Les quatre bourses BLCG 2024 dans le domaine des arts visuels seront attribuées ce 13 octobre

Vernissage au Centre d’art contemporain, les visiteurs captivés par la vidéo de Lou Cohen. Photo J. Magnol.

Les Bourses Berthoud, Lissignol-Chevalier et Galland (BLCG), décernées chaque automne par la Ville de Genève, visent à soutenir les jeunes artistes en ême temps que l’exposition des travaux des nominés marque la rentrée d’automne tant pour les galeries que pour les institutions.

À cette occasion, deux lauréats reçoivent chacun une bourse de 10 000 CHF pour poursuivre leurs recherches ou études. Voir la listes des lauréat-e-s

L’exposition des 12 nominés, qui présente des œuvres variées allant des installations aux sculptures, en passant par la photographie et le design, est ouverte du 4 octobre au 3 novembre 2024, et permet aux artistes d’établir une première collaboration institutionnelle.

  • Maëva Weissen, plusieurs oeuvres, vidéo, publication, oeuvre sonore, 2023 et 2024.

La politique extrêmement généreuse menée par le département de Sami Kanaan, en faveur des auteurs et de la création contemporaine dans toute sa diversité, rejoint celle préconisée par l’UNESCO qui, dans sa « Recommandation relative à la condition de l’artiste » souligne « la nécessité de renforcer le prestige social des artistes en leur accordant sur le plan moral et matériel le soutien convenable en vue de remédier à leurs difficultés. Un soutien qui passe par des mesures pour soutenir les artistes au début de leur carrière, notamment dans la période initiale où ils tentent de se consacrer totalement à leur art. »

Dans un contexte où la création artistique se diversifie et se renouvelle constamment, les distinctions entre arts plastiques et arts appliqués s’estompent, révélant des préoccupations communes. La recherche de nouvelles formes d’expression, le besoin d’ancrer l’art dans des pratiques contemporaines et la volonté de répondre à des enjeux sociétaux marquent ces disciplines. Qu’il s’agisse de soutenir de jeunes talents ou de reconnaître des démarches innovantes, les initiatives comme les Bourses BLCG à Genève reflètent cette tendance à valoriser la transversalité, l’expérimentation et l’engagement artistique dans un monde en mutation.

Vues de l’exposition Bourses de la Ville de Genève 2024 au Centre d’Art Contemporain. © Centre d’Art Contemporain Genève. Photos : Julien Girard.

Maëva Weissen, plusieurs oeuvres, vidéo, publication, oeuvre sonore, 2023 et 2024.

Cette exposition collective réunit au Centre d’Art Contemporain Genève des artistes contemporains aux pratiques diverses, mais tous animés par des préoccupations communes : une réflexion sur la société, les dynamiques de pouvoir, et l’aliénation à travers la matérialité et la narration.

Lou Cohen, (*1995, Paris), avec ses récits fragmentés, illustre la précarité des rapports humains dans le monde du travail. Ses vidéos quasi absurdes et ses dessins disséminés créent une tension où le langage devient l’outil d’une critique grinçante des hiérarchies sociales. À sa manière, Sophie Conus, (*1997, Lausanne), exploite la matérialité dans une dimension sensorielle exacerbée, jouant sur l’ambiguïté des objets qui, selon le regard, protègent ou repoussent. Son approche, centrée sur l’artisanat, renforce l’intimité et la complexité de ses œuvres.

Marc Eicher, (*1990, Genève) , (*1990, Genève), quant à lui, creuse les légendes et récits suisses pour toucher à l’universel : la quête du magique et de l’imperceptible. Il se distingue par la rigueur de son approche historique alliée à une sensibilité presque mystique. Giulia Essyad, (*1992, Genève), elle, aborde l’altérité et l’aliénation corporelle avec humour et subversion. Ses travaux explorent la représentation des corps dans l’espace public et en ligne, un thème qui résonne fortement dans notre ère numérique.

Dans un registre plus technoscientifique, Elisa Gleize, (*1995, Genève), examine les rapports inter-espèces avec une inventivité narrative remarquable. Ses œuvres, à la frontière du réel et du fictif, interrogent la résistance des organismes à la domination humaine. Enfin, Nessim Kaufmann, (*1993, Genève) et Rémy Ugarte Vallejos, (*1993, Fribourg), jouent sur la fiction, la contrainte, et l’ironie pour questionner les dérives technologiques et sociales, tandis que Maëva Weissen, (*1994, Genève), lauréate, sublime des matériaux issus des quartiers populaires, rendant visible une culture souvent marginalisée.

Ces artistes partagent une réflexion critique sur le monde contemporain, chacun déployant un langage artistique singulier pour en révéler les complexités et contradictions.

 

Thomas Clément

Les œuvres présentées par ces artistes des arts appliqués se rejoignent dans une exploration de l’intime, du geste, et des objets du quotidien, tout en se distinguant par des approches et des préoccupations singulières.

Lucas Brunner, (*1999, Genève), avec The Rain Lasted Forever, utilise le parapluie, un objet banal et interchangeable, pour explorer des concepts profonds comme la vulnérabilité et la protection. Ses pièces sculpturales transcendent la mode pour devenir des installations à part entière, questionnant notre relation au corps et à l’environnement. La transformation de l’accessoire en vêtement modulaire révèle l’originalité de Brunner dans son approche de l’objet comme vecteur de symboles multiples.

Thomas Clément, (*1992, Genève), lauréat, quant à lui, aborde la création avec un abandon poétique. Inspiré par le hasard et les rencontres fortuites, sa collection Before Sunrise est une ode à l’amitié et aux souvenirs. Clément se distingue par une approche intuitive qui allie un travail technique minutieux à une spontanéité touchante. Ses pièces capturent des instants volés, apportant une profondeur émotionnelle qui se démarque dans l’univers souvent rigide de la mode.

Tara Ulmann, (*1996, Genève), adopte une posture résolument politique en abordant des questions de représentation sous un angle queer et décolonial. Ses photographies subvertissent les codes traditionnels de la représentation, tout en offrant un espace intime pour ses réflexions personnelles. Ce mélange de théories critiques et de sensibilité artistique confère à son œuvre une force singulière, à la fois personnelle et universelle.

Enfin, Maurane Zaugg, (*1996, Genève), avec sa pratique ancrée dans des techniques d’impression traditionnelles, réintroduit le temps et le geste artisanal dans un monde saturé par la digitalisation. Ses compositions graphiques révèlent une pensée lente et réfléchie, où chaque détail devient partie intégrante du propos.

Ces artistes, tout en partageant une réflexion sur l’intime et la matérialité, s’illustrent par des démarches uniques et profondément personnelles.

Bourses de la Ville de Genève 2024
Berthoud, Lissignol-Chevalier et Galland (BLCG) pour la jeune création contemporaine Exposition du 4 octobre au 3 novembre 2024 (mardi-dimanche, 11 h-18h)
Centre d’Art Contemporain Genève
Rue des Vieux-Grenadiers 10, 1205 Genève www.centre.ch

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