Le Conseil d’Etat soutient un projet novateur en faveur de l’habitat senior

 Fin juillet 2008, le Conseil d’Etatde Genève  a adopté quatre projets de loi ouvrant un crédit global maximum à  titre d’indemnité cantonale d’investissement de 78,941 millions de francs afin de mettre prochainement à  disposition un total de 548 lits en établissements médicaux-sociaux (EMS) et 24 places au sein d’un établissement pour personnes handicapées (EPH).

Les quatre projets de lois adoptés par le Conseil d’Etat prévoient la construction de cinq nouveaux EMS totalisant la création de 359 nouveaux lits : à  Meyrin Chêne-Bougeries, Veyrier, Pâquis et Versoix.

 Le projet de loi relatif à  l’EMS « Le Prieuré » doit permettre la construction d’un ensemble intergénérationnel qui s’adresse à  des populations différentes. L’établissement comprendra 43 nouveaux lits et 101 lits EMS reconstruits, mais aussi une crèche de 60 places, une vingtaine de logements pour étudiants et des lieux d’activité ouverts au public (restaurant, commerces, cabinet de physiothérapie, salle de spectacle, etc.). Un nouveau foyer pour adultes polyhandicapés de 24 places y sera installé et dix places  d’atelier protégé y verront le jour. Le Conseil d’Etat soutient ce projet novateur initié par la Fondation Clair Bois qui est partenaire. Il permettra de regrouper différentes populations en un lieu ouvert au public et contribuera ainsi efficacement à  intégrer des personnes polyhandicapées dans la cité.

 Quel logement pour la retraite ?

 L’habitat dans lequel vit une personne durant sa vie, que ce soit un deux pièces ou un château, est un lieu fondamental. Elle le façonne petit à  petit afin qu’il lui ressemble, elle y met du cà“ur, des souvenirs. C’est un lieu où elle grandit, un lieu où elle se construit, c’est le lieu où elle aimerait finir sa vie. Mais justement peut-on vraiment vivre toute notre vie dans ce lieu d’affection? Que ce passe-t-il lorsqu’une personne arrive à  l’âge de la retraite ? La plupart du temps une personne âgée se retrouve devant deux choix possibles quant au lieu d’habitation: soit elle reste vivre chez elle,  soit elle part en maison de retraite. Les retraités qui n’ont pas les moyens d’intégrer une EMS ou qui préfèrent vieillir dans un endroit qui leur est cher restent chez elles. Mais très vite l’appartement n’est plus adapté aux besoins changeants de leur âge. Peu à  peu, ne pouvant plus sortir seules ces personnes finissent par s’isoler du monde extérieur. Dans d’autres cas, s’ils ne l’ont pas fait au départ, les retraités finissent par intégrer des maisons de retraite afin que des personnes spécialisées prennent soin d’elles. Mais c’est souvent dur pour ces individus de retrouver leurs marques sur un terrain inconnu et dépourvu de souvenirs. Pourtant il existe de plus en plus de solutions intermédiaires à  ces alternatives qu’il est nécessaire de développer et populariser au plus vite
à€ l’heure actuelle, le phénomène du papy-boom suscite de nombreux questionnements quant à  la meilleure manière d’accompagner  les nombreux retraités en cette dernière étape de leur vie. D’autant plus qu’il existe un grand nombre de seniors qui n’ont pas ou peu de famille proche et dont il faut se préoccuper en premier.

