Le Petit journal illustré (Paris. 1920). Bibliothèque nationale de France
Depuis la charte de 1311 où il s’est trouvé officiellement nommé, le gâteau des Rois a connu des fortunes diverses. La Fête des Rois donne lieu à d’aimables fêtes tant en famille qu’au bureau.
Attesté dès le 14e siècle, l’usage de désigner le jour de l’Épiphanie un « roi de la fève » en cachant, dans une galette, un grain de froment, un petit billet en bois ou une figurine en porcelaine a perduré au fil du temps. Plusieurs textes montrent qu’on « tirait les Rois » à la cour de France au 17e siècle et au 18e siècle. Gallica nous rappelle à l’occasion qu’en 1792, un député de la Convention demanda la suppression de cette fête jugée anti-civique et contre-révolutionnaire, mais la gourmandise des Français l’emporta sur l’appétit d’égalité : la galette, un temps rebaptisée galette de la Liberté, fut maintenue !
En voici la recette:
« Si j’étais roi »
Ò Doux souvenirs d’autrefois
C’est dans une ferme normande
Que de la galette des rois
J’appris la recette gourmande
Quand bras nus et la gorge au vent
Pétrissait la belle fermière –
Sur son cou, ma bouche souvent
Faisait l’école buissonnière. –
Mais, je reviens à la galette
Sans plus longtemps être indiscret.
Mon souvenir est un secret:
Contentez-vous de la recette.
Sur votre table vous mettez
Deux litres de bonne farine
A laquelle vous ajoutez
Deux tas de gros sel de cuisine.
Un litre de crème, quatre oeufs,
Une livre d’excellent beurre,
Ensuite, mélangez sur l’heure
La pâte en lui donnant un tour,
Puis un autre et mettez au four.
Ce jour-là, croyez-le sans peine,
Je prends le Sceptre sans effroi;
Et mon bonheur, quand je suis roi,
C’est … c’est d’embrasser la reine.
Ozanne, Achille. 1900. Poésies gourmandes, recettes culinaires en vers…