Radio Jam – Massimo Furlan & Claire de Ribaupierre

Radio Jam. Napoléon Maddox et Miro Caltagirone. Photo Le Grütli.

L’un est un rappeur de Cincinnati chevronné, l’autre incarne à lui seul l’esprit alternatif de Bienne. Ils ont en commun un goût prononcé pour les rencontres et les hybridations sonores – et d’avoir croisé un jour les projets de Massimo Furlan et Claire de Ribaupierre.

Tout commence par un orage, éclairs de néons à effets stroboscopiques et musique tonitruante avant que tout se calme, qu’une nappe sonore enveloppe les spectateu-rices et qu’une voix ne raconte un cauchemar d’enfant. Ils sont deux sur scène, un piano et synthétiseur, deux hommes qui racontent par bribes, qui chantent, qui bruitent la poule et le cochon dans une ferme américaine, mais aussi la foule du métro de New-York. L’un se souvient du pain que sa mère faisait et qu’il trempait dans du lait, l’autre des biscuits que lui donnaient les voisins du dessus à qui en pyjama il venait dire bonne nuit. Des histoires à Bienne et dans l’Alabama se croisent. Ces deux hommes, ces deux musiciens se retrouvent quand ils discutent musique et nous font écouter disques et cassettes. La lumière est aussi fondamentale que le son, plein feu de soir de concert, pénombre intime, contre-jour et poursuite créent l’ambiance.

Les textes simples et précis, colorés et picturaux décrivent les paysages et les ambiances. Le naturel de Napoléon Maddox et Miro Caltagirone, acteurs chanteurs et instrumentistes les rendent tellement proches du public qu’ils semblent ne pas faire du théâtre ne pas jouer un rôle mais être et nous embarquer. La mise en scène est quant à elle remarquable de précision, une théâtralité qui rythme cette plongée dans d’autres temps et d’autres lieux. Il est toujours difficile de convoquer l’enfance sans être mièvre ni s’enfermer dans la nostalgie. « Radio Jam » échappe à ce travers. Plus encore, en ces temps où toutes les communautés disent haut et fort leurs différences, ce chassé-croisé d’histoires montre, sans faire la leçon, que les poules caquètent pareil à Cincinnati ou à Bienne et que nos histoires toutes singulières relèvent d’une humanité commune.

A voir d’urgence au Grütli jusqu’au 11 mars

Claude-Hubert Tatot

 

Radio Jam – Massimo Furlan & Claire de RibaupierreLe Grütli
rue du Général-Dufour 16
CH-1204 Genève
+41 (0)22 888 44 88

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