Le savoir-faire horloger candidat à l’inscription au patrimoine immatériel de l’UNESCO

MakeSwisMadeGreatAgain de H. Moser & Cie, 2015.

Curieusement, l’horlogerie et son savoir-faire en mécanique horlogère et mécanique d’art – une compétence qui est presque synonyme de la Suisse à travers le monde – n’est pas inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Cela pourrait changer car la Suisse a déposé un dossier à l’UNESCO en collaboration avec la France.

La candidature des Savoir-faire en mécanique horlogère et mécanique d’art a été officiellement déposée à l’UNESCO en vue d’une inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. La Suisse a déposé ce dossier en collaboration avec la France. L’UNESCO devrait décider de l’inscription de cette tradition vivante emblématique de l’Arc jurassien en novembre 2020. La Suisse est également associée à la candidature des « Techniques artisanales et pratiques coutumières des ateliers de cathédrales, en Europe », placée sous l’égide de la France.

La convention, adoptée en 2003 et en vigueur depuis 2006, permet aux États membres d’enregistrer ce que l’organisation des Nations Unies décrit comme «des traditions ou des expressions vivantes héritées de nos ancêtres et transmises à nos descendants» – telles que l’artisanat, les compétences et les événements culturels. Selon le dernier décompte de l’Unesco, 178 États ont signé la convention (les États-Unis, la Russie, l’Australie et la Grande-Bretagne n’en font pas partie).

“La naissance d’une montre”. SIHH. Photo Jacques Magnol.

Les Savoir-faire en mécanique horlogère et mécanique d’art comprennent l’artisanat horloger situé le long de l’Arc jurassien de Genève à Schaffhouse, mais aussi la fabrication d’automates et de boîtes à musique, caractéristique de la région de Sainte-Croix. A la croisée des sciences, des arts et de la technique, ces savoir-faire conjuguent des compétences individuelles et collectives, théoriques et pratiques, dans le domaine de la mécanique et de la micromécanique. Dans cet espace franco-suisse, une grande diversité d’artisans, d’entreprises, d’écoles, de musées et d’associations valorisent et transmettent ces techniques manuelles à la fois traditionnelles et tournées vers l’innovation.

Si les savoir-faire en mécanique horlogère et mécanique d’art ont en premier lieu une fonction économique, ils ont aussi façonné l’architecture et l’urbanisme, ainsi que la réalité sociale quotidienne des régions concernées. Ils véhiculent une symbolique propre, associant des notions de précision, de raffinement et de temporalité qui ont des conséquences notables sur la définition des identités locales et régionales. Un des atouts de cette candidature réside aussi dans son lien avec l’Urbanisme horloger de La Chaux-de-Fonds et du Locle, inscrit au Patrimoine mondial en 2009, et dans son fort caractère transfrontalier.

La candidature portée par la Suisse a été préparée par l’OFC avec un groupe de pilotage binational regroupant des artisans, des formateurs, des représentants de musées et de collectivités territoriales françaises (Communauté d’agglomération du Grand Besançon et Pays horloger). Après une procédure d’évaluation qui durera près de 18 mois, l’UNESCO devrait décider en novembre 2020 de l’inscription de cette tradition sur la Liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.

La Suisse est également associée à la candidature multinationale des « Techniques artisanales et pratiques coutumières des ateliers de cathédrales, en Europe » au Registre des bonnes pratiques de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. Ce dossier, placé sous l’égide de la France, a été réalisé en collaboration avec l’Allemagne, l’Autriche, la Norvège et la Suisse. La fondation Basler Münsterbauhütte a participé activement à l’élaboration de cette candidature dans le cadre de la Dombaumeister e.v. (Europäische Vereinigung der Dombaumeister, Münsterbaumeister und Hüttenmeister).

Candidatures suisses
Le Conseil fédéral a approuvé en octobre 2014 une liste indicative de huit traditions suisses candidates au Patrimoine culturel immatériel de l’humanité : le Carnaval de Bâle, le Design graphique et la typographie suisses, la Fête des Vignerons de Vevey, la Gestion du danger d’avalanches, les Processions de la semaine sainte à Mendrisio, la Saison d’alpage en Suisse, les Savoir-faire en mécanique horlogère et le Yodel. L’UNESCO a inscrit la Fête des Vignerons de Vevey sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel en décembre 2016, le Carnaval de Bâle en 2017, la Gestion du danger d’avalanche et l’Art de la construction en pierre sèche (dossier multinational) en 2018. Déposée en mars 2018, la candidature des Processions de la semaine sainte à Mendrisio sera examinée en décembre prochain par l’UNESCO. A cette occasion sera aussi traitée la candidature multinationale de l’Alpinisme à laquelle participe la Suisse.

La Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO
Avec la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, ratifiée par la Suisse en 2008, l’UNESCO entend documenter et sauvegarder les traditions et expressions orales, les arts du spectacle, les rituels et évènements festifs, l’artisanat traditionnel ainsi que les savoirs et les pratiques concernant la nature. La Liste représentative du patrimoine culturel immatériel contribue à sensibiliser le public à l’importance de cet héritage.

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