Dans le lit du Rhône est un film engagé et poétique qui invite à un questionnement universel sur notre relation aux cours d’eau et à la nature, en compagnie d’habitants liés au destin du Rhône. Un voyage proposé par la réalisatrice Mélanie Pitteloud.
De sa source au lac Léman, le Rhône a été corseté depuis 150 ans, dompté par les humains. Mais le fleuve n’a pas dit son dernier mot! Suite à des inondations catastrophiques un gigantesque chantier s’emploie à élargir et revitaliser le Rhône, non sans conflits avec ceux qui vont perdre leurs terres.
Le Rhône fait partie du paysage valaisan sans pour autant faire véritablement partie de la vie quotidienne de la population valaisanne. Comme l’exprime la réalisatrice, Mélanie Pitteloud :
“Le désir de ce film a émergé loin de mon Valais natal, pendant mes études de cinéma au Canada en 2010, quand j’ai entendu parler de la « Troisième Correction du Rhône H. Ce projet de revitalisation m’a tout de suite intriguée. De retour en Suisse, moi qui n’avais jamais regardé notre Rhône, j’ai pris le temps de le côtoyer. En remontant jusqu’à sa source, j’ai été frappée par son aspect étriqué, déconnecté du territoire. J’ai eu envie de raconter son histoire.
Je suis partie à la rencontre de personnes liées au destin de ce fleuve. Les pêcheurs et leurs efforts pour repeupler chaque année les poissons du Rhône, les amoureux de la nature qui rêvent d’un Rhône redevenu vivant. Les ingénieurs et les politiciens préoccupés par la sécurité des habitants de la plaine et les agriculteurs en colère, angoissés à l’idée de perdre leur terre fertile pour la rendre au fleuve.
En fouillant les archives, j’ai compris à quel point le Rhône avait toujours incarné le paria, l’ennemi à combattre. Alors que les images sont abondantes dès les travaux d’endiguement, il existe peu d’images du Rhône sauvage disparu, à part des cartes géographiques et des vues générales de la plaine. Ce paysage n’intéressait personne à l’époque. Peintres, photographes, voyageurs, tous regardaient vers le haut, les montagnes, les glaciers.
J’ai aussi dû apprivoiser la face sombre du Rhône et ses eaux qui filent sans utilité vers le lac, comme une chasse d’eau évacuant les déchets et les corps noyés. Pour aboutir à un film aux multiples visages, fait d’ombres et de lumière, teinté du rêve d’un Rhône futur redevenu vivant.”
Le documentaire apporte ainsi une multitude d’informations et surtout de questionnements. On y découvre ainsi les craintes des agriculteurs qui ne veulent pas perdre des terres au profit du fleuve, les témoignages d’habitants qui parlent de leurs relations distantes au Rhône, les pêcheurs qui rêvent d’un rapport plus « naturel » à leur passion, etc.
La réalisatrice a également trouvé le ton juste pour interroger les habitants, les spécialistes et faire émerger les différents enjeux autour du réaménagement du fleuve. Sans jamais se prononcer sur l’issue des votations, elle ouvre la réflexion sur la place du Rhône en Valais et plus largement sur le rapport de l’homme à la nature.
Dans le lit du Rhône
Film documentaire, Suisse, 2017 . Réalisation et scénario: Mélanie Pitteloud.
Genève / Cinéma Bio, Salle vidéo. Jusqu’à fin février
Lausanne / Lundi 05.02. à 20h00 Cinéma Bellevaux
Oron / Mardi 06.02. à 20h00 Cinéma Oron
Neuchâtel / Cinéma Minimum
Vevey / Cinéma Rex 4
Ste Croix / Cinéma Royal, Ste Croix
Bex / Cinéma Grain de Sel
Tramelan / Le Cinématographe
Delémont / Cinéma La Grange