Le salon artgenève devient un passage obligé du circuit de l’art contemporain

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Lors de la création du salon artgenève, en 2012, le milieu comptait qui y était; trois ans plus tard on compte ceux qui n’y sont pas, signe que la manifestation s’installe dans la durée. Entretien avec Thomas Hug, son directeur.

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Thomas Hug au salon artgenève 2015.

Cette année, aux 74 galeries présentes, s’ajoute la totalité des institutions d’art contemporain genevoises Mamco, Centre d’art contemporain, Fonds municipal et cantonal d’art contemporain et les galeries indépendantes subventionnées tels le Centre d’édition contemporaine et le Centre de la photo.

Thomas Hug, à qui s’adresse le salon artgenève ?

Avant tout à la région, à l’arc lémanique et de manière plus générale à une zone que l’on pourrait décrire de Lyon à Gstaad. Il est destiné comme exposition et comme événement culturel en lui-même et, au niveau plus niche, aux collectionneurs de l’art lémanique, en nombre et aussi en qualité.

Pensez-vous attirer les collectionneurs étrangers ?

Bien sûr, et ça va un peu de pair avec la présence des galeries internationales, Paris est bien représenté, puis nous avons Londres, Berlin, l’Italie et cette année on va jusqu’en Espagne, donc ces galeries importantes amènent aussi une clientèle avec elles. Mais ce qui est fondamental est d’avoir l’ancrage et la sympathie et la fierté des acteurs locaux, sinon la plateforme se trouverait fragilisée.

Selon certains marchands, le potentiel de collectionneurs serait insuffisant pour que Genève se taille une place sérieuse ?

L’avenir nous le dira, c’est pour cette raison que nous avons opté pour ce format de salon avec 70 galeries, car généralement les foires de niveau mondial accueillent de 150 à 300 galeries, et à mon avis si nous restons à notre taille actuelle nous sommes dans les bonnes proportions, je ne pense donc pas qu’il faille grandir, sinon il y aurait une inadéquation entre le nombre d’exposants et le marché local.

Il est courant d’entendre les marchands dire qu’il y a beaucoup d’argent à Genève mais pas suffisamment de collectionneurs ?

C’est paradoxal, car depuis la première édition du salon en 2012 nous avons remarqué qu’on intéresse de plus en plus de monde, il faut donc imaginer que de nouveaux acteurs vont émerger, et là je suis plus optimiste.

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Installation de Lang/Baumann, stand du Fonds cantonal d’art contemporain de Genève.

N’est ce pas d’abord une question de sensibilisation du public ?

Bien sûr, dans cet esprit nous avons installé des sculptures au bord du lac, ce qui permet d’être visible en ville, et nous organisons toute une série d’actions avec les compagnies actives dans différents domaines, matières premières, horlogerie, finance, etc., nous les informons.
Nous réunissons ici beaucoup d’institutions, Mamco, Centre d’art contemporain et d’autres, ce qui avec les galeries permet d’offrir un beau programme. C’est ainsi que nous construisons et si nous estimons avoir du succès, c’est aussi un succès aussi pour le reste de la ville. Peut-être qu’à l’avenir des choses vont se créer avec le milieu institutionnel. De manière générale la culture est très présente à Genève et je regrette que ce sujet ne soit cité qu’assez loin parmi les singularités de la ville, on parle évidemment de la Genève internationale, du secteur horloger et autres, mais la culture vient loin derrière dans la communication, peut-être que cela changera dans les années à venir, que l’on parlera un peu plus de culture. Je me bats aussi pour qu’il y ait plus de communication sur ce sujet précis.

C’est donc plutôt une question de communication ?

Je pense. Oui. Il n’y a pas que l’art, l’offre musicale est aussi extraordinaire.

Quel type de collaboration attendez-vous de la Ville et des institutions ?

Nous avons commencé avec Genève Tourisme pour organiser cette exposition de sculptures sur les quais, c’est un premier pas. Au niveau des institutions, nous collaborons dans la mesure où nous les invitons sur le salon, mais aussi en conviant des VIP invités par les galeries à profiter de l’offre genevoise, par exemple aller chez Bodmer, au Mamco, au vernissage du Centre d’art contemporain, il y a donc déjà une collaboration, mais en tout nous avons une trentaine d’événements en marge. Le festif n’est pas oublié avec une soirée artgenève au temple de la Fusterie.

Faites-vous venir à grand frais des vedettes ou people comme dans certaines grandes foires ?

Nous n’avons pas le budget pour le faire, mais quelques personnalités sont venues au salon. Je sius déjà étonné de voir à quel point Genève s’est en quelque sorte décalvinisée avec, par exemple, des amateurs qui ouvrent la porte de leur domicile pour montrer leur collection, ou même que des collections privées soient présentes sur le salon. En fait je pensais qu’il faudrait plus de temps pour que la confiance avec les Genevois s’instaure.

Comment allez-vous gérer la suite, artgenève va s’imposer comme un passage obligé, des galeries pas encore présentes commencent à regretter de ne pas y être ?

Le comité de sélection examine la qualité des dossiers, ce qui fait monter le niveau, mais on ne va pas s’agrandir, je n’ai pas envie, il ne faut pas dépasser 80 galeries. Comment gérer, déjà je me bats toujours pour les gens qui se sont impliqués dans le salon, le comité est jugé de qualité, les dossiers sont bons. Le revers de la médaille c’est que l’on doit refuser des candidatures. Mais nous ne sommes pas à l’abri d’organiser un salon de cette taille ailleurs pour faire des choses qui font sens au niveau région, pas trop loin d’ici, en gardant l’idée de ce salon d’art, même plus petit peut-être, ceci pour donner la chance à des galeries qui ont des affinités avec d’autres régions de se développer dans un cadre similaire plutôt que d’agrandir une seule plateforme.

Propos recueillis le 30 janvier 2015.

Voir le site du Salon artgenève

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