Art Genève 2024 a fermé ses portes, le gros des visiteurs ne sont de fait pas des acheteurs et parmi eux certains fréquentent peu les musées ou les expositions. Ils viennent ici voir ce que d’autres achètent,s’en étonnent et repartent, vu la diversité de ce qui est montré avec au moins un coup de cœur, un étonnement et une détestation.
La foire est aujourd’hui ce qu’était le salon hier un évènement à la fois mondain et assez populaire. C’est même mieux puisque tout est disponible à la vente. De là à comprendre les intentions, replacer dans un contexte, c’est une autre histoire et c’est justement parce que tout ici est marchandise que ces questions ne se posent pas et qu’on peut déambuler décontracté et se dire qu’on en voudrait ou pas chez soi.
Parmi toutes les œuvres vues l’une d’elles, spectaculaire a été très largement photographiée. Fenêtre ouverte sur monde ou plutôt large baie donnant sur le lac, ce paysage somptueux n’est autre que ce que voit Thomas Huber de chez lui et qu’il peint en grand format panoramique.
Les bleus et les oranges, effet d’eau et de soleil donnent une vision à la fois réaliste et fantastique, comme si pour faire vrai il avait intensifié les tons mais aussi simplifié les contours. C’est à la fois net et fondu.
Les reflets sur l’eau, la montagne qui plonge dans le lac, pire encore le lever et le coucher de soleil sont des lieux communs du paysage et rendre ce qui est si beau en vrai sur la toile n’est pas une mince affaire, les ratés sont pléthores. Ces images de cartes postales sont aussi usées et il faut soit beaucoup de naïveté soit beaucoup de courage pour s’y coller et un solide métier pour les réanimer. C’est encore se confronter à l’histoire d’un genre.
En Suisse, pays du paysage, Hodler mais aussi Vallotton avec ses couleurs audacieuses et ses formes molles viennent en tête en voyant cette toile, mais avec en plus comme chez Disney un effet féérique, une lumière particulière qui dilate l’espace.
Ce grand tableau n’était pas à vendre, il était juste présenté publiquement avant de rejoindre les États-Unis, pays des grands espaces.
La galerie Skopia l’exposait pour le plaisir des regardeurs et à lui seul il valait bien le déplacement !
Claude-Hubert Tatot