Sami Kanaan confirme le maintien du Commun dans le Bâtiment d’art contemporain

Bâtiment d’art contemporain. Genève. Entrée du Commun par la rue des Bains.

Le déménagement du Fonds d’art contemporain de la Ville de Genève entraînera une redistribution de certains espaces du Bâtiment d’art contemporain. Les artistes indépendants s’inquiètent de l’avenir du Commun.
Le point avec le Conseiller administratif en charge du Département de la culture et du sport, Sami Kanaan.

Avec son bâtiment d’art contemporain (BAC), situé entre la rue des Vieux-Grenadiers et la rue Gourgas, Genève s’enorgueillit de posséder et d’entretenir « un des plus grands espaces au monde dédié à l’art contemporain *». Aujourd’hui, le bâtiment phare du quartier des Bains abrite le Mamco « plus grand musée suisse pour l’art contemporain** », ainsi que le Centre d’art contemporain (CAC), le Centre de la photographie (CPG) et le Fonds d’art contemporain de la Ville de Genève (FMAC).
Depuis sa création en 1991, le bâtiment a perdu des billes avec les départs du Centre d’édition contemporaine, puis du Musée Jean Tua, et la fin d’un partenariat avec le Centre pour l’image contemporaine (sabordé en 2007), tandis qu’il en a gagnée une avec le FMAC.

Bientôt, le déménagement du FMAC à Carré Vert entraînera la libération de ses locaux, ce qui alimente déjà rêves et projets, tous attendus depuis l’ouverture du Mamco en 1994. Les principaux aménagements espérés sont liés à une révision de la distribution des espaces entre les institutions afin de doter le BAC des services indispensables : entrée et billetterie communes, cafétéria, salle de conférences et autres services communs tant au public qu’aux institutions. La décontamination et la mise aux normes de conservation et de sécurité représentent un autre volet des travaux attendus.

Les directeurs du Mamco et du CAC, Lionel Bovier et Andrea Bellini, ont élaboré et présenté leur propre projet de réaménagement au magistrat en charge du Département de la culture et du sport Sami Kanaan. Les visions respectives semblent quelque peu différentes, notamment à propos du maintien du Commun (l’espace affecté aux expositions des artistes indépendants). Le magistrat décidera de la configuration finale. Mille bruits courent pendant que le milieu artistique s’inquiète de l’avenir du Commun.

Sami Kanaan présente l’ouvrage recensant les acquisitions et actions du Fonds d’art contemporain de la Ville de Genève de 2004 à 2016, lors du salon artgenève le 1er février 2018. Photo Jacques Magnol.

Sami Kanaan fait le point. Interview :

GenèveActive : Le projet en cours pour le BAC concerne-t-il de menus aménagements pratiques ou est-il d’une plus grande ampleur pour faire aboutir des projets souhaités depuis longtemps (amélioration des conditions d’accueil, billetterie unique, vraie cafétéria, etc.) ? 

Sami Kanaan : Les conditions permettant de relancer le projet de rénover et réhabiliter le Bâtiment d’art contemporain (BAC) me paraissent réunies grâce à la nouvelle dynamique assurée par les présidents et les directions des deux institutions principales qui s’y trouvent, à savoir le Mamco et le Centre d’art contemporain. Il va s’agir d’une part, de dépolluer le site (anciennes activités industrielles), de rénover l’enveloppe et les installations techniques et de sécurité du bâtiment, et d’autre part, de réhabiliter les espaces situés dans les niveaux inférieurs afin de doter le bâtiment d’une véritable entrée et d’espaces d’accueil des publics (billetterie unique, salle pour la médiation, librairie, cafétéria) tout comme d’un espace d’exposition dédié aux grands formats.
Ce projet implique la reprise du crédit d’étude voté en 2011 par le Conseil municipal afin qu’une procédure adéquate permette de désigner des mandataires en charge d’élaborer un projet de construction qui devra être soumis au Conseil municipal.
C’est un processus qui va se dérouler sur plusieurs années et qu’il s’agit de relancer cette année.

Le déménagement du FMAC à Carré Vert prévu en 2018, semble-t-il repoussé à 2019, dépend-il désormais du seul vote par le CM du budget nécessaire ?

