Le Musée d’art et d’histoire de Genève rassemble plus que les nightclubs

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L’artiste Patrick Rimoux a transformé la façade du Musée d’art et d’histoire en lanterne magique à  l’occasion de la FeÌ‚te du Centenaire. @ Patrick Rimoux.

Le Musée d’art et d’histoire de Genève a fêté son centenaire les 15 et 16 octobre 2010. Les deux jours de fête du Musée ont accueilli 8836 personnes, dont plus de 5000 le samedi 16 octobre. Une semaine plus tard, le grand raout de protestation des clubbers contre la fermeture de boîtes de nuit, annoncé comme l’événement de l’année, a péniblement réuni 3000 personnes, dont 1000 le samedi 23 octobre. C’est donc avec leurs pieds que les Genevois ont manifesté leurs préférences.

 La création contemporaine a séduit dans le musée centenaire

Au MAH, c’est la forte présence de la tranche d’âge 20-40ans qui a frappé les organisateurs. Remarquablement ouvert sur la création contemporaine, le programme proposait de la musique avec la Fanfare du Loup et l’Ensemble Contrechamps, de la danse conbtemporaine avec Noémie Lapsezon, de nombreuses visites thématiques et aussi un grand bar avec DJ aménagé dans la cour du musée, qui était ouvert dans la nuit de vendredi à  samedi. La scénographie intérieure était réalisée par les étudiants de la Haute école d’art et de design de Genève.  A l’extérieur, le bâtiment était transformé en lanterne magique avec la projection, sur les façades, d’images des objets phares des collections de l’institution. Cet éclairage a été conçu et orchestré par l’artiste français Patrick Rimoux.

L’activisme sur canapé avec Facebook

Coté clubbing, les rassemblements du vendredi 22 et du samedi 23, instrumentalisés par les partis de droite et des milieux alternatifs, étaient censés témoigner pêle-mêle du manque de lieux culturels et de complexes festifs de tous genres. Partis près de dix mille annoncés sur Facebook, retenus par un prompt confort, ils se virent deux mille en arrivant sur la plaine, illustrant ainsi la tendre expression d’activisme mou qui caractérise l’engagement sur un réseau social. L’activisme sur canapé permet en un seul clic de signaler sa présence sans se déplacer ni faire de sacrifice.

Paradoxalement, selon le rapport quelque peu scolaire commandé par Patrice Mugny, le conseiller administratif en charge du Département de la culture, ce ne sont pas les lieux qui manquent à  Genève : “Les critiques formulées à  l’égard de la vie nocturne genevoise ne se situent pas niveau du nombre de lieux – très ou trop nombreux, mais l’image d’une vie nocturne peu attractive revient souvent. Les producteurs et régulateurs sont en fait plus critiques quant au contenu ou à  la qualité de l’offre de sortie. Les producteurs et régulateurs observent depuis quelques années une forte polarisation des lieux de sortie à  Genève, deux types de lieux ont survécu à  ces changements: les lieux de haut standing et/ou spécialisés, et les lieux dits “de culture alternative” ou subventionnés. Ils expriment leur inquiétude quant à  la difficulté de gérer un lieu “intermédiaire”, soit de petite taille, soit fonctionnant de manière privée mais proposant des prix accessibles, soit proposant des prestations culturelles ponctuelles ne présentant que peu d’intérêt lucratif. Cette polarisation a des répercutions (sic) sur la composition du public par lieux et sur la difficulté de proposer un lieu “tous publics”. ” Le rapport ne se hasarde pas à  définir ce que pourrait être un lieu “tous publics”, (un bistrot de gare par exemple?) ni à  formuler des propositions.


Patrice Mugny, 19 octobre 2010.

Lors de sa conférence de presse, le magistrat a vertement rappelé aux mauvais joueurs le soutien indéfectible qu’il apporte, depuis le début de son mandat, à  la culture subventionnée dite “alternative”. En imaginant que, faute de lieux, de jeunes entrepreneurs pourraient un jour investir des locaux inoccupés afin de pallier les insuffisances actuelles, il me semble que le magistrat invite les requérants à  un activisme plus dynamique. Lors du Forum GenèveActive qui s’est tenu au grü en début d’année, le sociologue Fabrice Raffin invitait également les collectifs culturels à  ne pas se concentrer uniquement sur les politiques:
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Engagés dans des stratégies individuelles débridées de conquête de pouvoir, par la double demande d’un siège dans les commissions tout en gardant le statut de contestataire, les collectifs culturels semblent négliger de convaincre les autres acteurs sociaux. L’enjeu de la contestation fait partie d’un processus de branding personnel, soit l’acquisition d’un “statut médiatique” qui pèse ajourd’hui plus lourd que la valeur de ce que l’on est capable de faire réellement. Au groupe, le sociologue rappelle que “la construction de la légitimité se joue à  plusieurs niveaux et que sa responsabilité est engagée dans sa possibilité à  communiquer”.

 Jacques Magnol

 

Lire également sur GenèveActive.ch
Faut-il créer des zones culturelles à  Genève ? Le 9 mars 2010, lors du Forum GenèveActive au Grü, Rémy Pagani, maire de Genève, René Longet, maire d’Onex, Fabrice Raffin, sociologue, et Andreas Schweizer, de Patrimoine industriel, ont fortement fait progresser le débat sur la nécessité de créer le cadre légal nécessaire à  l’exercice d’une activité artistique dans différentes zones. Commentaires et vidéos.

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Un commentaire pour “Le Musée d’art et d’histoire de Genève rassemble plus que les nightclubs
  1. Brigtte Audeoud dit :

    Oui, peut-être. De plus, je trouve qu’il existe un lieu intéressant et démocratique pour envoyer ses réflexions sur la politique culturelle, et notre situation, c’est l’audition du message culture à  l’Office Fédéral de la Culture, et ceci juasqu’au 24 novembre 2010. Je m’y suis mise d’ailleurs.
    http://www.bak.admin.ch/themen/kulturpolitik/03720/index.html?lang=fr
    Lors de la journée d’information ouverte à  tous (il y avait peu d’artistes ai-je constaté), nous avons appris beaucoup de choses intéressantes et le dynamisme des équipes m’a impressionée. Le nouveau tunnel du Gothard nous ouvre bientôt un peu plus vers l’Europe, j’imagine que les milieux culturels pourraient aider à  creuser aussi… en particpant … mais c’est un sentiment très personnel.
    Meilleurs messages
    Brigitte Audeoud
    Etudiante suisse adulte, Master-recherche arts plastiques
    Université de Provence

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