Deux oeuvres explorent les limites du temps au MAH

“Time moves in one direction, memory in another”. Installation de Pablo Dàvila au MAH. © MAH Genève

L’installation de l’artiste mexicain Pablo Dàvila exposée dans la salle des paysages à l’étage Beaux-arts interroge la nature du temps. Time moves in one direction, Memory in another est composée des deux œuvres Senza Replica (2*88) -1 et Transference Harmonies (4 /\ 1, 146, 880). elle , dans le prolongement de l’installation de Big Crunch Clock de Gianni Motti sur la façade du musée (récemment acquise par le MAH) et de l’exposition passée Dix milliards d’années.

Pablo Dàvila, Senza Replica (2*88) -1. Musée d’art et d’histoire. Photo Jacques Magnol.

“Senza Replica, indique l’institution, est une composition pour piano qui explore la nature vertigineuse du temps. Elle active une horloge musicale grâce à un système électronique. Celui-ci met en mouvement les 88 touches d’un piano à l’infini, à travers une séquence qui développe tous les accords possibles au rythme d’un accord par seconde. Cette performance joue avec les possibilités quasi illimitées enfermées dans un objet, avec la nature changeante et les limites du temps ainsi qu’avec l’unicité de l’instant. En écoutant chaque accord et en l’absence de répétition, l’immensité du temps apparaît, alors que simultanément la perte irrémédiable du moment présent devient une réalité. Regarder le piano en mouvement sans assistance humaine fait naître le sentiment d’absence et nous interroge sur les notions d’harmonie, de sens et d’émotions.

Visitant également la notion du temps, Transference Harmonies (4″ 1,146,880) est un univers né de fluctuations aléatoires et composé d’un écran qui interprète une quantité astronomique de données numériques à travers le blanc, le noir et deux nuances de gris. Ces données sont traitées informatiquement avec un système de calcul qui crée un film pouvant durer des milliards de milliards d’années. Le nombre de combinaisons possibles contient plus de 700’000 chiffres. L’image résultant de ce processus complexe semble à première vue être du bruit visuel. Toutefois, en regardant attentivement l’écran, une série de modèles émerge et des images reconnaissables peuvent apparaître. Pour Pablo Dàvila, «l’univers est asymétrique dans le temps. L’avenir est ouvert et reste à faire. Nous pouvons choisir de l’influencer. L’imagination est essentielle.» Cette pièce explore une voie différente de celle dont nous comprenons la vie, avec un film qui saute dans le temps tous les dixièmes de seconde.

Le travail de Pablo Dàvila (né en 1983, Mexico) s’inspire de la science, de la musique, de la poésie, des sciences cognitives et des phénomènes physiques, afin d’explorer les notions de perception, la nature fugace du temps et les interprétations historiques. Sa pratique explore la sensibilité et la subjectivité à travers des recherches sur la perception, la conscience de l’espace et du temps. Sa pratique prend de nombreuses formes – incluant la vidéo, l’électronique, l’installation lumineuse, la photographie, la peinture conceptuelle et les interventions in situ. Son travail traverse l’espace entre la perception sensorielle et la compréhension cognitive. Ses gestes poétiques déclenchent une remise en question de nos attentes face au temps qui passe, et de la lentille psychologique avec laquelle nous traitons les événements dans notre mémoire.”

Les œuvres de Pablo Dàvila ont été exposées à la Triennale d’Aichi, Nagoya (Japon), au Museo Tamayo, Mexico, à LAGOjALGO, Mexico, au Musée d’art contemporain Monterrey MARCO, Monterrey, à José Garcia, Mexico et Mérida, à Paul Kasmin, New York, à The Pill, Istanbul (Turquie) et à Travesfa Cuatro, Guadalajara.

 

*Gianni Motti, Big Crunch Clock, 1999/5’000’000’000.

Horloge digitale, compte à rebours des 5 milliards d’années avant l’explosion du soleil. 50 x 500 x 6 cm.

Gianni Motti, “Big Crunch Clock, 1999/5’000’000’000.” Photo Jacques Magnol.

Big Crunch Clock (1999) est une horloge digitale comportant vingt chiffres rouges décomptant les années qui nous séparent de l’explosion du soleil — des milliards d’années aux dixièmes de secondes, « Un cadeau empoisonné pour les générations à venir », qui deviennent les dépositaires, les observateurs (ou les responsables) de la mise à mort de l’humanité, du système solaire. Responsable, puisque en possession un tel détonateur, on peut s’imaginer le monde comme un objet allant s’autodétruire : Attention ! Le monde va se déconnecter dans…

 

Time moves in one direction, memory in another
Installation de l’artiste mexicain Pablo Dàvila
Du 23 février au 23 mars 2023

Musée d’art et d’histoire
2, rue Charles-Galland.
Genève

Tagués avec : , , ,
Publié dans art contemporain, arts, expositions, installation, musées-centres