Mobilisation mondiale à  Genève contre la peine de mort

Bernardino Luini, Salomé recevant la tête de Saint-Jean

Bernardino Luini, Salomé recevant la tête de Saint-Jean.
Est-il concevable en ce début de XXIe siècle qu’au nom de la ”justice” un Etat fasse tuer, méticuleusement, consciemment et légalement, un de ses citoyens jugé criminel ?  C’est cependant la réalité d’aujourd’hui : 57 Etats appliquent la peine de mort. Leur barbarie entache l’ensemble de notre planète.

 Quelques chiffres

Les organisations non-gouvernementales attachées à  la défense des droits humains  ( Amnesty International, Human Rights Watch, les organisation abolitionnistes) et le système onusien doivent se contenter de chiffres minimaux, compte tenu du secret qui souvent couvre les statistiques officielles des états concernés. Par recoupement, on arrive toutefois à  un constat crédible.
En 2008, un total minimum de 2’353 condamnés ont été exécutés.
Les plus acharnés à  tuer sont la Chine ( 1’718 ),  l’Iran ( 346 ) , l’Arabie Saoudite ( 102 ),  les USA ( 37 ), le Pakistan (36 ), l’Irak ( 34 ) et le Japon ( 15) . Entre 2005 et 2008,  32 mineurs ont été éxécutés, dont 26 en Iran. Il est avéré que des handicapés mentaux ont été exécutés au Japon, en nombre gardé secret.

 Quelques faits

La peine de mort est en vigueur sur les cinq continents ( pour l’Europe : seule la Biélorussie persiste). D’Asie au Maghreb, presque tous les pays musulmans sont concernés. Les îles paradisiaques (fiscalement ou touristiquement )  des Caraïbes préoccupent les experts, qui redoutent une augmentation  des exécutions.
Aux Etats-Unis, il n’y a que 13 blancs ”caucasiens” sur les plus de 130 condamnés en attente de leur mise à  mort officielle. En Chine, on envisage de remplacer le peloton d’exécution par une injection létale. Dans l’appareil judiciaire des USA, c’est le juge Sabo ( Pennsylvanie) qui détient le record absolu du nombre de condamnations à  mort.

 Quelques explications

Comment une société civilisée peut-elle accepter que son appareil étatique pratique le meurtre légal et en être satisfaite apparemment ?  Il y a là  plus d’un axe de réflexion, et leur convergence explique bien des choses.

Discriminations ethniques, sociales, raciales et politiques; religion; qualité du système judiciaire; culture de la vengeance.  La condamnation à  mort a de multiples raisons,  inavouables mais bien réelles.  Un système de lois adéquat permet de se débarrasser physiquement des opposants, dissidents ou minoritaires gênants.  Un appareil judiciaire aussi inégalitaire que la société dont il est issu permettra de condamner à  mort facilement les plus pauvres et les plus sales gueules; juges et avocats peuvent être à  la solde d’un régime ou d’un système. Des clergés obscurantistes et fanatiques instrumentalisent leurs religions pour répandre le sang. Les esprits les plus simples demandent simplement vengeance : il a tué un des nôtres, qu’il soit mis à  mort – total : un cadavre de plus et, finalement, aucune consolation. En politique,  la peine de mort rassure des gens effrayés et désarmés devant la montée de la violence, de plus en plus nombreux – des populistes demandent le rétablissement de la peine de mort, ou la défendent.

 Mobilisation mondiale à  Genève

Les abolitionnistes militant contre la peine de mort sont actifs sur les cinq continents, sont structurés en organisations actives et enregistrent des succès.  La peine de mort n’est plus exécutée dans certains états des USA. Le Bénin annonce une prochaine abolition. Le lobbying et la mise en conscience de nombreux cercles judiciaires, politiques fait son chemin. Dans 35 états du monde, la peine de mort n’est plus appliquée depuis au moins 10 ans – mais elle reste inscrite dans la loi.  Le Protocole de l’ONU sur l’abolition de la peine de mort compte 70  états parties qui ont aboli la peine capitale soit pour les crimes de droit commun, soit pour tout crime.

Du 24 au 26 février 2010,  le “4e Congrès mondial contre la peine de mort” se tiendra à  Genève, à  l’invitation  de la Confédération et de la Ville de Genève. Un congrès fait de tables rondes, d’ateliers,  de débats, de rencontres,  panorama des préoccupations, des causes, des outils de lutte contre la peine de mort.  Plus qu’un congrès comme tant d’autres, celui-ci invite à  s’inspirer de culture pour mieux mesurer la densité du problème.

Agenda
Mardi 23 février,  20h.00,  Grütli, Salle CAC Simon
Dans le cadre du festival FIFDH, la projection du film  ”Manners of dying”  de Jeremy Peter Allen sera suivi d’un débat avec l’avocat  Robert Bryan, qui défend aux USA  Moumia Abu-Jamal, condamné à  mort  en 1982 et toujours dans le couloir de la mort.
Mercredi 24 février,  20h.00, Théâtre de La Comédie
”Le dernier jour d’un condamné à  mort” d’après Victor Hugo.  Toute la puissance d’Hugo pour le monologue intense d’un homme face à  lui-même dans les ultimers instants de sa vie. Mise en scène de François Boursier,  joué par David Lesné.
Jeudi 25 février,  20h.00, au BFM
” Mots de victimes – voix d’expérience”  Un hommage aux victimes de la peine de mort, avec Emily Loizeau. Emily est de père français et de mère britannique. De son père militant politique, elle a hérité la haine de la peine de mort. Son talent ( inspiré de Brassens, Nina Simone ou les Beatles ) lui vaut des tournées internationales.
Vendredi 26 février,  13h.30,  CICG et Palais des Nations
Manifestation dans la rue en appel à  la mobilisation générale
– En permanence du 24 au 26 février
Au CICG ( Centre International de Conférences de Genève, Varembé) expositions de photographies, dessins de presse, et une installation . L’accès aux débats est libre.
Cérémonie de clôture le vendredi 26 février à  11h.00 au CICG
Avec la participation confirmée de  Robert Badinter, Micheline Calmy-Rey,  Abdou Diouf, Shirin Ebadi, Ibrahim Najjar, Navanethem Pillay,  soeur Hélène Préjean, José Luis Zapatero, …
Informations et références sur la toile : ECPM (Ensemble contre la peine de mort), organisateur du congrès.

Publié dans société