La Reine Simone (Céline Nidegger) et sa fille Princesse Cochonne. ©Cédric Vincensini.
Quel meilleur médiateur que le conte merveilleux pour sensibiliser les plus jeunes aux questions de genre ? Le Théâtre des Marionnettes de Genève a donné carte blanche à Geneviève Pasquier qui fait vivre princes et princesse, dragon et sorcière maléfique au grand coeur du conte de Pierre Gripari.
De gauche à droite: Prince Fortuné, Prince Désiré et Prince Constant. ©Cédric Vincensini. « Le conte est un abécédaire où l’enfant apprend à lire dans le langage des images. »
Geneviève Pasquier a été attirée par la « thématique de « l’enfant atypique » rejeté par sa famille, qui réussit, malgré tout, à se forger une identité et rassembler autour d’elle la constellation familiale divisée et dispersée. A sa naissance, elle n’est pas reconnue comme individu, identité féminine, tant ses frères ne souhaitent pas avoir de petite sœur. Sous le nom de Claude, la Reine Mère l’a fait ainsi passée pour un garçon pendant deux ans. Une fois son sexe révélé, ses frères la fuient. D’où un sentiment de « culpabilité » qu’elle porte en elle. Le conte dévoile comment, à force de courage et de détermination, la jeune enfant arrive à aller au-delà de cette culpabilité, prouvant à ses frères son affection et son attachement. Ce qui m’intéresse le plus dans un conte, c’est cette façon transposée mais non édulcorée de parler aux enfants de la réalité.»
Entretien avec Geneviève Pasquier. 7:40 min
Geneviève Pasquier. ©Secrest Photography.
Geneviève Pasquier ambitionne d’ouvrir encore plus largement le Théâtre des Osses aux jeunes, présenter des formes diverses sans s’enfermer dans une ligne trop stricte. Audio 4:10 min.
La Sorcière (Diego Todeschini). ©Cédric Vincensini. «La Sorcière va aider Petite Sœur en lui donnant des objets magiques nécessaires à sa quête.»
Dans l’histoire, « la sorcière guérit, en effet ; elle peut tuer aussi. Les pouvoirs dont elle use pour signifier sa protestation contre une situation par trop injuste, les guerres, les pestes, les famines, ne tiennent cependant leur valeur que de l’efficacité qu’on leur reconnaît. La nature est présentée avec des caractères extérieurs, mais qu’accompagnent des qualités occultes. Elle est constellée de signes qu’il faut décrypter. Leur interprétation oriente une action sur tout ce qui concerne la vie des hommes et celle des bêtes, la santé, l’amour, la sexualité, et surtout, ces deux monstruosités que sont la maladie et la mort. L’action peut être bénéfique ou maléfique. » Bernard Valade.
Le Roi (Pierre Spuhler) et Petite Soeur (Pascale Gudel). ©Cédric Vincensini. « Pourquoi le pouvoir royal ne pourrait-il pas être transmis de père en fille ? »
Petite Sœur est un conte initiatique et féérique, issu des « Contes d’ailleurs et d’autre part », écrit par Pierre Gripari en 1990.
Le dispositif scénique et les marionnettes ont été imaginées et réalisées par Christophe Kiss, scénographe et marionnettiste, qui garantit à l’ensemble une cohérence technique et esthétique.
« Afin de respecter le côté contemporain du conte de Gripari, la scénographie prend comme point de départ une structure de jeux pour les enfants, telle qu’on peut en voir dans les parcs. Ce dispositif est en forme de château, avec des donjons et des passerelles, autant d’éléments mobiles pour signifier les différents lieux : le château du roi de France, la maison de la sorcière dans le bois de pin, la maison du bal des morts près de l’océan, le château d’or sur la montagne dans la neige, le Palais mauresque en Afrique. Un des escaliers, muni d’une voile, représente le bateau sur la mer. »
Petite soeur
Théâtre des Marionnettes de Genève
8 au 29 janvier 2014.
D’après le texte de Pierre Gripari.
Création du Théâtre des Marionnettes de Genève en coproduction avec la Compagnie Pasquier-Rossier (Lausanne) et le Petit Théâtre de Lausanne.
Adaptation et mise en scène : Geneviève Pasquier Collaboration artistique : Nicolas Rossier Interprétation : Pascale Güdel, Céline Nidegger, Pierre Spuhler, Diego Todeschini.
Représentations en tournée à Lausanne Du 29 avril au 18 mai 2014 Petit Théâtre de Lausanne