La couleur est d’abord posée sur la feuille, en aplat sans modulation en formes mettes, bleu lac, vert prairie, gris rocher, terre d’ocre, jaune graminée. La ligne vient ensuite, d’un trait sans repentir ni tremblement. Épure de paysage de montagne, souvenirs des alentours de Zermatt.
Dans l’espace de la feuille ou le blanc domine, se déploie celui d’un territoire saisi en quelques traits, ponctués de nappes colorées. Ces points de vue sont des compositions, comme on le dit de tableaux abstraits où l’encre de chine ouvre les perspectives, creuse des chemins pour l’œil, donne le relief, où la couleur fait masse donne du corps et un ton. L’un et l’autre à part égale forment le dessin.
C’est précis, c’est abstrait, c’est allusif et très réel.
C’est toujours sans personnage.
Pascale Favre dessine aussi des fleurs. Là encore lignes et couleur s’allient sans être subordonnée l’une à l’autre. Ces plantes sont représentées comme des planches d’herbier, objets d’études à la fois détaillées et simplifiées, observées et traduites au trait, tachées de vert, de jaune ou de violet.
C’est sobre sans être sec, renoue avec une tradition et déjoue les attendus du genre.
Dans ces deux séries de dessins, Pascale Favre construit un réel épuré, poétique de l’ascèse au service d’une grandeur née d’une transcription de l’essentiel.
Claude-Hubert Tatot
A voir jusqu’au 22 septembre :
Galerie ligne treize
29, rue Ancienne
1227 Carouge – Genève.