblent réticents à  livrer leurs secrets. Les formes laissées dans les limbes, les bandelettes qui voilent la réalité, les yeux recouverts de tissu, sont à  la limite de l’existence et témoignent d’une nostalgie pour ce monde dont la suggestion réside dans le fragment. Ce fragment n’agit pas comme un artifice cérébral, il tente de rappeler des souvenirs d’une manière si palpitante qu’elle permet de recréer son propre monde par le seul pouvoir évocateur d’une image mystérieuse; sa perfection ou son harmonie est quand même telle, qu’elle évoque le tout puisqu’elle le contient potentiellement.
Dans une sculpture existentialiste, Mitoraj recherche la compréhension de la vie, de la mort; les bandelettes symbolisent les liens, la souffrance, les morsures qui écorchent l’homme mais ne constituent pas son seul univers. Il réinvente alors « un nouveau rapport entre les sensations vécues du quotidien et l’esthétique d’un drame qui met en scène l’homme face à  son éternité ».
«La vraie nature de l’homme est de retrouver l’homme tel qu’il est: bien que conscient de toutes les déviations de l’esprit qui le conduisent au crime, à  la guerre, à  la drogue, je choisis de glorifier la beauté.
Nous ne sommes pas tous perdus ni déracinés et il reste beaucoup d’espoir, je voudrais alors que mes sculptures soient des objets de contemplation qui deviennent familiers et permettent de se retrouver soimême par la confrontation avec l’idée de perfection».

Jacques Magnol – L’Impact – mai 1986
Mitoraj naît à  Oederan en 1944, de nationalité polonaise, il étudie à  l’Académie des Beaux-Arts de Cracovie puis à  l’Ecole Nationale des Beaux-Arts à  Paris.
Depuis 1968 il travaille à  Paris et à  Pietrasanta. II bénéficie actuellement d’une renommée importante tant en Europe qu’aux Etats-Unis, après une difficile période de dix ans pendant laquelle il dut exercer parallèlement diverses occupations.
S’il est reçu en Italie d’une manière particulièrement enthousiaste, c’est aux Etats-Unis que se trouvent toutes les pièces importantes.

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3 commentaires pour “Les sculptures monumentales d’Igor Mitoraj investissent les rues de Barcelone.
  1. lambert marielle dit :

    que dire de plus que la contemplation des oeuvres de mitoraj me rassure sur la permanence et la perrenite d une sorte de classissisme dans l art c est quelque part confortable et a ce titre possiblement critiquable par les suppots de l intranquillite qui serait a leurs yeux necessaire pour produire d abord et pour gouter ensuite les soit disant oeuvres d art ! les sculptures de mitoraj sont belles je n y decele quant a moi rien de tordu et par la meme de genant elles m apparaissent comme sereines j en ai une sous les yeux et je ne m en lasse pas depuis vingt ans ce fragment d eternite avec l erosion visible procuree autrement par l action du temps curieusement meme si elle nous rapelle que nous sommes mortels nous dit aussi quelque part que nous sommes mortels comme samothrace ou milo ou les esclaves du michel ange qui n en finissent pas de s extraire du marbre …..

  2. lambert marielle dit :

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  3. lambert marielle dit :

    que dire de plus que la contemplation des oeuvres de mitoraj me rassure sur la permanence et la perrenite d une sorte de classissisme dans l art c est quelque part confortable et a ce titre possiblement critiquable par les suppots de l intranquillite qui serait a leurs yeux necessaire pour produire d abord et pour gouter ensuite les soit disant oeuvres d art ! les sculptures de mitoraj sont belles je n y decele quant a moi rien de tordu et par la meme de genant elles m apparaissent comme sereines j en ai une sous les yeux et je ne m en lasse pas depuis vingt ans ce fragment d eternite avec l erosion visible procuree autrement par l action du temps curieusement meme si elle nous rapelle que nous sommes mortels nous dit aussi quelque part que nous sommes mortels comme samothrace ou milo ou les esclaves du michel ange qui n en finissent pas de s extraire du marbre …..