La cinéaste Jacqueline Veuve est décédée

Jacqueline Veuve. Photo : Lorenzo Carlomagno.

La cinéaste Jacqueline Veuve est décédée le 18 avril 2013. Voir son entretien avec Genèveactive :

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Interview par Jean Ehret en janvier 2009

L’hommage des organisateurs du festival Visions du réel :
Considérée comme l’une des dernières représentantes de la glorieuse école de cinéma ethnographique des années 1960, elle a, tout au long de sa carrière, observé le monde avec un regard résolument humaniste. « Profondément ancrée dans son territoire, chroniqueuse attentive de métiers et de modes de vie en voie de disparition, Jacqueline Veuve a su en même temps faire oeuvre de création » déclare Luciano Barisone, directeur du Festival Visions du Réel. Et d’ajouter : « Comme tous les grands poètes du cinéma, de Rouch à Rossellini, elle nous a livré, film après film, sa vision du monde, où la diversité, la solidarité, le lien entre les hommes ont encore un sens. Dans notre société mondialisée et individualiste, son travail extraordinaire continuera de résonner longtemps avec force. »

Claude Ruey, président de Visions du Réel relève que « par la qualité et l’abondance de son oeuvre, par son attachement aux personnes et sa relation avec la réalité de ce pays, Jacqueline Veuve a plus fait pour le cinéma du réel que tous les discours que nous pourrions consacrer à cet art. Le meilleur hommage que nous puissions lui rendre c’est de poursuivre dans la voie qu’elle a tracée et de continuer à faire vivre toujours plus le cinéma du réel. »

Jacqueline Veuve reçoit le Prix d’honneur du cinéma suisse (19 février 2013)

La réalisatrice de films documentaires romande Jacqueline Veuve reçoit un prix d’honneur pour l’ensemble de sa carrière dans le cadre du Prix du cinéma suisse 2013. L’Office fédéral de la culture distingue la cinéaste pour l’ensemble de son œuvre. Ses films comptent parmi les chroniques les plus significatives de notre époque.

La grande dame du film documentaire suisse

Son œuvre fait partie de la mémoire de la Suisse. Réalisatrice de films documentaires, chroniqueuse, Jacqueline Veuve, lauréate du Prix d’honneur du cinéma suisse, a tourné plus de 60 courts et longs métrages documentaires présentés dans des festivals du monde entier et couronnés par des prix internationaux. Jacqueline Veuve est née en 1930 à Payerne. Après une formation de documentaliste à Genève, elle travaille à Paris dès les années 1950 au Musée de l’homme avec l’ethnographe et cinéaste Jean Rouch. Dans les années 1970, elle réalise des courts métrages au Massachusetts Institute of Technology sous la direction de Richard Leacock, le représentant du Direct Cinema. Jacqueline Veuve est une «chroniqueuse du quotidien»: l’homme et son travail, la vie à la campagne, les artisans sont des sujets récurrents dans ses films, comme en témoignent les titres suivants: «Jour de Marché» (2002), «Chronique vigneronne» (1999), «Chronique paysanne en Gruyère» (1990), «Les frères Bapst, charretiers» (1989) ou encore «Boîtes à musique et automates» (1986). Beaucoup de films sont des portraits, à la fois précis, engagés et subtils comme «La mort du grand-père ou le sommeil du juste» (1978), «Claude Lebet luthier» (1988) et «La petite dame du Capitole» (2005).

Un petit coin de paradis : Jacqueline Veuve dresse le portrait d’un village valaisan

En consacrant trois ans au tournage, Jacqueline Veuve dresse le portrait joyeux du village abandonné d’Ossona, dans le Val d’Hérens en Valais. Elle observe sa transformation en site agro-touristique par des jeunes en difficulté qui travaillent sous le regard affectueux d’anciens du lieu, qui étaient enfants lorsque l’endroit vivait en autarcie. L’un deux avance : « Si on menait maintenant la même vie qu’à  l’époque en bossant 11h par jour sans congés, au bout d’une semaine la femme quitterait la maison ! » Comment se fait-il que les moeurs aient tellement changé en deux générations ? Le développement durable semble être le seul moyen pour que le monde traditionnel rencontre le monde moderne.

Un petit coin de paradis. Documentaire de Jacqueline Veuve, 1h25.

La deuxième partie de cet article a été publiée le 18 janvier 2009.

Publié dans cinéma, scènes