Sexe et langues au Palais fédéral, avec …

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09.445 et 09.481.
Les communiqués de l’Assemblée Fédérale, tel celui du 5 février dernier, révèlent parfois des situations inextricables que seul un ”Niet” franc et massif  de la Commission idoine permet d’éviter.  Telles les initiatives parlementaires 09.445 de Joseph Zysiadis (POP, Vaud) et 09.481 déposée par Jean-Claude Rennwald (PS, Jura), qui toutes deux demandent au Conseil National d’inscrire dans la constitution des garanties de représentation équitables au Conseil Fédéral, pour les ” ministres latins ”  (09.445) et  ” des communautés linguistiques et des femmes ”  (09.481).

En examinant ces propositions, la Commission des Institutions Politiques a flairé deux pièges et soulevé deux questions existentielles – rejetant finalement le tout. Prenons deux exemples bien connus sous la coupole fédérale :

Communautés linguistiques ?  Ministres latins ?

Examinons le cas de Mustapha Kamal Schwitzguebel. Sa famille est appenzelloise depuis un paquet de générations, et ce n’est que vers 1920 qu’une branche a émigré à  Lutry (Vaud) où elle s’est enracinée. Plus tard, Arnold (qui parlait le dialecte appenzellois avec son pépé et sa mémé en plus du patois vaudois et du français) lors de vacances en Turquie tomba follement amoureux de la chambrière de son hôtel, qui le lui rendit bien. De leur mariage naquit Mustapha Kamal, citoyen suisse, qui vingt ans plus tard fut envoyé au Tessin pour y accomplir son école de recrues. Mustapha Kamal Schwitzguebel décida de s’y établir, d’autant plus qu’il y rencontra une barmaid albanaise qu’il se hâta d’épouser.

Ce citoyen suisse exemplaire est aujourd’hui un homme d’affaires qui a réussi dans l’immobilier,  vit à  Mendrisio, parle le dialecte tessinois avec les deux mains, baragouine un peu d’albanais avec ses beaux-parents, va faire son shopping à  Milan,  a gardé de grosses racines à  Lutry.  Conseiller national Radical à  Berne, on lui prédit un brillant avenir.  Questions :  est-il potentiellement un ministre latin ?  Quelle communauté linguistique pourrait-il bien représenter ?  Lui-même n’est ni pour ni contre, bien au contraire.

Pour la féminité à  représenter équitablement au Conseil Fédéral, il est clair qu’il faut d’abord établir la qualité de femme. Ou d’homme, on commence où on peut.  D’une part, il faut bien remarquer qu’au Conseil Fédéral Evelyn a plutôt une gueule de vieux mec,  personne n’a jamais vu en public les genoux de Doris, et Micheline est toujours en pantalons. Ah. Voilà  qui donne à  penser, non? En plus notre société patauge en plein confusionnisme : il est question que les couples homosexuels puissent adopter un enfant. Tous nos voeux à  ce chérubin qui devra se construire un équilibre psychique entre papa qui a ses règles et maman qui se rase tous les matins.

Sans doute reste-t-il quelque chose à  Berne du traumatisme déclenché dans l’Eglise Catholique par l’affaire de la Papesse Jeanne. Selon la légende, dans la seconde moitié du IXe siècle, ce personnage fut nommé cardinal, puis élu pape. Mais ce pape en cours de règne accoucha en public après une fort spectaculaire grossesse – la papesse Jeanne fut virée, et le Vatican prit des mesures.  Le futur pape dut ainsi poser son nu séant sur une chaise percée et un cardinal,  spécialisé dans cet office, de la main tâtait pour vérifier la présence de ses attributs virils.  Le verdict attendu était formel : ”Duos habet et bene pendentes” (Il en a deux et bien pendantes), ce à  quoi la Curie romaine répondait en coeur  ”Deo gratias”.

A Berne, les candidats et candidates au Conseil Fédéral devraient donc s’assoir sur une chaise percée, et le/la Chancelier/lière de la Confédération procéder à  l’examen.

On comprend mieux que la Commission des Institutions Politiques ait rejeté 09.445 et 09.481.

Jean-Jacques Kurz

Publié dans société
Un commentaire pour “Sexe et langues au Palais fédéral, avec …
  1. turlu dit :

    Il est arrivé qu’un candidat ait perdu un attribut. C’est alors que le vérificateur s’exclame :

    « Est unus » (« il y en a un »).

    Le répond est alors: « sufficit » (« suffisant »).

    http://verna.blog.lemonde.fr/2009/07/13/«-duos-habet-et-bene-pendentes-»/