Le Galpon demande un enterrement de première classe

affiche galpon

C’est par une affiche collée par les services de la Ville sur sa façade que le directeur du Théâtre du Galpon dit avoir appris qu’il devra quitter les lieux avant le 1er septembre. Depuis que le Conseil administratif, par la voix de Patrice Mugny, a annoncé qu’il ne s’opposerait pas à  l’opération de décontamination du site, la fin des structures artistiques qui se trouvent sur l’ancien emplacement des Services industriels est inéluctable sans que d’autres espaces de travail aient été proposés aux quelques trois cents personnes concernées. Les compagnies qui exercent au Galpon devraient trouver, en dernier ressort, refuge à  la Parfumerie ou dans la salle de gymnastique de la caserne des Vernets. Pour Gabriel Alvarez, il est illusoire d’opposer une notion de culture indépendante ou alternative à  une autre institutionnelle tant les deux sont absolument dépendantes du financement public.

Entretien avec Gabriel Alvarez:

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Pour Gabriel Alvarez la situation de la culture se détériore au niveau européen sous la dictature de l’audimat qui favorise une culture consumériste chère aux néo-libéraux. Les arts vivants se fragilisent sous la pression des politiques qui instrumentalisent une insaisissable culture populaire contre une autre prétendument élitiste. A Genève le jeu politicien s’alourdit par la mise en cause des artistes présents sur Artamis qui seraient coupables d’empêcher la construction des logements qui font si cruellement défaut !

Le directeur du Galpon attribue la crise du théâtre à  l’absence de vision politique du point vue théâtral. Le Conseil municipal a voté un crédit de 4 millions destiné au concours et à  l’étude de l’implantation d’une Nouvelle Comédie qui viendrait remplacer l’actuelle Comédie, prétendument inadaptée aux exigences de la création moderne. En fait Benno Besson en son temps a démontré qu’il était possible de faire un travail de recherche avec l’outil existant, de gagner la confiance du public et d’exporter ses créations à  l’étranger, cherchez l’erreur. Une culture très active existe à  Genève,au moment où l’Etat tente à  tout prix de l’abandonner comme en a témoigné la tentative de transfert des charges, la question de la protection de ce dynamisme culturel est posée.

Rue Piachaud

Manque d’espaces? En Suisse alémanique les manèges ont pour la plupart été transformés en théâtres, celui de la rue Piachaud, à  Genève, en Vieille-Ville, est devenu un parking.

Cependant, malgré l’intérêt témoigné par la majorité des médias locaux et l’afflux des visiteurs lors de ces deux derniers week-ends du Dernier printemps du Galpon, c’est le milieu du théâtre, qui hormis le soutien du Théâtre du Grütli, s’est montré le plus chiche; le Rassemblement des artistes et acteurs culturels (RAAC) s’est aussi fait très discret sur ce sujet lors du Forum “Art, culture et création” qui s’est tenu les 22 et 23 février dans la Black Box du Grü où, comme l’an passé, l’excuse du peu de temps disponible a permis d’éviter qu’un réel débat s’instaure vraiment avec le public pourtant majoritairement composé de professionnels; mais pour qui roule réellement le RAAC ?
Le manque d’espaces est un argument de façade utile à  entretenir un sentiment de bonne conscience politique, des lieux comme les cinémas Plaza ou Strada sont inoccupés depuis des années, l’ancien musée de l’automobile voisin de Palexpo vient de fermer ses portes après des années pendant lesquelles l’argent des banques n’a pas manqué pour soutenir aveuglément un projet qui n’a jamais suscité l’intérêt du public. L’espace de l’ancien cinéma Plaza est actuellement fermé, son nouveau propriétaire veut le transformer en supermarché, tout un symbole !

Le Galpon ne mourra pas le premier septembre, il présentera son dernier spectacle, en diagonale avec le Festival de la Bâtie, jusqu’au 14 septembre 2008.

JM

 


Galpon

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Publié dans scènes
3 commentaires pour “Le Galpon demande un enterrement de première classe
  1. lintermittent dit :

    La volonté de désengagement de l’Etat est apparue en 2007 à  l’occasion du projet de transfert des charges, elle est claire et nette. Il n’y avait aucun magistrat de droite au rassemblement du raac, pourquoi: pas invités? non : pas intéressés.

  2. le solidaire dit :

    La politique actuelle en matière de culture, de Mugny mais pas seulement, est alarmante. La plupart des politiques, y compris certains à  gauche, ne défendent pas la culture, ils souhaitent la mettre au pas. Normal donc que des espaces de liberté comme Artamis ou la scène alternative en générale soient leurs cibles, insupportables creusets qui échappent aux diktats venus d’en haut. Il y a moins d’un an disparraissait Rhino, bientôt se sera Artamis, et l’Usine déjà  est ébranlée par des pétitions en cascade de quelques voisins mécontents. Quant à  MottattoM, la seule menace qui pèse sur un des derniers espaces libres de création, c’est la volonté de Pagani de tout raser pour y construire des immeubles, alors qu’à  quelques mètres, un parking en surface pourrait supporter bien plus de logements sans mettre personne à  la rue. Le même Pagani défilait sans vergogne lors de la manif pour des espaces culturels autogérés. Sans honte et en nous prenant vraiment pour des cons.

  3. Delacoste Bernard architecte et éclairagiste dit :

    Après la débandade totale de la Maison de la danse, voilà  la disparition du Galpon.

    Dans les deux cas on peut lire l’incapacité du politique à  entrevoir autre chose que l’opportunité électoraliste à  court terme.

    Aucune vision, aucun projet, aucune culture.

    Quand on fait le bilan de ses 20 dernières années, on ne peut que déplorer la qualité extrèmement médiocre de nos dirigeants.
    Les chefs de département en tête et tous les sous chefs qui vont avec.

    Mais comme le subventionneur a toujours raison, tout le monde se tait. C’est tout simplement écoeurant

    Delacoste Bernard

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