Le Goût du Voisin

Brocolis

Pâtes aux broccolis et spiruline

Les 85 explorations culinaires qu’Andréa Muller, Florence Vuilleumier et Dorothea Fischer ont réunies dans un livre sont autant de témoignages sur les manières de vivre ensemble. C’est souvent dans la cuisine que la convivialité se crée autour des plats en préparation et le projet du Goût du Voisin est né du constat que le gâteau est toujours meilleur chez le voisin !

Pour Stefan Kristensen qui dépose un trait de philosophie en guise d’introduction “on peut comprendre ce livre comme l’essai de circonscrire un lieu où le repas est un prétexte à  la rencontre bien davantage qu’une réalité culinaire. En faisant les recettes des uns et des autres, on entremêle son propre désir celui du voisin, et cette présence de l’autre dans mon intimité est une expérience de la socialité par excellence”.

Entretien Avec Andréa Muller, Florence Vuilleumier, Dorothea Fischer et Stefan Kristansen :

Pâtes aux broccolis et spiruline
Sylvain Fournier
Cuire à  l’eau des brocolis et les couper en morceaux
d’environ 2,5 cm.
Cuire des pâtes ou tagliatelles (dans de l’eau glacée avec du sucre bien entendu).
Faire revenir 1 gros oignon finement haché avec 1 gousse d’ail (ou de l’ail d’ours, suivant la saison).
Mélanger tout.
Saupoudrer à  volonté (disons 1 bonne cs par portion) de granules de spiruline.
Huiler à  l’huile.
Saler au tamari ou sauce soja.
Poivrer au poivre.
Servir chaud.
Dire miam, miam c’est bon.
Les proportions sont laissées au bon sens et au goût du réalisateur ou de la réalisatrice.

Pommes de terre au four à la Henry
Morten Gisselbaek
Patates

Tu savais bien que le hasard n’existait pas.

Il ne reste plus que des patates dans le garde-manger, les enfants braillent et dehors, dans la nuit qui s’installe, la pluie tombe averse. Le supermarché t’attend, inexorable, de l’autre côté de la gare.
Un frisson te parcoure la colonne. De haut en bas d’abord, puis retour. Tu sens que tu vas craquer. C’est trop.

Alors tu t’approches du four, tu l’allumes. A donf, 250°, pourquoi se gêner dehors il caille. Tu saisis ton plat à  gratin et tu l’huiles un coup, légèrement, à  l’olive bien sûr -la cheap, celle qui supporte les températures élevées- puis tu l’enfournes. Sûr qu’il va préchauffer comme ça.

Tu ouvres le tiroir de gauche, empoignes un couteau, admires la facture de la lame et sors le kilo de pommes de terre. T’hésites. Pas longtemps. Tu reposes le couteau et laves les tubercules. Tu les sèches et reprends le couteau. Tu les coupes en deux, puis en quatre. Elles mouftent pas. Alors pour les féliciter tu les enduits d’huile. D’olives, bien sûr. Et tu les étales dans le plat à  gratin bien chaud, en une couche.

Ouais, tu te dis, mais ça fait pas un repas tout ça…
Alors t’améliores.
Tu les saupoudres d’herbes. De Provence, ou d’ailleurs,
C’est selon.

Tu laisses ensuite le tout au four 1/4 d’heure. Tu brasses les patates un coup, puis tu les laisses encore 1/4 d’heure, ça dépend de la taille et de la fraîcheur. Mais quand tu les trouves jolies, dorées et appétissantes, quand l’odeur monte dans l’appartement et fait briller les yeux des enfants, tu sors le tout et tu sers.

Avec un bout de fromage ou une salade, si tes voisins t’ont dépanné.
Le sel est sur la table et les enfants accourent.

Un bruit de porte. Ta compagne rentre du boulot, pile-poil.
– Salut! ça sent bon, qu’est-ce qu’on mange?
– Les pommes de terre à  la Henry, tu réponds.
– Ah qu’elle fait.
Dehors il fait nuit noire. Le reflet des lampadaires illumine les flaques. Le supermarché a fermé et tu penses que Noël approche…

Le Goût du Voisin. 85 Explorations. Andréa Muller, Florence Vuilleumier, Dorothea Fischer. Métispresses. 2007.
Dans les librairies. Photos : Métispresses.

Publié dans gastronomie, société