L’exposition qui se tient au Commun veut être l’occasion de remonter le temps pour dresser le portrait de certains protagonistes anticonformistes qui, dans la région de Genève, ont mené des recherches aux marges de la production dominante.
L’objectif est de faire dialoguer, à 50 ans de distance, des visionnaires de l’habitat qui ont promu et promeuvent aujourd’hui encore des modes de vie non conventionnels, jetant un regard critique sur la question du logement et de sa production standardisée.
Parmi les Genevois qui se sont distingués dans cette architecture libre et libertaire, propre à l’autoconstruction, on compte Pascal Häusermann, son épouse Claude Costy, Bruno Camoletti, Daniel Grataloup, André Gaillard et Marcel Lachat.
La bulle pirate de Marcel Lachat
A la fin des années 60, l’explosion démographique conduit les urbanistes à beaucoup d’excès de rationalisation au détriment du cadre de vie des habitants. En réaction, l’architecte Chanéac milite à partir de 1958 pour « l’implantation libre de cellules individuelles, évolutives et mobiles », explorant la richesse plastique des formes organiques et aspirant à un habitat pour le plus grand nombre. En 1968, Chanéac publie son manifeste L’Architecture Insurrectionnelle par lequel il défend la nécessité de redonner aux individus les moyens d’agir sur leur environnement et d’adapter leur habitat à leurs besoins. Il développe le concept d’ « Architecture Industrialisée Poétisée » avec ses Cellules polyvalentes (1958-60) réalisées en matière plastique (polyester renforcé de fibre de verre), juxtaposées et superposées, sans structure porteuse.
Après avoir lu le Manifeste, Marcel Lachat, qui fut un expérimentateur avec Pascal Häusermann de la construction en forme de bulle, reprend l’idée et accroche en 1970 une bulle pirate en polyester à la fenêtre de son HLM genevois afin d’agrandir son deux-pièces après la naissance de son premier enfant. Il profite de la nuit de « l’Escalade » et du fait que la police est occupée ailleurs pour accomplir cette performance. Son objectif est surtout de dénoncer la crise du logement qui sévit alors (et toujours) à Genève.
Daniel Grataloup (Lyon, 1937) a développé au cours de sa carrière une conception très originale d’architecture-sculpture, dont la forme et la composition spatiale se faisaient l’écho du comportement des usagers. Pour mettre en œuvre cette approche organique, dominée par la ligne courbe, l’architecte a élaboré et expérimenté une technique constructive de projection de béton sur une résille métallique qui épouse le programme des espaces habitables.
En juillet 2016, le Conseil d’Etat a reçu en don de M. Daniel Grataloup l’ensemble des maquettes, plans, gravures, sculptures, croquis, photographies et archives conservés à ce jour dans son atelier à Genève. Cette donation, a été assortie assortie d’un versement en espèces de 200’000 francs destiné à la création et à l’organisation d’un prix pour l’encouragement à l’innovation en architecture.
Les premiers lauréats du concours international d’architecture Grataloup seront désignés fin 2017. Ce concours est ouvert aux projets d’architecture organique innovants, présentés par des candidats de moins de 40 ans. Le règlement du concours est disponible à l’adresse www.prixgrataloup.com. Ce prix aura lieu à Genève à intervalles réguliers.
Structure Sculpture
Architecture et performance à Genève de 1960 à nos jours:
Exposition du 22 juin au 30 août 2017.
Bâtiment d’art contemporain, 28 rue des Bains, Genève.
La table-ronde prévue le 30 août remplacée par des interviews filmées des protagonistes de l’exposition ( Marcel Lachat, Daniel Grataloup et Gregory Chapuisat) dans l’espace d’exposition auxquels pourra assister le public. Ces interviews auront lieu entre 18H00 et 19H30 au Commun.