« Graffiti will never die ! » Florissant, Genève, mai 2008.
Les tags interactifs, les liens entre le monde naturel et le monde virtuel sont un phénomène relativement nouveau qui ouvre de nouvelles questions sur les conséquences et les changements des nouvelles technologies sur le comportement des individus et la perception du monde naturel, notamment celle de l’espace urbain.
Lors de la conférence dédiée aux changements qu’induisent les nouvelles technologies dans notre perception de l’espace et de l’utilisation de l’espace urbain (les Mardis de GenèveActive.ch et de la Fondation Braillard Architectes), Pierre Maudet, responsable du Département de l’environnement urbain et de la sécurité, Deus pour les amateurs d’acronymes symboliques, a promu et défendu l’engagement de la Ville de Genève en faveur de l’accès aux nouvelles technologies de la communication, gratuit si possible.
Selon le magistrat, il est important de faire rencontrer le domaine public physique avec le domaine numérique afin d’y agrandir la ville. En effet, de plus en plus de conflits apparaissent entre les différentes catégories (piétons, cyclistes, retraités, enfant…) utilisateurs des l’espace public physique et que l’espace numérique peut être un moyen de régler ces conflits. L’ambition, dans ce cas, est portée sur le développement du wifi avec des bornes disséminées dans la ville donnant un accès gratuit à internet.
Voir la vidéo de l’intervention de Pierre Maudet, avec Sami Coll et Bertrand Lévy, lors de la conférence organisée par Jacques Magnol et GenèveActive à la Fondation Braillard Architectes :
Les tags sont un mélange de symboles
Grafedia crée par John Gerarci (le mot est un mélange de graffitis, symbole urbain très fort, et multimédia) c’est un lien hyper-texte écrit à la main sur différentes surfaces et endroits de la ville (murs, bancs, trottoirs…) lié à un contenu media (images, vidéo, textes, sons…). Les passants peuvent « cliquer » sur ces liens hypertextes grafedia avec leur téléphone portable en envoyant un message adressé au mot + « grafedia.net » (par exemple) pour découvrir le contenu caché derrière le lien.
On peut ainsi créer de l’art de la rue et dialoguer entre auteurs, ou créer des histoires interactives ou des poèmes dans des espaces publics. Grafedia est un lieu de publication débordant et interactif facile à utiliser. C’est un système ouvert car les endroits et les manières de l’utiliser sont sans limites. Avec Grafedia chaque surface devient une page web potentielle qui permet au monde psysique de rejoindre le web.
Le but est donc de réunir le monde naturel au monde interactif et montrer que les frontières du web sont arbitraires et que donc chaque surface physique peut devenir une page web. Nous pourrions vivre ainsi dans un monde mi-naturel mi-virtuel en navigant de lien en lien exactement comme sur internet. Ces messages secrets auraient le pouvoir de lier une personne avec une autre qui aurait emprunté le même chemin.
Dans son article « The Web is all around us even on the walls » Elizabeth Armstrong Moore décrit les différentes technologies qui cherchent à ouvrir les portes du web et à dilater ses limites jusque dans le monde réel: “ Avec Grafedia, j’ai vu que le web quittait les écrans des ordinateurs et devenait omniprésent’, dit Le fondateur de grafedia John Geraci un étudiant diplômé en télécommunication interactive à l’université de New-York. “ Je voulais faire quelque chose qui soit une version extrême de ce modèle, ou l’on oublierait totalement l’idée d’ordinateur et ou le web serait libre de courir dans les rues’
J. Gerarci à atteint l’idée répandue de nos jours selon laqeulle la ligne entre le naturel et le monde virtuel est artificielle et que le web est tout autour de nous et non pas seulement sur l’écran de nos ordinateurs.
Une autre compagnie qui facilite high-tech graffitis est Yellow Arrow qui cherche elle aussi à lier le monde virtuel au monde naturel.
En donnant un nom et une adresse, chcaun peut s’inscrire sur yellowarrow.org et commander un sticker en forme de flèche par mail. Chaque flèche contient un code et un numéro de telephone. Comme avec Grafedia chacun peut coller ses stickers n’importe où (devant sa porte, sur sa veste..) et télécharger un fichier sur le site web, fichier qui sera accessible via un téléphone portable ou sur le site même. Le mouvement est lancé et même le guide de voyage « Lonely Planet » a adopté le projet et encourage les voyageurs à laisser des traces de leur passage sous forme de flèches.
Un projet canadien, à Toronto, appelé [ murmur] utilise les concepts de Grafedia et de Yellow Arrow pour tagger des endroits spécifiques mais cette fois les narrateurs enregistrent des petites histoires à propos de différentes parties de la ville auxquelles les passants peuvent accéder en composant le numéro du lieu taggué.
Ces nouvelles technologies vont-elles changer notre perception du monde naturel et nous rendre socialement interactifs?
Lisa del Papa
Voir aussi:
Psycho-géographie : “la nationalité ne devrait pas être fixée selon notre lieu de naissance, mais selon celui où l’on se sent bien.
Les applications de la psycho-géographie prétendent redonner le sens dont l’aménagement rationnel prive toujours plus les lieux dans lesquels nous vivons. Avec Laurent Haug et Nicolas Nova.