Pauline Cordier transforme le « white cube » en un « grey cube » vivant

Pauline Cordier – Tenir Le Temps. Galerie andata.ritorno.Photo © Loïc Herin

L’exposition « Tenir le temps » de Pauline Cordier à la galerie Andata Ritorno déconstruit le concept du « white cube » en révélant les dimensions matérielles et cosmiques de l’espace d’exposition.

Pauline Cordier. Tenir Le Temps. 2024. Photo © Loïc Herin

Pauline Cordier explore comment cet espace est non seulement un lieu où l’art est exposé, mais aussi lui-même exposé à des forces extérieures, notamment la lumière naturelle qui varie selon les saisons. Comme l’explique le critique d’art David Zerbib dans le texte accompagnant l’exposition, l’artiste utilise une fenêtre comme « étalon-lumière » pour mesurer, durant une année, les formes de lumière projetées à midi, qui changent en fonction de la position de la Terre par rapport au Soleil. Ainsi, la lumière du solstice d’été produit un petit rectangle lumineux, tandis que celle du solstice d’hiver crée une projection plus large et plus diffuse.

Pauline Cordier. Tenir Le Temps. 2024. Photo © Loïc Herin

Pauline Cordier retranscrit ces phénomènes dans douze plaques d’aluminium recouvertes de toiles réfléchissantes, lesquelles capturent les reflets et ombres des passants et véhicules extérieurs. Ces « temps-lumières » multiples engagent un dialogue entre les mouvements de la Terre et ceux de la ville, inscrivant ainsi des rythmes temporels variés dans l’espace.
De plus, le sol de la galerie, recouvert de pigments photochromiques, réagit aux UV en s’assombrissant. Les nuances créées révèlent un jeu subtil entre lumière et ombre. La lenteur de la réaction des pigments permet à une ombre projetée d’accentuer la clarté d’une trace d’ombre précédente, bouleversant notre perception visuelle. Ce phénomène temporel se développe à travers ce que David Zerbib appelle des “couches d’ombres”, où chaque nouvelle ombre laisse une empreinte plus claire que la précédente. En somme, Cordier nous montre que l’espace d’exposition n’est pas un lieu figé, mais une entité dynamique, influencée par des mouvements cosmiques et humains, dans une réflexion sur le passage du temps, tout en transformant le « white cube » en un « grey cube » vivant.”

Pauline Cordier
 “Tenir le temps”
Exposition du 12 septembre au 5 octobre 2024
andata.ritorno laboratoire d’art contemporain
37, rue du Stand
1204 Genève

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