J’étais. Je suis revenu. Je n’ai jamais été

BIP, Bureau d’interventions publiques: Paulo Wirz, fresque. Photos Michel Giesbrecht

La Foncière, a mandaté la HEAD-Genève pour une installation artistique dans le passage piéton qui traverse le nouvel immeuble qu’elle a fait construire au 77 rue de Lyon.
A l’issue d’un semestre de recherches théoriques et pratiques menées dans le cadre du Bureau des interventions publiques de la HEAD, les étudiant·e·s de Bachelor et de Master en Arts visuels ont présenté leurs propositions à un jury qui a désigné Paulo Wirz lauréat de ce concours.

BIP, Bureau d’interventions publiques: Paulo Wirz, fresque.

J’ETAIS. JE SUIS REVENU. JE N’AI JAMAIS ETE se compose de médaillons en bronze gravés d’yeux ouverts ou fermés fixés sur les deux portails qui ferment le passage la nuit, et sur tout le mur où ces deux ventaux pivotants sont rabattus le jour.
L’analogie entre les yeux ouverts ou fermés le jour ou la nuit et ces portails vient simplement comme une évidente et en a la force. Cette lecture n’en occulte pas d’autres plus complexes sur le regard poétique, pensons à la passante de Baudelaire, au clin d’œil complice, à l’enregistrement sécuritaire des caméras de surveillance. Bon ou mauvais œil, miroir de l’âme, regard qui tue des chansons populaires et de la Gorgone, les interprétations sont multiples. Passages, yeux ouverts ou clos sont aussi de possibles « memento mori ».

A cette richesse de sens s’ajoute celle du matériau, bronze à patine doré, celle du raffinement de la ciselure et jusqu’à la forme de la médaille comme de grosses pièces d’or. Ce caractère décoratif assumé façon grand siècle ou siècle d’or est aussi plaisir des yeux. Il s’harmonise par contraste avec la rigueur géométrique de l’architecture et des grilles, au gris du béton et au noir des ferronneries.

Cette proposition généreuse et délicate se voit également de jour comme de nuit. Version nocturne, les portails fermés, les yeux tournés vers la rue. Version diurne, ventaux ouverts et rabattus sur le mur, certains yeux passant alors derrière les barreaux en un jeu d’ombre et de superposition.

Claude-Hubert Tatot

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