Une vaste allégorie de la Suisse à la Biennale de Venise

Guerreiro do Oivino Amor, Aevuma, Le Miracle d’Helvetia, détail. Photo: © Samuele Cherubini

Le Pavillon suisse de la 60· Exposition internationale d’art – La Biennale di Venezia, mandatée par la Fondation suisse pour la culture Pro Helvetia, présente l’exposition Super Superior Civilizations de l’artiste helvético-brésilien Guerreiro do Divino Amor, curatée par Andrea Bellini.

Guerreiro do Oivino Amor, Silencia, Le Miracle d’Helvetia, détail. Photo: © Samuele Cherubini

L’exposition de Guerreiro do Oivino Amor au Pavillon suisse présente les sixième et septième chapitres de la saga monumentale « Superfictional World Atlas ». Le Miracle d’Heivetie et Roma Talismano. « Superfictional World Atlas» est un projet cartographique mondial, de nature allégorique et potentiellement infini, auquel l’artiste se consacre depuis presque deux décennies. À travers une série d’études et de recherches dans le domaine de l’architecture expérimentale, la pratique artistique de Guerreiro do Oivino Amor explore la relation entre l’espace urbain et l’imagination collective, l’architecture et l’idéologie, la propagande politique et l’identité nationale.

Au Pavillon suisse, Guerreiro do Oivino Amor vise à réaliser l’installation la plus complexe et la plus ambitieuse de toute sa carrière: une œuvre d’art totale et immersive, jonchée d’éléments architecturaux classiques – symboles posthumes d’une supposée supériorité occidentale. Colonnes, fontaines et chapiteaux, sans oublier de vastes surfaces en faux marbre, évoquent une imagerie du pouvoir et de la suprématie, tout en servant de toile de fond aux deux installations principales du Pavillon.

Guerreiro do Oivino Amor, Le Miracle d’Helvetia, détail. Photo: © Samuele Cherubini

Le Miracle d’Helvetia propose une vidéo mettant en scène une vaste allégorie de la Suisse, représentée sous forme de paradis terrestre miraculeux et « superfictif ». Nature et technologie, capitalisme et démocratie, rusticité et sophistication y trouvent un équilibre parfait et surréel. Un long couloir relie ensuite Le Miracle d’Heivetie à l’installation Roma Talismana, à la fois entité allégorique et double fantasmagorique de la civilisation romaine ainsi que symbole millénaire de sa supposée supériorité morale, politique et culturelle. L’artiste et chanteuse brésilienne Ventura Profana incarne la louve capitoline, animal symbolique et chimérique, dont le chant raconte les exploits de trois animaux allégoriques: la louve, l’agneau et l’aigle. En tant que figures mythiques de la constitution de l’identité blanche et de sa supériorité imaginée, la louve est la mère universelle du peuple supérieurs; l’aigle est le symbole de la suprématie belliciste romaine; l’agneau incarne, dans la Rome chrétienne, la quintessence de la pureté et de l’innocence.

Guerreiro do Oivino Amor, Le Miracle d’Helvetia, détail. Photo: © Samuele Cherubini

« Dans la vision de l’artiste, le Pavillon suisse joue sur la logique nationale de l’autoreprésentation glorificatrice à travers la culture, qui est à l’origine même des pavillons nationaux dans les Giardini della Biennale di Venezia voici plus d’un siècle », explique Andrea Bellini. «À la fois documentariste singulier, à l’imagination baroque et débridée, et créateur de mondes extraordinaires, Guerreiro do Divino Amor nous invite à rire avec bienveillance de notre chauvinisme et de ces clichés à l’aide desquels nous représentons le monde et nous-mêmes. À nos veux, cette attitude revêt une importance fondamentale dans une période de polarisation croissante de la politique et d’oppositions radicales semblable à celle que nous traversons actuellement. »

Super Superior Civilizations
Exposition: 20 avril au 24 novembre 2024
Pavillon suisse de la 60e Exposition internationale d’art – La Biennale di Venezia

 

Guerreiro do Divino Amor et Andrea Bellini. Photo: © Samuele Cherubini

Né en 1983 à Genève, l’artiste helvético-brésilien Guerreiro do Divino Amor vit et travaille à Rio de Janeiro. Il a obtenu un master en architecture de l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble et La Cambre (Bruxelles). Ses recherches sont consacrées aux Superfictions, à savoir les récits historiques, politiques, religieux et médiatiques qui infiltrent la construction du territoire et de l’imaginaire collectif. À partir de fragments de réalité, il créé un univers de fantaisie et de science-fiction sous forme de films, de publications et d’installations à grande échelle.

Le curateur Andrea Bellini est le directeur du Centre d’Art Contemporain Genève ainsi que le directeur artistique de la Biennale de l’Image en Mouvement à Genève. Auparavant, il a notamment assuré les fonctions de co-directeur du musée Castello di Rivoli, directeur de la foire d’art contemporain Artissima, curateur du MoMA PSl ainsi que rédacteur en chef de Flash Art International.
Andrea Bellini a transformé la Biennale de l’Image en Mouvement en plateforme de production qui, depuis 2014, a permis de commissionner des œuvres inédites d’artistes tels que Sophia AI-Maria, Korakrit Arunanondchai, Ed Atkins, Alexandra Bachzetsis, Will Benedict, et de nombreux autres.

 

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