Une ébauche de cluster culturel se dessine à  Genève sous l’impulsion du Théâtre du Grütli

Grutli

Avec Trans 2, le Théâtre du Grütli renouvelle l’expérience de la pluridisciplinarité, bien sûr avec les arts vivants, mais en l’étendant aux arts plastiques dans une collaboration avec le MAMCO. (Photo: bar du Grü lors de la présentation de Nothing Hurts, d’Armen Roussel).

La première édition avait vu affluer un nouveau public, particulièrement jeune et réceptif, comme quoi il est possible de séduire de nouveaux spectateurs, à  condition de leur présenter des créations en phase avec leur temps. Théâtre, danse, performances, le terme « diversité culturelle » prend ici tout son sens en abordant des pratiques généralement qualifiées de « cultures urbaines » comme le “hip hop”.
Trans 2
évoque la transgression, la transdisciplinarité, la transsexualité, la transmission, la transversalité, mais aussi et surtout la transition. Si le théâtre à  Genève reste largement provincial, étouffé dans un rapport prisonnier du texte, ses coutures craquent et un nouveau rapport au corps se met en place. Le Grü qui a établi des relations avec des milieux créatifs comme la scène belge, très vivante sur la scène internationale, ou Gennevilliers, mais aussi le milieu régional avec la HEAD, l’Usine, etc, apporte lors de ces festivals Trans un souffle nouveau, une transdiciplinarité qui signe la transition. L’innovation passe par l’établissement de ces passerelles et de ces collaborations qui concernent aussi le public, durant Trans 2 les contacts informels entre les artistes et le public seront encouragés.

Entretien avec Maya Boesch, metteur en scène et co-directrice du Grütli avec Michèle Pralong. (15 min 52)

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Trans 2, du 15 au 18 février 2010. Voir le programme complet sur le site du Grü

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Un cluster culturel

La démarche cluster-réseau se forme dès lors que l’on constate une concentration géographique d’activités du même type ou un réseau d’acteurs fortement innovants. Elle associe l’intérêt des acteurs et celui du territoire grâce à  l’innovation créatrice autour de trois notions essentielles: partenariats, innovation et visibilité internationale. Ce concept, développé au XIXe siècle par Marshall, existe en pratique depuis des siècles et a gagné en importance auprès des politiques en tant que moyen permettant à  des entreprises de coopérer pour gagner un avantage économique.
La création de réseaux permet de mettre au point des dispositifs d’entraide qui permettent aux partenaires de bénéficier de ressources auxquelles ils n’auraient pas accès individuellement. Elle nécessite cependant une évolution des mentalités et l’abandon de la notion d’institution en tant que place-forte à  l’accès jalousement gardé; l’appel d’air salutaire créé par le Grü, et dans un moindre mesure celui de l’Usine, de Myriam Kridi, car l’institution a des moyens réduits, bénéficie à  l’ensemble de la scène culturelle qui a ainsi l’opportunité de se confronter l’année durant à  des créations issues tant du milieu local qu’international. La leçon est à  retenir au moment où se prépare la transition de l’actuel Théâtre de la Comédie vers la Nouvelle Comédie afin que demain ne soit pas comme hier, elle pourrait être complétée par la relecture du rapport Langhoff qui contient des propositions toujours aussi pertinentes bien qu’elles datent de 1987.

En 2009, lors de l’examen, par le Grand conseil, du projet de loi pour la création d’un Fonds d’investissement et de soutien aux institutions culturelles, les commissaires ont réaffirmé leur attachement à  la question culturelle. Ils ont souligné l’importance de la culture pour l’identité et l’image de Genève, ainsi que le caractère indispensable de son attractivité touristique et économique indispensable incitant ainsi le canton à  favoriser la diversité des domaines culturels.

saison

Présentation de la saison du Grü, 2008-2009. 

 Le rôle économique de la culture se voit ainsi confirmé. «La Culture s’impose progressivement comme le business des villes. Economie et culture y sont devenues inséparables tant ces deux champs s’interfèrent l’un l’autre et que la ville, en tant que formidable espace d’échange, offre des perspectives à  l’innovation – véritable ressource du futur – qui semblent illimitées. » (Zukin et Scott, cités par Charles Ambrosino, Institut d’Urbanisme de Grenoble).

Il n’y a pas d’innovation possible sur un territoire qui ne vit pas et un territoire sans culture ne vit pas. Une démarche d’innovation s’insère dans un contexte de compétition mondiale où la « valeur » symbolique d’un territoire, son attractivité, se joue aussi sur sa notoriété. Les grands équipements et événements artistiques et culturels sont de puissants outils de développement de cette attractivité. Confiée à  la personnalité idoine, la Nouvelle Comédie pourrait constituer le phare de ce cluster culturel en formation. La responsabilité de la commission chargée de nommer cette personnalité est immense, tant sur le plan culturel qu’économique, son ampleur ne dépasse-t-elle pas les compétences de la Fondation d’art dramatique essentiellement constituée de représentants des partis politiques peu au fait de la création contemporaine? Il s’agit de prendre un engagement fort en matière de politique culturelle, le temps dramatiquement perdu depuis la relégation aux oubliettes du rapport Langhoff rappelle que l’occasion qui se présente est unique et engage l’image de Genève sur la scène internationale.

Jacques Magnol

Voir également :

Un Grü rebelle et innovateur (27 décembre 2007). Entretien avec Michèle Pralong.
Le théâtre fera toujours problème à  une société qui ne veut pas voir les problèmes réels traités. Avec Bernard Schlurick. (20 avril 2007)

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