The Clock, la vidéo devenue culte de Christian Marclay sera présentée à Genève dès le 25 juin dans le cadre de la sauvegarde du cinéma Plaza racheté par la fondation Wilsdorf en 2019 pour le destiner à un centre culturel et à l’événementiel.
The Clock est une oeuvre vidéo de 24h, sans début ni fin, composée de courts fragments sans intérêt particulier, extraits de milliers de films, chacun lié à un instant précis où l’attention est focalisée sur un cadran de montre ou d’horloge.
Cette méditation sur l’écoulement du temps se révèle addictive par le mystère et le suspens entretenus malgré l’absence de narration suivie. Dès sa première apparition à la Cooper Gallery à Londres, puis notamment à New York, Tokyo et Paris, l’immense succès de l’oeuvre a provoqué de longues files d’attente, de jour comme de nuit lors des projections complètes. En 2011, Christian Marclay s’est vu décerner le Lion d’or du meilleur artiste pour The Clock, lors de la 54e Biennale de Venise, sous le commissariat de Bice Curiger.
Le spectateur, entré à n’importe quel moment, réalise que le film commence au moment où il entre dans la salle. Là, il voit que l’heure indiquée par le garde temps à l’écran est exactement la même que celle affichée par sa propre montre. L’expérience vécue se fait alors unique pour chacun et peut durer 24 heures car, partout où The Clock est projetée, les organisateurs doivent assurer, c’est une condition imposée par l’artiste, au moins une séance ininterrompue.
“Je ne sais pas ce qu’est le temps, explique Christian Marclay dans une interview, je sais que je n’en ai jamais assez. C’est une notion stressante et nous nous sentons toujours mieux lorsque nous n’avons pas besoin de penser à l’heure qu’il est. Les éléments du film sont axés sur le présent tout en provenant d’extraits du passé. Ainsi, je fais en sorte que vous preniez conscience du temps qui s’écoule tandis que les artifices du montage servent simplement à créer un semblant de continuité.
The Clock est un memento mori où la narration est constamment interrompue par le rappel du temps qui passe. Le spectateur est seul responsable du moment où il décide du moment ou il veut entrer et de celui ou il désire sortir, combien de temps il compte passer. Le temps va alors se réduire naturellement, passant très vite pour une personne engagée et devenir interminable pour celle qui s’ennuie. Ouvrir la porte, c’est entrer dans un monde différent.”
Ne pas manquer à 13h13 le moment où Orson Welles, dans The Third Man se demande “pourquoi la Suisse après 500 ans de paix et de démocratie n’a finalement produit que le coucou”.
Christian Marclay (*1955 San Rafael, Californie, vit à Londres) est un artiste américano-suisse. Il a étudié à l’Ecole supérieure d’art visuel à Genève (aujourd’hui la HEAD), puis au Massachussetts College of Art à Boston.
The Clock. Christian Marclay
Cinéma Le Plaza
- Genève
Du 25 juin au 18 juillet 2021
. Entrée gratuite.
Ouverture publique le 25 juin dès 19h. Mercredi-jeudi de 12h à 22h. vendredi-dimanche 24h/24h : dès vendredi 12h et jusqu’au dimanche 22h.
Le nombre de places est limité à 50 personnes.
Une fois entré, le public peut rester aussi longtemps qu’il le souhaite.
La Fondation Plaza : L’été 2019, la Fondation Plaza est créée et lance la renaissance de la salle de cinéma et du bâtiment Mont-Blanc Centre. Un concours d’architecture est organisé en 2020 pour restaurer le chef-d’œuvre conçu par l’architecte Marc J. Saugey, dans son esprit et sa vocation originels, tout en répondant aux exigences d’un cinéma contemporain. L’objectif est l’ouverture, à l’automne 2023, d’un Centre culturel Cinéma et Architecture, dans un bâtiment classé, reconnu en tant que 279ème objet d’exception du patrimoine bâti, au cœur de Genève.
Historique du bâtiment, voir : Le cinéma de Marc-Joseph Saugey en péril, journal d’architecture FACES, no 74, automne 2018.
Les salles de cinéma fermées à Genève ces dernières années :
ARCADES (anciennement ABC), Passage Malbuisson
BROADWAY, Rue du Cendrier
CAMERA MOVIE , Rue de Berne
CENTRAL, Rue Chantepoulet
COSMOS, Rue Feuillasse (Meyrin)
FORUM, Route de Chêne-Bougeries (Chêne-Bougeries)
HOLLYWOOD, Rue de la Confédération
PLAZA, Rue Chantepoulet
TITANIUM (trois salles, anciennement LES GROTTES), Rue de la Servette…”
Source : Interroge.
Le cinéma, une activité en baisse depuis les années 1980
Les données analysées par l’Office fédéral de la statistique (OFS) font état d’une baisse constante : Après une diminution importante des entrées annuelles au cinéma dans les années 80, la tendance des années 2000 était à nouveau à la baisse, même si pas dans les mêmes proportions. Cependant, on observe d’importantes variations d’une année à l’autre – souvent à la suite du nombre et du succès des grosses productions dans les années concernées. D’une manière générale, on observe une concentration sur quelques films: actuellement, lors de la moitié des projections, ce sont seulement un peu plus de 50 films qui sont montrés. Ils génèrent environ 60% des entrées de cinéma. L’offre plus variée de films n’a pas non plus été en mesure d’attirer plus de monde dans les salles de cinéma. Avec la pandémie de COVID-19, les entrées de cinéma se sont finalement effondrées dans une mesure inégalée.
Les films 3 D ne jouent aucun rôle
En 2014 encore, un nouveau film sur dix était une œuvre 3D. En 2019, cette proportion est tombée à environ 6 %. Il ne s’agit pas d’une concentration des projections sur moins de films en 3D, car le nombre de projections en 3D a également diminué au cours de la même période. Le nombre d’entrées générées par les projections en 3D a également baissé. En 2020, les films en 3D n’ont pratiquement joué aucun rôle, car seules quelques nouvelles sorties ont été lancées en 3D. Source : OFS. 23.03.2021.