Comment donner du pouvoir à la culture ?

La thématique 2013 du Forum d’Avignon interroge les « Pouvoirs de la culture » dans toutes leurs dimensions individuelles et collectives.
Plusieurs personnalités ont répondu à la question : Quelle initiative proposez-vous pour donner du pouvoir à la culture ? Extraits de leurs réponses :

Anwar Abu Eisheh. Ministre de la Culture – Autorité palestinienne

Donner accès à tout le monde, (zones défavorisées économiquement, éloignés géographiquement isolées pour raisons politiques) aux diverses activités culturelles afin que la population s’en saisisse pour se « libérer ».

 

Elie Barnavi. Historien et diplomate, Israël

Inutile de chercher à donner du pouvoir à la culture ; si ce que j’ai dit plus haut a en sens, elle l’a déjà. Ce qui me semble important, c’est de réfléchir à deux aspects d’une politique culturelle efficace. L’un est la délimitation, au sein du vaste ensemble amorphe que nous appelons « culture », un champ culturel utile pour l’individu, pour la collectivité et pour les rapports entre les deux. J’entends par là une culture humaniste, autrement dit centrée sur l’individu « adulte » (Kant), capable de se prendre en mains et de bâtir avec ses semblables un ordre vivable. Dans cette perspective, la « culture cultivée » – les grandes oeuvres qui nous donnent à comprendre le monde où nous vivons – est essentielle, mais pas elle seulement. Toute culture, haute, populaire et ce qu’il y a entre les deux, est bonne à prendre, à condition qu’elle réponde à ce critère humaniste. L’autre est l’éducation à la culture des jeunes – une action volontariste, dans la lignée du programme qu’assignait Malraux au ministère du même nom qu’il inaugurait voici un demi-siècle. Il n’y a aucune raison pour qu’un adolescent ne soit pas capable de comprendre et d’apprécier une oeuvre littéraire ou artistique. Comme à tout autre champ de savoir, l’éducation à la « culture cultivée » est une question de volonté politique. Le jeune arrivera au rap par ses propres moyens ; pour lui ouvrir le mode de l’opéra, il faut le prendre par la main.

Inutile de chercher à donner du pouvoir à la culture ; si ce que j’ai dit plus haut a en sens, elle l’a déjà. Ce qui me semble important, c’est de réfléchir à deux aspects d’une politique culturelle efficace. L’un est la délimitation, au sein du vaste ensemble amorphe que nous appelons « culture », un champ culturel utile pour l’individu, pour la collectivité et pour les rapports entre les deux. J’entends par là une culture humaniste, autrement dit centrée sur l’individu « adulte » (Kant), capable de se prendre en mains et de bâtir avec ses semblables un ordre vivable. Dans cette perspective, la « culture cultivée » – les grandes oeuvres qui nous donnent à comprendre le monde où nous vivons – est essentielle, mais pas elle seulement. Toute culture, haute, populaire et ce qu’il y a entre les deux, est bonne à prendre, à condition qu’elle réponde à ce critère humaniste. L’autre est l’éducation à la culture des jeunes – une action volontariste, dans la lignée du programme qu’assignait Malraux au ministère du même nom qu’il inaugurait voici un demi-siècle. Il n’y a aucune raison pour qu’un adolescent ne soit pas capable de comprendre et d’apprécier une oeuvre littéraire ou artistique. Comme à tout autre champ de savoir, l’éducation à la « culture cultivée » est une question de volonté politique. Le jeune arrivera au rap par ses propres moyens ; pour lui ouvrir le mode de l’opéra, il faut le prendre par la main.

 

Marielle Gallo. Députée Européenne, France

Un accueil serein à toutes les technologies de la communication. Ni fanatisme, ni suivisme, mais permettre une prise de conscience de la chance que nous avons de pouvoir accéder à la connaissance universelle.

 

Amit Khanna. Président, Reliance Entertainment, Inde

La culture a besoin d’être nourrie et soutenue. Premièrement, nous devons protéger notre héritage et ensuite encourager la création. Il faut qu’il y ait une pollinisation transculturelle, même si lorsque nous sommes en train de protéger des cultures indigènes. Nous devons protéger les droits de la propriété intellectuelle des créateurs et ouvrir de nouvelles voies à la monétisation de la culture.

 

Fadila Laanan. Ministre de la culture de l’audiovisuel, de la santé et de l’égalité des chances de la fédération Wallonie-Bruxelles – Belgique

 En tant que Ministre de la Culture, mon rôle est essentiellement de créer les conditions les plus favorables pour permettre aux acteurs de la culture de mener à bien leurs projets et activités. Il importe, plus que jamais, de promouvoir la culture, en faisant en sorte de dégager un juste équilibre entre accès garanti au plus grand nombre et juste rémunération des créateurs. Dans le contexte globalisé qui est le nôtre, les instances européennes (la Commission et le Parlement notamment) ont un rôle central, primordial, à jouer afin de protéger la spécificité de la culture européenne (ou des cultures européennes) face à des géants venus d’autres continents.

 

Charles H. Rivkin. Ambassadeur des Etats-Unis en France, Etats-Unis

 Je propose que nous (tous, voilà, Américains et Français, entre autres) soyons honnêtes. Le rayonnement culturel fait partie du pouvoir. Aussi bien la France que les Etats-Unis l’exploitent pour des raisons de projection de pouvoir, comme le font d’autres pays. Mais ça ne veut pas dire que toute la culture est corrompue, ou que les gens qui reçoivent le rayonnement culturel ne tirent aucun bénéfice de la culture. Au contraire. Toutes les oeuvres culturelles doivent être évaluées individuellement, pour ce qu’elles sont. Ensuite, on peut parler d’impérialisme, si l’on veut. Beaucoup de gens qui se plaignent de l’impérialisme culturel, ou de n’importe quelle sorte d’impérialisme à ce sujet, sont naïfs ou malhonnêtes, ou les deux à la fois. Ils ne sont pas forcément contre l’impérialisme, ils sont juste contre l’impérialisme de quelqu’un d’autre. L’Occident doit reconnaître ses erreurs avec humilité. Mais il ne doit pas les fétichiser. D’autres civilisations ont commis des erreurs, et si elles n’ont pas commis des erreurs aussi graves c’est parce qu’elles n’avaient pas les moyens. L’Occident a aussi beaucoup contribué pour le monde

Lire l’entier des interviews sur le site du Forum d’Avignon.

Le pouvoir de la culture ne saurait être réduit à sa dimension économique ou politique. Le sixième Forum d’Avignon qui se tient du 21 au 23 novembre 2013 souhaite, avec le thème ‘Les pouvoirs de la culture’, remettre la culture au cœur du politique.

Publié dans politique culturelle