Sami Kanaan : Le déménagement des locaux administratifs et de la médiathèque du Fmac dans le nouvel Ecoquartier à la Jonction est une condition préalable pour que ce projet puisse se réaliser dans la mesure où des espaces doivent être libérés pour mettre en place le programme précité, le BAC n’étant pas extensible. La proposition de crédit y relative vient d’être déposée auprès du Conseil municipal (PR-1280) qui doit l’examiner et se prononcer dans le courant de cette année. Si le crédit est voté, les travaux d’aménagements de ces locaux pourront être menés et nécessiteront plusieurs mois. Dès lors, l’emménagement du Fmac pourrait donc avoir lieu dans le courant de l’année 2019.

Est-il exact que la redistribution des espaces libérés s’accompagnera d’une réaffectation de ceux dévolus au Commun et à l’auditorium, et dans quel objectif ?

Sami Kanaan : Le Commun dédié aux curateurs-trices indépendants-tes sera maintenu dans le BAC avec un espace affecté distinct du reste du BAC et un accès indépendant.

Le projet en cours prévoit-il de repenser l’espace particulièrement exigu du Centre de la photographie. La dimension actuelle du CPG reflète mal le grand intérêt que vous manifestez envers cette discipline artistique. Dans un cadre plus général, comment recevez-vous une opinion selon laquelle l’art contemporain serait le parent pauvre de la politique culturelle ? 

Sami Kanaan : Ce projet doit principalement permettre aux institutions du BAC d’accroître leurs publics et de faire rayonner Genève hors de ses frontières. En effet, les synergies particulières qui existent entre un centre d’art, qui examine l’actualité des scènes artistiques internationales, et un musée qui en enregistre les traits les plus saillants au sein d’une organisation historique, entre un lieu de production et un musée dotée d’une collection publique, peuvent être développées dans l’optique de faire du BAC un pôle d’attraction pour la scène artistique suisse.
Vous comprendrez donc que je réfute le fait que l’art contemporain serait le « parent pauvre » de la politique culturelle genevoise, d’importants moyens y étant dévolus et les projets pour relancer l’évolution nécessaire des espaces en cours. Ces dernières années, plusieurs événement importants ont également pu être mis en place avec les musées genevois (« False Friends » au MAH, « M-Selection » au Rath, Fang Lijun à l’Ariana, le développement d’Artgenève, en plus de l’activité du Mamco et du CAC) et le développement de l’activité « FMAC mobile » du Fond municipal d’art contemporain, en plus de ses missions traditionnelles.

Les dessins de « M. Chat » actuellement sur la façade du BAC y sont-ils pour une durée déterminée, et l’initiative sera-t-elle renouvelée régulièrement avec d’autres artistes, voire être élargie à d’autres bâtiments comme c’est le cas dans d’autres villes qui font du street art un élément d’appel touristique ?

Sami Kanaan : C’est d’ailleurs dans le prolongement de cette politique du FMAC à la rencontre des publics, que l’opportunité de M. Chat s’est présentée. J’espère que nous pourrons en saisir de nouvelles à l’avenir.

Interview réalisée par mail le 9 mars 2018.

Notes :
*« Un des plus grands espaces au monde dédié à l’art contemporain » : titre du quotidien Le Courrier, 9 juin 2006.
**
« Le plus grand musée suisse pour l’art contemporain », selon la documentation du Mamco.

 

Bientôt une billetterie commune après l’entrée commune ? Photo Jacques Magnol.

 

Soirée de vernissage dans le Bâtiment d’art contemporain. Photo Jacques Magnol.

 

L’actuelle cafétéria du BAC.

Le Commun

Dans le cadre du soutien à la création, avec le Commun, la Ville de Genève met à disposition deux espaces d’exposition, au rez-de-chaussée et au premier étage du 28 rue des Bains, pour des projets dans les domaines de l’art contemporain, des arts pluridisciplinaires, performatifs et numériques tels :

EXPLOSION OF MEMORIES, mise en scène Maya Boesh, BAC, Genève, novembre 2017. Photo Christian Lutz.

 

Exposition des lauréat-e-s 2016 du prestigieux Prix Kiefer Hablitzel Au premier plan: Brigham Baker, « After Construction (Nipomo Dunes, California) » Plastering tools, found sand, wind tunnel. Curateur Noah Stolz.

 

Quelques épisodes qui ont marqué la vie du BAC :
Historique du BAC par Caroline Courtiau, historienne de l’art, document des Journées du patrimoine de septembre 2000.
– Le lancement du projet BAC + 3 en 2006 afin de constituer un pôle fort de l’art contemporain à Genève.
– L’engagement timide du Conseil administratif qui proposait, en 2006, d' »assumer les quelques investissements, qui devront demeurer modestes, nécessaires à l’aménagement du BAC. »

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