 Un EMS futuriste à  Genève 

 Auparavant, les choses étaient plus simples; les enfants s’occupaient de leurs parents jusqu’à  la fin de leur vie. Ces derniers veillaient sur leurs petits-enfants afin de soulager quelque peu les parents et de garder une occupation. Tous partageaient le même habitat en s’aidant et en se respectant…
Et si la société actuelle revenait à  un modèle semblable ? L’habitat intergénérationnel semble justement être une option possible au problème. En effet, un nouveau phénomène est entrain de se développer ; celui des habitations groupées. Le but est de créer un habitat dit intergénérationnel, où des gens de tout âge (familles, célibataires, retraitées, jeunes couples) cohabitent dans un environnement basé sur l’entraide et le respect de chacun.
Il existe un exemple en Alsace près de Colmar ou une fondation a réussi à  créer des logements pour une vingtaine de personnes. Chacun garde son intimité en ayant son propre appartement, mais peut profiter d’infrastructures communes comme une buanderie ou un jardin potager. Ce cadre de vie intergenerationnel crée une dynamique d’entraide et de partage au quotidien qui permet aux gens qui vieillissent dans ce lieu de rester jusqu’à  la fin.
à€ Genève, un projet basé sur ce même esprit va voir le jour prochainement  « un EMS futuriste » sera construit à  la Gradelle pour remplacer l’actuel Prieuré. Le concept est de réunir en un même lieu un EMS, une crèche, une extension de Clair-Bois et des logements pour étudiants. Les étudiants pourront loger gratuitement en échange de quelques services dans l’EMS. De plus, pour faciliter le contact entre les différentes générations un lieu de rencontre commun à  été imaginé ; « la place du village » situé au centre des trois bâtiments.
Ce projet amène une nouvelle dimension à  l’EMS qui n’est plus un lieu isolé où habitent uniquement des personnes âgées, mais un lieu dynamique, ouvert à  tous et où chacun y trouve sa place.
La notion d’habitat intergénérationnel a débuté avec la colocation entre seniors et étudiants, notamment en France, il y a déjà  plusieurs années. En effet, de nombreux étudiants avec peu ou pas de moyens financiers peuvent trouver un hébergement chez une personne âgée en contrepartie de leur compagnie ou de petits services. Parisolidaire  est une des premières associations à  avoir développé le logement intergénérationnel en région parisienne mais il existe de nos jours 38 autres structures de ce genre en France. Location contre présence  est une solution qui fonctionne bien à  condition biensur de former avec son colocataire un bon binôme.

 Le dernier lieu d’habitation est aussi important que le premier

 Depuis peu, une autre forme de colocation commence à  se faire entendre; celle de la colocation entre seniors. L’association La Trame a vu le jour à  Montpellier afin de mettre en place « des dispositifs et des actions qui préviennent des risques individuels liés à  la solitude ». Une des  principales actions consiste à  aider les seniors solos du baby-boom à  trouver des colocataires et un logement adapté entre seniors. Ce nouveau type de colocation a déjà  fait ses preuves en Allemagne et dans les Pays-Bas ou le phénomène existe depuis quelque temps déjà .
Une autre alternative aux maisons de retraite traditionnelles et dont le principe est aussi basé sur la colocation entre seniors est celle d’adhérer des maisons de retraite gérées par les seniors eux-mêmes. La maison des Babayagas par exemple situé à  Montreuil à  été crée par quatre femmes septuagénaires et copines depuis 25 ans qui ont décidé de finir leurs jours ensemble. Leur but n’est pas de s’isoler entre seniors dans une grande et belle maison mais de continuer à  effectuer des activités utiles pour la société comme l’aide scolaire, l’aide aux jeunes femmes, de la gymnastique, des soins du corps etc. afin de trouver un bien-être  tant individuel que collectif. Leur projet innovateur « autogestionnaire et solidaire » à  séduit le maire ainsi que le directeur de l’office HLM de la ville de qui elles ont obtenu un accord financier et, qui a accepté, en 2003, de se porter garant à  leur projet. Elles ont donc fait appel à  un architecte afin de les aider à  réaliser une maison pour vingtaine d’habitants adaptée à  leurs besoins. Le chantier a commencé en 2005 et devrait être terminé très bientôt.
Le dernier lieu d’habitation est aussi important que le premier. Dans ce domaine, la retraite est souvent synonyme de solitude à  domicile ou de placement obligatoire en maison de retraite. Dans ces deux cas, les personnes âgées perdent leur statut social et deviennent des fardeaux auprès de la société active. Pourtant les paliers intermédiaires entre ces deux extrêmes sont nombreux. Qu’il s’agisse d’habitats collectifs intergénérationnels ou entre seniors, il existe d’autres solutions pour que les aînés finissent leurs jours dans un milieu qui leur correspond et dans lequel ils se sentent bien. Mais la chose important c’est surtout de revaloriser les aînés dans les mentalités collectives. Il y a eu un changement au rang des seniors qui ont pris les devants afin que les choses changent. Il est nécessaire de continuer à  développer des formules nuancées et différentes pour que chaque individu y trouve son compte et puisse continuer à  garder une identité qui lui est propre.

Lisa del Papa

Publié dans architecture et urbanisme, société