Jean-Xavier Renaud, “Le feu,” 2016, Huile sur noyer, 17,5 x 13,5 cm, Collection particulière. ©Solarium Tournant
L’association Solarium Tournant invite 15 artistes à traiter “Le Côté ombre” pour la Biennale de l’architecture disparue qui se déroule du 10 octobre au 29 novembre 2020, à Aix-les-Bains.
C’est au musée Faure, dans la reconstitution de la chambre que Lamartine occupa lors de ses séjours aixois de 1816 à 1830, que Jean-Xavier Renaud expose « Le feu » une petite huile sur bois dans un esprit réaliste façon XVIIe. Le tableautin encadré en noir, comme les deux petites gravures, l’une représentant Lamartine l’autre Julie Charles, est peint sur noyer.
Le feu, sur noyer, sujet brûlant et par approximation sonore improbable alliance entre eau et flamme. Que les meubles lamartiniens exposés proviennent tous de la Pension Perrier située à l’emplacement des Thermes actuels ajoute au cocasse.
Si je me permets ces digressions c’est que Jean-Xavier Renaud n’est avare ni d’humour ni de titres en jeu de mots.
Cette petite nature morte sur bois renoue avec la peinture ancienne tant par son support que dans sa manière ténébriste. A ceci près que la bougie, réminiscence de Georges de La Tour mais aussi du contemporain Gerhard Richter est remplacée par un briquet jetable jaune. Allégorie du temps qui passe et de notre société de consommation cette image est aussi réaliste qu’impossible. C’est une fantaisie que seule la peinture peut rendre sans trucage puisque la flamme est alimentée en gaz sans qu’un pouce n’en maintienne la commande par pression.
Dans le tableau « La trahison des images » Magritte associe la bougie au mot plafond. En substituant le briquet à la chandelle, Jean-Xavier Renaud opère un glissement iconographique. En omettant le pouce, il fait œuvre d’abstraction et trahit le réel. Plus qu’un jeu avec l’absurde qui tendrait vers le surréalisme, plus qu’une inquiétante étrangeté et un glissement de la culture savante vers la culture populaire, Jean-Xavier effectue un jeu très sérieux avec la peinture, son histoire, sa force et son autonomie face au réel. Pareil tableau ne pourrait trouver meilleure place que dans cette chambre Lamartine présentée comme simple suggestion.
Claude-Hubert Tatot
Biennale de l’architecture disparue
La “Biennale de l’architecture disparue” est à l’initiative de l’association Solarium Tournant avec le concours de 15 artistes plasticiens dont les œuvres sont présentées.
Du 10 octobre au 29 novembre 2020
Musée Faure. Aix-les-Bains.
Site de Jean-Xavier Renaud : https://jxrenaud.com/