De Funès recyclé par Sandra Gaudin

La metteure en scène Sandra Gaudin met en jeu plusieurs comédiens qui, à tour de rôle, incarnent le riche promoteur du film “Oscar“(1967). Le vrai dessein de la mise en scène est ici de mettre en abyme la figure de l’acteur comique.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bertrand Tappolet: L’affiche du spectacle évoque un collage issu des avant-gardes russes mêlant plusieurs mediums, comme chez Alexandre Rodtchenko. S’agit-il pour vous d’adaptation et de recyclage de l’univers filmique et théâtral de Louis de Funès ?

Sandra Gaudin : La démarche peut effectivement s’apparenter au recyclage. Soit, le fait de prendre une matière et de la transformer, d’en faire autre chose. Nous avons pris beaucoup de textes, pas uniquement issus de la filmographie de Louis de Funès et les avons ainsi retravaillés pour donner du liant. Il y a la trame avec le côté populaire de l’acteur, ce désir d’exploiter son jeu, de la décortiquer, tout en s’en éloignant, dans le même temps, à certains moments, pour se cristalliser sur sa vie intime. Ainsi, lorsque de Funès tournait “L’Avare“, il était complexé, se sachant peu aimé du monde intellectuel. N’oublions pas que la Nouvelle Vague est concomitante au cinéma de l’acteur le plus populaire du cinéma français.

B.T. : Qu’avez-vous retenu du texte Pour Louis de Funès de Novarina passé en ouverture de la pièce ? On y évoque un de Funès funèbre.

S. G. : “Pour Louis de Funès“est presque un texte trop beau. Il a contribué à réhabiliter la figure de Louis de Funès chez les intellectuels et les gens de théâtre. Avec le recul, on peut se dire qu’il y a une forme d’ironie dans cet hommage rendu. D’où le désir de décaler ce monologue en le faisant dire par une comédienne jouant Alice Sapritch. L’actrice d’origine turque avait tourné avec de Funès, notamment dans “L’Avare” de Molière en compagnie d’Yves Montand.

Ce geste permet d’amener une distance supplémentaire relativement à la pièce de Valère Novarina. Si elle est magnifique dans l’écriture et le style, son lyrisme hagiographique autour de Louis de Funès pose la question de savoir si l’auteur n’en fait pas un peu trop. L’admiration est-elle sincère ? Novarina a-t-il voulu être provocateur, en prenant un comédien vraiment populaire pour en faire un acteur transcendé ? C’est ce qui nous parle dans ce texte.

Propos recueillis par Bertrand Tappolet

«Louis Germain David de Funès de Galarza». Théâtre du Lycée-Collège de La Salle. Place Pasteur. 12h15. Avignon. Jusqu’au 28 juillet 2012. Rés : 00 33 (0)4 90 82 10 16

Photos du spectacle : Mario Del Curto

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