PAV : Recherche urbanistes désespérément !

Bologne au XIe siècle

Les tours à  Bologne à  l’époque médiévale, XIe siècle, selon Angelo Finelli, 1917, auteur de Bologne au temps de Dante.

«Recherche urbanistes, désespérément», c’est ainsi qu’en février 2007, le Moniteur, principal journal français d’architecture, soulignait le manque de diplômés en urbanisme poursuivant « Les 4000 professionnels de l’aménagement et de l’urbanisme recensés forment un contingent insuffisant pour répondre aux besoins du pays ».

La denrée est aussi rare à  Genève où le DCTI de Mark Muller recherche désespérément un ou des pilotes pour le projet Praille-Acacias-Vernets, quitte à  s’en remettre à  des éminences grises liées aux lobbys d’architectes. Après la démission de Benoît Genecand, Mark Muller avait annoncé en juin 2008 qu’il voulait une ou des pointures internationales de l’architecture ou de l’urbanisme, que des annonces seraient publiées, mais en octobre, hors la nomination d’une cheffe de projet, rien de nouveau.
La constitution d’un comité d’experts est en cours. Quelques semaines avant sa nomination comme cheffe du projet PAV, Mme Sylvie Bietenhader a sorti de son chapeau les architectes Joe Coenen (architecte hollandais), Jean-Pierre Pranlas-Descours (France) et Carl Fingerhuth. Qu’en est-il de toutes les célébrités contactées comme MM. de Meuron, Portzamparc, Tschumi, entre autres et comment se passera la cohabitation entre ces egos surdimensionnés? Le bureau Herzog & de Meuron nous a répondu que le statut du projet n’était pas encore clarifié, c’est donc en attente.
Le mode de constitution de ce comité qui devrait être appelé à  assumer des fonctions importantes gagnerait à  être effectué de façon plus transparente. Vu l’enjeu, et dans un souci d’excellence, ces postes ne devraient-ils pas être mis au concours? Pour assurer la transparence, il y a plusieurs pistes: la mise au concours bien sûr, mais aussi l’appel à  des experts extérieurs reconnus qui ont, par le passé, joué un rôle similaire sans qu’ils n’aient jamais été suspectés de chercher autre chose que l’intérêt public, en ce sens, la nomination de Carl Fingerhuth est une bonne chose.

Il est question de construire 30 à  50 tours de grande hauteur, le comité devrait avoir la haute main dans la désignation des “gagnants”, d’où la nécessité de transparence et d’intégrité dans la constitution et le contrôle de ce comité.
L’enjeu est bien trop important pour Genève pour laisser jouer des acteurs dont on peut craindre qu’ils poursuivent des intérêts particuliers ou les leurs propres.

Il est aussi indispensable de réunir de vrais spécialistes de la conduite de processus participatifs dans le domaine urbain. Pour éviter que toute l’affaire se casse la figure au premier référendum, il faut des personnes qui sachent animer les forums hybrides, élaborer des démarches participatives en amont du projet : c’est-à -dire au moment où le programme est lui-même défini. En un premier temps, il est donc inutile de débattre sur des tours et leur nombre. Ce qu’il faut arriver à  faire, c’est mettre autour de la table des gens impliqués dans la définition même de la mission, du programme. Une fois qu’il y aura accord là -dessus le projet pourra aller de l’avant. En attendant, le processus discrètement mis en place par la cheffe de projet est-il à  la hauteur de la dimension du projet PAV ?

Jacques Magnol

 

 

Publié dans architecture et urbanisme