Prix Ducastel 2019, « À quelques détails près »

Célestine Coutouis, À quelques détails près, 2019. Prix Ducastel 2019.

Le 12 juillet Annemasse ouvre le festival Musical été et inaugure « À quelques détails près », de Célestine Coutouis, lauréate du prix Ducastel 2019 et étudiante en Bachelor orientation Construction de la HEAD-Genève.

Ce concours organisé pour la ville d’Annemasse par le Bureau des Interventions Publiques de la HEAD-Genève est ouvert à ses étudiants en arts visuels et fait l’objet d’une recherche développée durant un semestre avec les enseignants du BIP, Christian Robert-Tissot et Mathias Pfund artistes, Claude-Hubert Tatot, historien de l’art.

« À quelques détails près » est un travail « in situ » qui s’appuie sur l’observation et qui met en valeur la pittoresque fabrique du parc Fantasia.
Pyramide, temple d’amour, tente tatare, la fabrique de jardin appelée aussi folie est non seulement un ornement mais un dépaysement. Elle emmène le promeneur en d’autres temps et d’autres lieux. Elle convoque l’imaginaire.
Celle du parc Fantasia est une maisonnette rustique. Elle s’apparente à la cabane alpestre et au chalet Suisse popularisés par l’exposition nationale de 1896 à Genève et par les photographies de Fred Boissonnas.
Partant de cette fabrique, dont les rondins sont en rocaille, technique de faux bois en ciment utilisée pour la première fois en 1866 au jardin des Buttes Chaumont, Célestine Coutouis a réalisé une copie d’après mémoire.

Aussi blanche qu’un linge, cette réplique volontairement approximative est le fantôme de son modèle lui-même copie déjà dégradée d’un original montagnard. Il n’est pas tellement question de taille mais plutôt de matériaux et d’usage. Le ciment moulé armé qui se substituait à la pierre et au rondin est remplacé par des panneaux de particule et du polystyrène extrudé. La cabane d’alpage comme celle encore plus picturale des Bergers d’Arcadie est un refuge, sa copie au jardin est une remise à outils, sa réplique contemporaine est une archi-sculpture fermée au public dont la blancheur est espace de projection et de rêve.
Ce travail d’appropriation questionne autant l’authentique et le pittoresque que le souvenir. Son titre « À quelques détails près » parle aussi de perte et de nostalgie, notions omniprésentes dans toute l’histoire des jardins.

Claude-Hubert Tatot

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