Le RAAC ne veut plus servir d’alibi et envisage sa dissolution

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Election des 4 représentants des acteurs culturels au Conseil cantonal de la culture, 15 décembre 2014.

Le Rassemblement des artistes et acteurs culturels (RAAC), particulièrement fâché d’avoir cautionné à son insu la nouvelle répartition des tâches négociées entre la Ville et l’Etat, dans le cadre de leurs politiques culturelles, prend acte de l’absence de volonté de concertation et refuse de servir plus longtemps d’alibi.

Communiqué  du comité présidé par Christine Ferrier,

Réunis en Assemblée générale extraordinaire le 14 décembre, les membres du RAAC ont décidé la convocation d’une Assemblée Générale de dissolution de leur association, constatant à grand regret que les principes de concertation élaborés depuis 2007 avec les milieux politiques ont été abandonnés.
 
En effet, les autorités cantonales et municipales ont pris des décisions capitales en matières culturelles sans la moindre concertation avec les milieux concernés.

La nouvelle répartition des institutions et domaines culturels a été décidée par le Canton et la Ville de Genève au nez et à la barbe du futur Conseil consultatif de la culture, dont la tâche est précisément de conseiller les collectivités publiques sur les grandes orientations stratégiques. En effet, le Conseil se réunira pour la première fois en janvier, soit quelques semaines après des décisions qui vont définir le paysage culturel genevois pour des décennies.
Dans ce cadre, la loi sur la culture de juillet 2013, qui devait consacrer la nouvelle collaboration entre le canton et la Ville de Genève sur les institutions dites d’intérêt stratégique, vole en éclat au vu du résultat sur la répartition des tâches.


Par ailleurs les coupes budgétaires idéologiques et indiscriminées votées au Conseil Municipal, et celles prévues au budget cantonal 2016 finissent de mettre à mal la confiance que les artistes et acteurs culturels plaçaient dans leurs interlocuteurs politiques.

Aujourd’hui, les membres du RAAC tout comme son comité in corpore, constatent que maintenir l’association revient à servir d’alibi pour le seul bénéfice des autorités.
Ils en ont donc conclu que d’autres formes de luttes doivent désormais se mettre en place, le temps de la concertation étant manifestement révolu.

Genève, le 15 décembre 2015

Rappel

Le Rassemblement des artistes et acteurs culturels (RAAC) s’est créé en 2007 lorsque L’Etat de Genève a envisagé de transférer la totalité de son budget culturel, environ 23 millions, à la Ville de Genève. Le mouvement regroupe un grand nombre d’institutions, d’associations, de compagnies, d’artistes et d’acteurs culturels genevois, dans tous les disciplines artistiques (musique, théâtre, danse, littérature, cinéma et arts plastiques). Le RAAC s’est fait remarquer par l’organisation de trois sessions du Forum “art, culture, création”, en 2008, et  qui fut à l’origine de la mise en chantier d’un avant-projet de loi sur les arts et la culture par le magisgtrat alors en charge du DIP, Charles Beer.

L’optimisme était de mise lors des Forums du RAAC et les politiques de tous bords se devaient d’y venir pour un tour de piste. Optimisme et même euphorie avec l’annonce de la création de nouveaux lieux culturels, comme le signalait l’article de GenèveActive le 16 mai 2009 :

Patrice Mugny, chef du département de la culture, a annoncé une série de bonnes nouvelles pour les acteurs des arts vivants. Ainsi, la Maison de la danse, que le peuple avait refusée à Lancy, devrait se concrétiser sous la forme d’un Pavillon de la danse qui se trouvera au bord de l’Arve, près de la Jonction; Le Galpon devrait également s’installer dans un endroit proche, l’annonce officielle est attendue pour les jours prochains. Le secteur Praille-Acacias-Vernets devrait aussi voir éclore de nouveaux lieux culturels qui s’ajouteront à  la Nouvelle Comédie, des équipements à  la Pointe de la Jonction…

Alors qu’en février 2007, l’Etat songeait à  transférer ses charges culturelles vers la Ville de Genève, le 16 mai 2009, tous les discours politiques appelaient à  une plus grande participation de l’Etat pour soutenir la culture. Monsieur Charles Beer, Conseiller d’Etat en charge de la culture, a proposé une légère hausse du budget de l’Etat dévolu à  la culture, et même la création d’un département cantonal de la culture.
Monsieur Patrice Mugny, Conseiller administratif en charge des affaires culturelles, s’est déclaré ouvert à une collaboration avec le Canton si celui-ci participe financièrement. Les communes genevoises, par la voix de Serge Dal Busco, président de l’ACG, ont exprimé «leur intérêt» mais l’échec de la Conférence culturelle genevoise est dans tous les esprits et il faudra plus que des promesses de période électorale.

Après avoir avalé force couleuvres le RAAC qui a assisté à nombre de réunions avec les représentants de la Ville et de l’Etat a décidé, le 14 décembre 2015, de ne pas servir plus longtemps “d’alibi pour le seul bénéfice des autorités”.

Publication : Les propositions élaborées lors des Forums du RAAC ont fait l’objet d’une publication : « Art, culture et création – Propositions en faveur d’une politique culturelle à  Genève ». Ed. Labor et Fides. Fr. 10.-

En savoir plus avec GenèveActive :

La Ville de Genève seule à bord pour soutenir les arts de la scène. 19 novembre 2015.
L’Etat nomme les membres du conseil consultatif de la culture. 25 novembre 2015.
Le règlement de la loi cantonale genevoise sur la culture est adopté. 13 mai 2015.
Les acteurs culturels ont choisi leurs quatre représentants. 15 décembre 2014.
Le RAAC organise l’élection des représentants au Conseil cantonal de la culture. 20 novembre 2014.
Loi cantonale sur la culture. (Site de l’Etat de Genève).
Loi sur la culture, dispositions générales.
Loi cantonale sur la culture: communiqué Ville et Canton de Genève. (Site de l’Etat de Genève).
– Site du RAAC.

 

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