Alexia Turlin, par-delà les monts

Alexia Turlin, POUR ELLE, Manoir de la Ville de Martigny. Photos : Alexia Turlin.

Miroitement des eaux, scintillement des glaces, chatoiement doré d’automne, irisation des gelées blanches … la nature n’est pas avare d’effets spéciaux qui ravissent l’œil, si précieux si difficiles à rendre.

Alexia Turlin en donne un équivalent par des jus colorés et pailletés qui rehaussent ses dessins de montagne, silhouettes flottantes dans la page. Les paillettes dont Malaval avait fait une peinture disco et dont John Armleder charge certaines de ses coulures viennent ici fluides et toutes en transparence enrichir un dessin plutôt sobre, sombre et précis. Comme l’or des enluminures ces touches donnent une brillance, équivalence des effets de lumière, sans pour autant saisir l’impression d’un moment précis. Plus symbolistes que réalistes ces paysages sont aussi intérieurs.
Les montagnes d’Alexia Turlin, dent Blanche ou sommets imaginaires doivent autant à l’observation qu’à l’interprétation. Isolées, sans personnages elles ont la légèreté des monts des estampes japonaises. Colorisées de scintillantes coulures, aquarellées de bleu glacier elles rejouent autrement le sublime des paysages romantiques.
La montagne fond comme neige au soleil, la montagne pleure, elle se délave et se délite sous nos yeux. Comme souvent, ce travail d’Alexia Turlin est inquiet.

Alors que ces dessins déclinés du tout petit au grand format, effets de rapprochement et de lointains, sont tout en délicatesse, ses paravents, sculptures en acier noir se présentent comme des masses compactes. De grandes plaques, comme des portes, s’articulent. Ces sévères rectangles noirs, sont justes découpées à leurs sommets de silhouettes de crêtes, de dents et de pics. Ombres chinoises qui suffisent à nous mettre au pied de la montagne, face à sa grandeur.
Si comme elle l’écrit dans l’escalier du Manoir de Martigny, l’art c’est la vie bordel, alors c’est toute la vie avec ses ombres et ses lumières. C’est même au-delà de ça, Marguerite Burnat-Provins à qui elle rend hommage ne lui aurait-elle pas dit par l’entremise d’un médium : « Va au-delà de toi, le ciel est immense ».

Claude-Hubert Tatot

Les oeuvres d’Alexia Turlin sont à découvrir :
A Genève, galerie Rosa Turetsky jusqu’au 20 octobre 2018 dans l’exposition : Le papier dans tous ses états.
Au Manoir de la Ville de Martigny jusqu’au 25 novembre 2018, dans l’exposition : POUR ELLE, Marguerite Burnat-Provins.

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