La fascination des artistes pour le cosmos et l’infiniment petit

Richard Pousette-Dart, Imploding Black, 1985-86. © Richard Pousette-Dart, ARS, NY.

L’exposition Inner Cosmos, Outer Universe, en cours à la galerie Pace à Genève, rassemble les œuvres d’artistes « maison » qui ont pour point commun la fascination pour l’espace. L’exposition collective se compose de plus d’une trentaine de tableaux, sculptures, textiles et œuvres sur papier, qui explorent toutes – chacune à son échelle – les structures de l’être et du néant.

D’une part, le cosmos, avec ses étoiles scintillantes, ses galaxies lointaines et ses mystères insondables, a toujours été une source d’inspiration pour les artistes. La grandeur et la beauté de l’univers ont inspiré des œuvres d’art qui capturent l’immensité de l’espace, la fascination pour l’inconnu et la quête de sens. Des peintures célestes aux sculptures cosmiques en passant par les installations interactives basées sur l’astronomie, les artistes explorent les limites de notre compréhension de l’univers et invitent le spectateur à contempler son propre rôle dans le cosmos.

De l’autre, l’infiniment petit, avec ses particules élémentaires, ses cellules et ses structures microscopiques, offre également un terrain fertile pour l’expression artistique. Les artistes fascinés par le monde invisible explorent les mystères du vivant à l’échelle microscopique, révélant la beauté cachée des organismes minuscules, des motifs cellulaires et des processus biologiques. Que ce soit à travers la photographie microscopique, la sculpture moléculaire ou l’art numérique inspiré par la biologie, ces artistes nous rappellent la complexité et la richesse du monde qui nous entoure, même à des niveaux que nos sens ne peuvent pas percevoir directement.

Ce mariage entre le cosmos et l’infiniment petit offre aux artistes une palette infinie d’inspiration, les incitant à explorer les liens entre le macrocosme et le microcosme, entre l’univers observable et le monde invisible. En juxtaposant ces deux échelles, les artistes peuvent également susciter une réflexion sur notre place dans l’univers, sur notre connexion avec le cosmos et sur les merveilles de la vie dans toutes ses dimensions.

Nombre d’œuvres exposées dans le cadre de Inner Cosmos, Outer Universe ont pour fil rouge le motif du cercle. Cette forme géométrique simple, que l’on trouve représentée dans les arts visuels des sites préhistoriques à travers la planète, renvoie généralement au concept de l’infini, ainsi qu’à la nature cyclique de l’existence. Et pourtant, on la retrouve également dans la représentation picturale d’éléments fondamentaux, invisibles à l’œil nu : les molécules, par exemple, et les atomes qui les composent, sont typiquement représentées sous la forme d’amas sphériques.

Richard Pousette-Dart, Space Continuum, Part Il (1989). Photo Jacques Magnol.

L’œuvre de Richard Pousette-Dart, Space Continuum, Part Il (1989), est composée de champs réalisés avec la technique du pointillisme, caractéristique de l’artiste, et qui se mêlent de manière à former un kaléidoscope de tourbillons et de formes rappelant les amas d’étoiles, à la fois atomiques et célestes.

 

Kiki Smith, Sky, 2012. Tapisserie Jacquard. Photo Jacques Magnol

« Sky », la grande tapisserie de Kiki Smith, d’inspiration new age, est typiquement une réunion d’impressions personnelles mêlant histoire de l’art, mythologie, identité féminine et nature. La division entre le monde souterrain, la terre et les cieux rappelle la cosmologie de plusieurs civilisations anciennes. Sa figure féminine flottante pourrait être une esprit, un fantôme ou une déesse.
Dans les autres oeuvres présentées, telle Standing Stars Il (2013), sept et neuf étoiles à branches jaillissent vers le ciel depuis un socle en bronze; Sungrazer 1 (2018), également de Kiki Smith, représente une étoile filante aux teintes terreuses, des épis de blé à sa surface, comme émergeant du sol-même.

 

Jeff Koons, Gazing Ball (Bottler rack). 2016. Photo Jacques Magnol

Jeff Koons est devenu l’un des artistes contemporains les plus connus, importants, tout en demeurant parmi les plus controversés. Depuis 35 ans, il explore de nouvelles approches du « readymade » et de l’appropriation, jouant de la lisière entre culture des élites et culture de masse, poussant les limites de la fabrication industrielle et changeant le rapport des artistes au culte de la célébrité comme aux règles du marché. L’œuvre Gazing Bali (Bottlerack) (2016)  amorce un dialogue avec l’histoire de l’art passée et future. L’artiste incite le spectateur à plonger dans une contemplation profonde, dans une réflexion sur notre propre existence dans l’immensité cosmique, nous invitant ainsi à devenir partie prenante du processus artistique en suivant son propre conseil : « Cette expérience concerne vous, vos désirs, votre participation, votre relation avec cette image. »

 

Alexander Calder, Untitled (maquette), c. 1967. Photo Jacques Magnol.

En 1936, Alexander Calder commença à développer des maquettes comme guides pour ses sculptures en plein air. Ces formes modestes réalisées en tôle peinte serviraient de modèle pour ses sculptures statiques plus grandes, connues sous le nom de « stabiles ». Une fois Calder avait achevé une maquette, il supervisait son agrandissement, et il était très pointilleux sur le nombre d’œuvres pouvant être créées à partir d’une seule maquette. Bien que les maquettes remplissent la fonction d’être la première étape du processus de production vers une sculpture en plein air monumentale, Calder les considérait comme des sculptures à part entière.

Inner Cosmos, Outer Universe
15 mars – 4 mai, 2024
Pace Gallery
Quai des Bergues, 15 -17 Genève
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Publié dans art contemporain, arts, expositions, galeries