Dix grandes villes de Suisse s’associent pour explorer un nouveau projet d’exposition nationale qui pourrait avoir lieu dans dix à quinze ans. Consacré au thème de la mutation des valeurs, le projet dénommé NEXPO a pour objectif principal d’initier une dynamique de renforcement de l’identité nationale et de la cohabitation propre à la Suisse.
Le 8 mai 2017, les villes de Zurich, Bâle, Berne, Bienne, Genève, Lausanne, Lugano, Lucerne, Saint-Gall et Winterthour ont annoncé leur volonté d’approfondir l’idée d’une exposition nationale conjointe. Elles ont commandé à l’agence de conseil et de médiation de l’artiste Juri Steiner & Partner, à Lausanne, l’élaboration d’une esquisse de projet pour une expo dont l’idée directrice est la question de la cohabitation en Suisse au XXIe siècle. La participation genevoise est menée par le Conseiller administratif en charge de la culture et du sport, Sami Kanaan, mais portée par le Conseil administratif.
Le projet engagé en 2017 se développera en trois étapes successives : « Durant le lancement prévu en 2018 et 2019, il s’agira de poser les bases du projet et de concrétiser les idées et les premiers projets. Dans ce contexte, il s’agira d’associer les cantons des sites concernés et la Confédération en tant que partenaires de Nexpo, ainsi que d’autres villes et des partenaires supplémentaires. La phase de fondation de 2020 à 2022 déterminera si ce projet deviendra la nouvelle exposition nationale. La mise en œuvre et la préparation suivront à partir de 2023 avec la concrétisation du projet comme point culminant à l’échéance de dix à quinze ans. Quatre phases sont au programme : l’esquisse (2017), le lancement (2018/2019), la fondation (2020 – 2022) et la mise en œuvre (dès 2023).»
Une expo pour interroger notre système de valeurs
Une exposition nationale vise à donner du sens. Elle questionne l’identité, l’identification à des valeurs sociales qui à la fois relient entre eux et parfois différencient les habitants de la Suisse. Mais ces valeurs varient selon les époques. Pour définir celles actuelles, NEXPO a organisé, en juin 2017, de micro-ateliers dans chacune des dix villes avec des « leaders d’opinion ». Le module genevois a consisté, me précise le conseiller du magistrat, Félicien Mazzola, en un “remue-méninges” ouvert avec des participants de l’UNIGE, la HEAD, le Canton, AGIR, de milieux économiques, culturels (ADC, FIFDH), etc.
Ces voix ont ensuite été intégrées à l’idée directrice. Puis, lors d’un macro-atelier avec les représentantes et représentants des dix villes, en juillet 2017, les thèses et idées directrices ont été débattues, comparées aux résultats des micro-ateliers et validées pour la suite du travail.
La récurrence de certaines réponses a permis de regrouper les valeurs citées en différents registres qui interagissent entre eux:
- Bien-être: richesse / confort / sécurité / stabilité / bon sens / fiabilité.
- Démocratie: expression d’opinion / res pub/ica / nation issue d’une volonté politique commune (« Wi//ensnation ») / fédéralisme.
- Diversité: pluralité / différences vécues / sens de la communauté / solidarité / importance des minorités / tolérance / capacité d’intégration / soutien social / paysage culturel et scènes culturelles.
- Liberté: chances / marges de manœuvre / autonomie / liberté de se mouvoir.
- Qualité de vie: petits espaces segmentés / Alpes & lacs / proximité de la nature / nature intacte / sentiment d’appartenance (<< Heimat »).
En interrogeant l’avenir, NEXPO s’intéresse tout particulièrement au changement de prise conscience, de mobilisation et d’acceptation de ces valeurs. C’est pour souligner cet intérêt fondamental que NEXPO se donne une orientation thématique générique qui est aussi une revendication, «Valeurs & mutations».
Où et quand la nouvelle Expo aura-t-elle lieu?
Les projets sont envisageables dans les formats et dimensions les plus variés : des petites initiatives locales aux grands projets-phares. A ce stade, aucun déploiement concret n’est détaillé, le projet prévoit de « construire progressivement une nouvelle carte de la Suisse: une cartographie des potentiels et des espaces de liberté, un territoire imaginaire. Les frontières du réel et du virtuel s’estompent, le projet permet aux deux sphères de se rapprocher jusqu’à s’enchevêtrer réciproquement. Les participants font partie d’un réseau, leurs activités s’inscrivent dans une dramaturgie globale.» !!
Quel est le coût de l’opération ?
« Dans un premier temps, le plafond des dépenses pour la phase de lancement est fixé à 500’000 francs par année pour 2018 et 2019. Le budget est réuni par les villes initiatrices et réparti entre elles de façon proportionnelle. Les besoins financiers sont estimés à 1,5 million de francs par année pour la phase de fondation qui s’étend sur trois ans. Ils sont estimés à 12 millions de francs par année durant les premières années de la mise en œuvre dès 2023. Pour ce faire, un budget annuel de 500 000 francs alimenté par les dix villes en tant qu’initiatrices du processus, en proportion de leur population, a été établi. »
L’esquisse de ce projet flou et coûteux est consultable sur le site de la ville de Zurich.
D’autres projets sont également en cours de développement, dont X27 et Svizra27.