La parodie de télénovela vénézuélienne transposée en français que présente Frédéric Polier au Théâtre du Grütli se double d’un hommage à énigme policière et au polar dans une atmosphère de science fiction assez rare au théâtre. Science fiction d’opérette qui baigne dans les images des années 60, la Paranoïa pose la question : Quand le monde des hommes aura épuisé toutes ses fictions, que restera-t-il aux extra-terrestres pour se nourrir ?
Comme il est impossible de résumer une intrigue qui divague hors des champs cartésiens de l’esprit, on préfère vous proposez une devinette. Qu’est-ce qui est le plus incroyable : une équipe de choc réunie dans un hôtel uruguayen pour inventer une histoire inédite destinée à sauver l’espèce humaine ou bien un être qui vit et meurt sur une sphère de feu et de matières précipitée dans l’espace à la vitesse de 108 000 km/h ?
Entretien avec Frédéric Polier. 10 mars 2015.
“Chez Rafael Spregelburd, la transgression n’est pas une posture. Elle ne consiste pas à épater le bourgeois. Elle réside essentiellement dans la manière, ludique, que l’auteur a de titiller notre intelligence pour l’inviter à explorer de nouveaux territoires. Elle propulse le spectateur dans des sphères non euclidiennes qui s’entrechoquent les unes contre les autres. Mille lectures sont proposées et toutes sont valables puisqu’au final tout dépend du point de vue.
Soyons honnêtes : La Paranoïa ne se livre pas facilement. Disons qu’elle nécessite de baisser la garde et d’accepter l’idée que le plus court chemin de A à B n’est pas forcément la ligne droite. Ajoutons à cela que la pièce joue allègrement des codes du divertissement pour mieux en pointer les limites. Bref, La Paranoïa reste une expérience théâtrale qui se dérobe à chaque fois qu’on croit la saisir. En cela, elle questionne notre rapport au théâtre, à la fiction, au réel. En cela, aussi, elle confirme sa parfaite adéquation avec ce statut que revendique le Théâtre du Grütli : être un espace de création ouvert à tous les possibles.” Frédéric Polier.
La Paranoïa.
de Rafael Spregelburd, mise en scène de Frédéric Polier.
3 au 22 mars 2015
Théâtre du Grütli.