Un ouragan de liberté au bord de l’Arve

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“Viento Mucho Viento”, Valeria Alonso. © Sanja Latinovic

La dernière création de la compagnie La Cabra, dirigée par l’hispano-argentine Valeria Alonso, sera présentée les 15 et 16 mars au Théâtre du Galpon dans le contexte des Carrefours Transalpins. Avec Viento Mucho Viento, Valeria Alonso explore les élans fous et incontrôlables du vent, tout en les juxtaposant aux actions humaines qui menacent la santé de notre planète. Le vent qui libère, le vent qui porte, le vent qui emporte, le vent qui creuse, le vent qui arrache, le vent qui détruit.

 

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“Viento Mucho Viento”, Valeria Alonso. © Sanja Latinovic

« Lors de mon dernier voyage, jʼai connu un arbre de 2600 ans. Je me suis dit que je devrais déchiffrer son enseignement quelque part. “Le maître de la patience”, ai-je pensé. Puis je suis restée là, calme, à lʼépier un bon moment. Il faisait 54 mètres de haut et 2 mètres de diamètre. Il ne mʼa rien dit. Il était là, tranquille, peut-être pour me laisser trouver une réponse. Puis jʼai pensé quʼil y a des vents qui font tordre les arbres, jʼai pensé que le vent est plus fort que les arbres, jʼai pensé quʼil est tellement fort quʼun jour il risque de faire voler la terre. Jʼai compris que nous sommes comme le vent. Que lʼêtre humain est plus fort quʼun ouragan. »

Ces réflexions sont lancées par la chorégraphe, debout, face à un ventilateur. Elles ouvrent la voie à des images poétiques, ironiques, absurdes, parfois violentes et souvent pleines d’humour; à des épisodes chorégraphiques qui se nourrissent de la rage de vivre, de l’allégresse de se rouler dans la paille des granges, des ambitions et des frustrations de l’être humain qui se débat tant bien que mal contre son sentiment d’impuissance.

Engueulades avec Dieu, tentatives maladroites de clonage, recherches d’argent, mise au monde de poussins, diversité des langues, confrontation d’une variété de langages et d’esthétiques, aucune impulsion n’est retenue dans Viento Mucho Viento.

J’ai connu Valeria Alonso au cours d’une audition qu’elle a organisée à Madrid en 2006 pour son projet Solo para Noël. Je me suis immédiatement sentie attirée par sa créativité débordante et son habileté à transmettre un univers personnel et riche en images poétiques, qui se nourrit des arts de la scène avec autant de facilité que de l’audiovisuel, de la musique et de la performance. Le langage explosif, sauvage et plein d’humour de Valeria Alonso apportera sans doute un vent nouveau à la scène culturelle genevoise.

Simona Ferrar

 

“Viento Mucho Viento”, Valeria Alonso.

« Comment puis-je vous convaincre de venir voir cette pièce? Devrais-je être une auteure respectable, sérieuse? Avoir l’air intelligent, intellectuel, chic? Être tendance? Créer un langage original pour parler d’un contenu inhabituel et porter une réflexion sur une question fondamentale de l’actualité? Dans le fond, j’ai surtout l’impression d’être une petite fille qui joue … Est-ce mal? Pourquoi parler d’écologie? Ou suis-je plutôt en train de parler du pouvoir? De l’abus de pouvoir? Ce travail est-il un produit? Suis-je la créatrice d’un produit à vendre? Est-ce cela que les humains font pour survivre? Des produits à vendre? » Valeria Alonso.

Viento Mucho Viento

Théâtre du Galpon, Genève. 15 et 16 mars.
Dans le contexte des Carrefours Transalpins, sa : 20h, di : 18h. Réservations: +41 22 321 21 76

Valeria Alonso et Marianna Miozzo (interprète de la compagnie), donneront par la suite un atelier de création du 17 au 21 mars: http://www.galpon.ch/Atelier-vers-la-creation.

Simona Ferrar et Valeria Alonso ont créé, il y a une année à Genève, l’Association MAD dans le but de continuer à stimuler des échanges autour de leurs collaborations et expériences à l’étranger.

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