Revenge culture, le public revient dans les musées genevois

Chrysalide, visite guidée par Andea Bellini au Centre d’art contemporain, 24 janvier 2023, photo Jacques Magnol.

Après trois ans d’un climat anxiogène entretenu par les développements de la pandémie qui venaient à intervalles réguliers renforcer ou diminuer les appréhensions, le désir de culture, de voyages, de vie sociale est confirmé par les résultats des industries du luxe, du tourisme et des loisirs. C’est le moment de la revanche qui a déjà trouvé ses slogans pour justifier une boulimie de consommation : revenge happiness, revenge culture, revenge economy, etc.

Les chiffres communiqués par le département de la culture et de la transition numérique de la ville de Genève montrent que le public retrouve le chemin des musées genevois retrouvent leur public, sans pour autant encore enregistrer la fréquentation « d’avant ».
En 2022, les 14 institutions publiques et privées rassemblées au sein des Musées de Genève ont enregistré 1’630’429 visites. C’est moins qu’en 2019, année record avec ses 1’754’136 visites, mais bien plus qu’en 2020 et 2021, années marquées par la pandémie de COVID-19. “Baromètre de l’attractivité des musées genevois, le nombre de visites enregistrées chaque année dans les différentes institutions reflète la curiosité et la réceptivité des visiteurs et visiteuses. Genève peut se féliciter d’abriter des institutions culturelles et scientifiques dynamiques, ancrées dans leur époque et ses enjeux, et d’accueillir des citoyen-ne-s ainsi que des voyageurs et voyageuses de passage qui répondent favorablement à leurs invitations.  « Avec 1.63 million de visiteurs et visiteuses accueilli-e-s, 2022 marque le retour incontesté du public dans les musées », se réjouit également Sami Kanaan, le conseiller administratif chargé du département. « C’est un encouragement pour les institutions qui ont dû traverser une période chahutée. »

Plusieurs expositions d’envergure, et notamment Rondinone au MAH, Chrysalide au Centre d’art contemporain, Tout contre la terre au Muséum d’histoire naturelle, La Montagne, laboratoire des savants au Musée d’histoire des sciences, consolident déjà le mouvement. Ce  dans les institutions est particulièrement manifeste aux Conservatoire et Jardin botaniques de Genève (CJBG) qui invitent à découvrir les beautés de la nature, le nombre des visites a augmenté de 24,6%. Les chiffres communiqués sont cependant trop bruts pour permettre d’évaluer la situation, tant les niveaux de fréquentation et l’origine des publics varient selon les institutions. Par exemple, le public local représente 80% des visites au Musée d’ethnographie (chiffres cités par le département en 2021), contre 30% au Musée d’art et d’histoire. Le Muséum d’histoire naturel reste le musée préféré des Genevois-e-s.

Le retour du public dans les musées genevois suit la tendance signalée par l’Office de la statistique : ” Les musées suisses ont redémarré en 2021 après les grandes vagues de Covid-19, comptant plus de 10 millions d’entrées en 2021, sans atteindre le niveau d’avant-pandémie. Presque tous les indicateurs de l’activité muséale en Suisse ont augmenté par rapport à l’année précédente: accroissement de 77% du nombre total d’événements, de 44% du nombre de visites guidées, et de 26% du nombre d’entrées. Relevés pour la première fois, les chiffres sur le personnel des musées révèlent l’importance du bénévolat: près des deux tiers des musées y ont recours.

L’enquête réalisée entre septembre et octobre 2022, sur mandat de l’Office fédéral de la culture (OFC), révèle également que les rencontres et les échanges sont ce qui a le plus manqué à la population pendant la suspension des activités culturelles en raison de la crise du coronavirus. Désormais, les deux tiers de la population suisse se disent prêts à reprendre sans réserve les sorties culturelles. Toutefois, près de la moitié des personnes interrogées affirment avoir pris l’habitude de rester à la maison et fréquenter aujourd’hui moins souvent les établissements culturels qu’avant la crise du Covid. Elles estiment en outre que cette dernière n’est pas encore terminée.

La culture amateur reste elle aussi affectée par les incertitudes liées à la pandémie. Ainsi, 18 % des personnes interrogées qui pratiquaient une activité culturelle en amateur indiquent l’avoir abandonnée depuis la crise. Ce chiffre est préoccupant, car la culture amateur contribue de manière non négligeable à la cohésion sociale. De plus, elle constitue une base importante pour la pratique professionnelle.

Les offres culturelles numériques occupent une place toujours plus importante. Elles ne peuvent toutefois que compléter les activités culturelles analogiques, et non les remplacer, comme le confirme l’enquête: 69 % des personnes interrogées considèrent toujours que les manifestations culturelles en présence du public sont indispensables. Pour une grande partie de la population, les activités culturelles sont une composante importante de la vie en société.

Plus d’informations : Les sorties culturelles en temp-s de COVID-19 », 4e édition, novembre 2022.

 

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