Objectif Danse

Virevolte

Le dire de la danse » (16 solos signés Manon Hotte, Prisca Harsch et Pascal Gravat). Photo D. Thébert.

La chorégraphe et pédagogue Manon Hotte invite à  célébrer les 15 ans de son Atelier et les 10 ans de sa Compagnie Virevolte. Pour permettre de mieux découvrir le travail de cette entreprise de danse qui accueille des interprètes de 4 à  21 ans, pépinière de jeunes professionnels en devenir. Manon Hotte investit le Grütli du 20 au 22 juin avec trois créations, une installation sonore, des expositions de dessins et photos. Et un débat sur la formation en danse contemporaine permettant de se frotter à  une réflexion sur la création et les principes pédagogiques à  l’oeuvre de l’enseignement de Manon Hotte.

Flux chorégraphique
A l’image de la séquence inaugurale, chaque épisode des « 15 tableaux dansés » joue de la transdisciplinarité entre jeunes danseurs, enseignants et intervenants artistiques. L’accent est mis sur le contrôle musculaire, les sens, les systèmes et techniques corporels. Le travail chorégraphique est concentré en de brèves vignettes chorégraphiées. Il dévoile les dimensions créatrices de chaque danseur tout en affinant ses connaissances du mouvement et de notions telles l’espace, le poids, le rapport au sol, la gravité ou le touché. Le voyage en son est l’une des étapes de la création. « Comment, en dansant, peut-on transporter des objets sonores, s’interroge Manon Hotte C’est un corps écoutant qui s’affirme et dont surgit une grande musicalité ». Partie de compositions hodlériennes, l’évocation de cygnes posés sur les eaux comme autant de notes scandant une partition est le prélude à  des collages de découpages sonores réalisés par les interprètes Enseigné par Sygun Schenk, le Body Mind Centering insuffle aux enfants des qualités de mouvement différentes, une intelligence et une conscience du corps plus affinées que l’on retrouve au détour de plusieurs tableaux.
A entendre les sons qui ponctuent toute chose, on pourra sans doute mieux approcher ce qui rythme la pulsion organique d’un laps de réel. L’oreille à  la place de l’à“il. Mots-matières chuchotés ou soufflés, doux clapotis d’un sens qui s’échappe pour mieux faire retour. Tout ici est échantillon, scansion rythmique jouant sur la choralité, prouvant que la vie existe bien, avec son corollaire, l’euphorique sentiment d’appartenir, brindille, à  ce grand tout, proche d’un regard à  la Amélie Poulain.

Entretiens avec Manon Hotte et Sarah Dell’Ava :

Nuit inquiète
Pour « Le dire de la danse » (16 solos signés Manon Hotte, Prisca Harsch et Pascal Gravat), c’est un univers fantasmagorique qui exerce un irrésistible pouvoir de fascination. A l’origine et dans la ligne de la pratique de Pina Bausch, des interrogations ont été posées aux danseurs sur leur rapport à  la narration en danse. Que reste-t-il des émotions éprouvées au fil de la lecture de capsules d’histoires parcourues dans l’enfance ? Comment faire le lien entre ces récits d’antan et un état adolescent présent ? Des rets de lumières déchirent la pénombre et les danseurs évoluent comme de possibles somnambules sur fond de bruissements de la forêt.

Pour son Solo « Esquisses », Sarah Dell’Ava précise : « C’est un travail parti du dessin et de la photo de peaux proches et de matières prises au macro zoom. Il se fonde sur le fait de repasser sur les mêmes traits, comme un motif corporel en formation, une trame faite de fines stries mises en mouvement ». La musique parfois assourdie et déstructurée des « Impromptus. » de Schubert conjugue tendresse lyrique et appels plaintifs d’un corps oscillant entre les déséquilibres.

Bertrand Tappolet

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