« Dans un salon second Empire, ce n’est pas mal non plus »

1

Vue partielle de l’exposition Huis clos, salle Crosnier, Palais de l’Athénée, Genève. (Détails en bas de page)

C’est dans une pièce sombre, humide et surchauffée, qu’a eu lieu le vernissage de l’exposition des travaux d’étudiants de la Haute école d’art et de design, HEAD Genève, qui se tient au Palais de l’Athénée jusqu’au 8 juillet. Eveline Notter, commissaire de l’exposition a ainsi respecté les indications de Jean-Paul Sartre qui situe les personnages de sa pièce Huis clos dans la « chaleur de cloporte » qui sied en enfer.

Huis clos comprend des à“uvres récentes ou produites spécifiquement pour l’occasion par des étudiants appartenant à  différents pôles du domaine Arts visuels et les à“uvres de quatre futurs diplômés de la toute première volée du postgrade REALisation – Céramique & Polymères.

 

Jeanne Gillard, Tapis de poussière, 2008. Poussière, 190 x 270 cm.

« Dans Huis clos (1944) de Jean-Paul Sartre, trois personnages se retrouvent prisonniers après leur mort d’un enfer surchauffé qui a l’aspect d’un salon de style Second Empire. L’ensemble de leurs faits et gestes antérieurs sont soumis au regard et à  la critique des uns et des autres, sans qu’ils ne se soient jamais fréquentés au préalable. Nul hasard, leur réunion forcée consiste en une torture morale mutuelle, chacun étant à  tour de rôle bourreau et victime – d’où la célèbre formule : « [l]’enfer, c’est les autres ». Toutefois, l’enfermement a ceci de décisif qu’il vient à  bout des convenances sociales : politesse, respect, hypocrisie… et fait éclater le vernis des réputations.
C’est par le regard que l’épreuve d’autrui s’effectue le plus radicalement, les yeux des autres étant autant de miroirs déformants auxquels les personnages ne peuvent se soustraire. Huis clos figure constamment la loi du regard. Voir et être vu, juger et être jugé, tel est l’enjeu de la pièce. Les individus, dont le dramaturge a voulu les paupières atrophiées par l’enfer, sans l’ombre d’un repli possible, n’échappent donc pas à  la scrutation externe qui, en retour, impose l’examen de conscience. » Eveline Notter, commissaire de l’exposition.

 

Huis clos

 

De haut en bas de l’image:
Paul Chazal, Sans titre, 2008. Frise réalisée à  la mine de plomb.
Baptiste Gaillard, Antichambre, 2008. Peinture et laques acryliques, spray, mastic acrylique, cire sur tapis en laine.
Jeanne Gillard, Tapis de poussière, 2008. Poussière, 190 x 270 cm.
Mathilde Aroud et Jeanne Gillard, Louise, 2008. Bois, vernis, roulettes et spray fluo.

Huis clos présente les travaux de Mathilde Aroud, Paul Chazal, Frauke Frech, Baptiste Gaillard, Fanny Garcier, Jeanne Gillard, Patricia Glave, Sabrina Harri, Sarah Lis, Julie Osen, Michèle Rochat, Arina Rouzinova et Martina-Sofie Wildberger.

Exposition du 6 juin au 8 juillet 2008. Palais de l’Athénée, salle Crosnier, Rue de l’Athénée 2, Genève
Soirée de performances : mardi 8 juillet à  18h. Avec Frauke Frech, Arina Rouzinova et Martina-Sofie Wildberger.

vue de la salle

 

Publié dans arts