L’Amour est-il possible dans un monde hostile ?

Scène d'Amour impossible

Comment un amour contrarié, empêché, peut-il survivre face à  un monde sans pitié qui lui est profondément hostile ? Face à  la pression sociale et aux conflits entre familles rivales, l’impossibilité d’un amour engendre une spirale passionnelle qu’explore Lorenzo Malgaguerra au Théâtre du Loup.

Entretien avec Lorenzo Malaguerra, par Bertrand Tappolet

Amour impossible

Dans sa mise en scène du drame shakespearien le plus célèbre, “Roméo et Juliette“, cette structure circulaire va permettre au drame de se nouer. Roméo d’ailleurs ressent-il un amour sincère pour Juliette ou une simple vénération pour son image, telle une nouvelle Rosaline manière d’échapper au monde réel ? Loin de verser dans l’altruisme et la reconnaissance de l’autre comme sujet désirant, cet amour-là  ne peut être que douleur parce qu’il n’a pu et su s’épanouir. La tragédie est d’avoir tourner le dos au monde plutôt que de l’investir. La parole que les amants tragiques ont désirée s’est éteinte avant que de pouvoir sculpter un monde, le mettre en scène, y résonner. Leur mort, seule, assure la théâtralisation ambigüe« de leur passion, sa puissance d’institution dans les coeurs et les esprits : « car il n’y eut jamais d’amour, plus triste ni plus beau, que celui de Juliette et de son Roméo. »

Vie et mort
Pour Capulet et Montaigu, la mort est une idée tout faite dont ils ont oublié l’horreur. Leur aveuglement est d’autant plus ironique que leur âge avancé les as porté au seuil même de la mort alors qu’ils sont les seuls à  ne pas le voir. La mort rendue invisible derrière le masque de la vendetta. « La mort fait partie intégrante de la vie dans la pièce de Shakespeare. Elle intervient souvent de manière accidentelle au fil de l’intrigue et en est d’autant plus cruelle. Si le décès des amants demeure accidentel, lorsque Roméo et Juliette se rencontrent, le seule choix possible, profond, inconscient et rationnel tout à  la fois, qu’il réalise à  l’origine afin de pérenniser cet amour est la mort. »

Ce “Roméo et Juliette” palpite sur le canevas d’une nouvelle traduction française signée Yves Sarda, traducteur et parolier de Françoise Hardy dont “Modern style“, un duo avec Alain Delon qui est une reprise d’une chanson écrite pour Jean Bart. Cette nouvelle version est voulue plus en capillarité avec notre temps, le rythme et la poésie violente d’une langue en fusion que cette version du drame amoureux s’est construite.

Bertrand Tappolet
Théâtre du Loup. Jusqu’au au 7 février 2009. Rés. : 022 301 31 00

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