Plus de 640 artistes et acteurs du monde culturel suisse solidaires avec Gaza

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Hervé Loichemol, directeur de la Comédie, Jorge Gajardo Munoz, historien, Dominique Ziegler, metteur en scène et Gianfranco Fattorini, membre du Tribunal Russell sur la Palestine, le 23 septembre à la Comédie de Genève. C’est dans le même lieu qu’avait été lancé, en avril 2006, « Le Manifeste – Mouvement pour une paix juste et durable au Proche-Orient ».

Mardi 23 septembre 2014, plus de 640 artistes et acteurs culturels de toute la Suisse ont publié une Déclaration qui condamne les crimes de guerre commis cet été, pendant 50 jours de bombardements israéliens sur la bande de Gaza.

Le texte appelle le Conseil fédéral, à suspendre toute coopération militaire avec l’État israélien et à annuler la commande d’un lot de drones militaires Elbit H-900, qui après avoir été testés à Gaza, devraient servir au renseignement suisse pour surveiller sa propre population.
Cette revendication est particulièrement d’actualité à l’heure où la presse a révélé ce dimanche que plusieurs entreprises, ainsi que l’EPFL, sont soupçonnées de collaborer au perfectionnement de ces engins de guerre.
La remise officielle de cette déclaration coïncide avec la session extraordinaire du Tribunal Russell sur la Palestine (TRP), qui se tient à Bruxelles les 24 et 25 septembre, en présence notamment de Roger Waters, Vandana Shiva, Raji Sourani, Ashraf Mashharawi, et Ken Loach (http://www.russelltribunalonpalestine.com).

Choqués par les actes commis par l’armée israélienne contre la population palestinienne enfermée dans bande de Gaza, des centaines de personnalités du monde de la culture ont mobilisé dans ce texte leur conscience de citoyens actifs dans la vie publique. Les signataires demandent à la Suisse, pays Dépositaire des Conventions humanitaires, de convoquer sans tarder les États parties à la IVème Convention de Genève relative à la protection de la population civile, et de répondre ainsi à la demande que les autorités de la Palestine ont formulé officiellement le 9 juillet 2014.
Le blocus qui, depuis 2007, enferme dans un ghetto hermétique la population de Gaza est à lui seul un crime de guerre, qui maintient en état de crise humanitaire permanente ce territoire à peine plus grand que le canton de Genève.

Lors de la conférence de presse qui s’est tenue à la Comédie de Genève, Dominique Ziegler s’est félicité « que les réseaux sociaux aient permis de prendre le vrai pouls de l’opinion publique, ceci face à la partialité de la presse et de la majorité de la classe politique. L’opinion publique peut faire changer les choses quand elle s’active.

Mais que peuvent faire les Suisses ?

Le metteur en scène a indiqué que les Suisses « peuvent demander à ce que la Suisse active les Conventions de Genève qui représentent les piliers du droit international et donc appeler à respecter le droit international sur le terrain et pas seulement sur le papier. Nous, les artistes suisses, demandons à ce que soit stoppée la collaboration militaire avec l’Etat d’Israel, ainsi que soient annulés tant les achats de drones que la collaboration des industriels et des institutions financées par le contribuable, comme l’EPFL, pour l’amélioration des capacités des drones. Les Suisses sont également visés dans ces programmes car l’amélioration des capacités des drones vise à perfectionner les moyens de surveillance utilisés pour observer les citoyens qui participent à des manifestations en Suisse.

Gianfranco Gattorini a rappelé que « lors de la guerre contre Gaza les journalistes ont été particulièrement visés. Selon le membre du Tribunal Russell, 17 journalistes ont été tués dont 7 ont été explicitement visés. 8 sièges de médias ont également été visés dont 5 en tant que tels (les autres ont été endommagés lors d’attaques à proximité). Malgré les crimes de guerre et les crimes caractérisés contre l’humanité, l’Union Européenne n’intervient pas, elle poursuit la conclusion d’accords qui sont autant d’aide à la colonisation des territoires occupés. Si l’on parle souvent du mur physique de séparation, le mur législatif qui sépare les populations est un critère qui définit la situation d’apartheid.
A l’heure où des sanctions sont rapidement décidées contre la Russie, la Syrie, l’Iran, etc., les aides économiques, diplomatiques et militaires, apportées par les Etats-Unis d’Amérique sont l’illustration de leur complicité. »

Texte de la Déclaration

« Nous, artistes et acteurs culturels de Suisse, avons été profondément choqués par le massacre perpétré par l’armée israélienne contre la population civile de Gaza. Nous avons assisté impuissants et médusés à des actes de barbarie coloniale allant à l’encontre des Droits humains fondamentaux et du Droit international.

Nous nous tenons auprès des artistes palestiniens, qui nous appellent à crier notre solidarité avec le peuple de Gaza. Voici leur appel :

« Nous, travailleurs culturels qui représentons la majorité des organisations palestiniennes des arts de la scène, condamnons l’attaque israélienne en cours, l’agression sur Gaza, les assassinats aveugles et les mutilations de nombreux civils, dont beaucoup de femmes et d’enfants. En tant qu’artistes, notre arme la plus puissante est notre capacité à jouer, rêver et imaginer. Les forces d’oppression craignent cette arme parce que tant que nous sommes capables d’imaginer une autre réalité, nous avons le pouvoir d’aspirer à cette réalité –une Palestine libre et juste. Israël présente le massacre en cours comme une guerre entre Israël et le Hamas, par une odieuse campagne médiatique tendant à faire des opprimés les attaquants. La dernière attaque d’Israël contre Gaza est un crime qui doit être compris dans le contexte de l’occupation et de l’apartheid perpétrés par Israël. Depuis plus de 60 ans, les Palestiniens ont été systématiquement privés de leur terre, de leur eau et de leur liberté de mouvement. La construction de colonies se poursuit, un mur est érigé sur des terres occupées et Gaza est sous le coup d’un blocus suffocant depuis plus de six ans. » (Déclaration des organisations palestiniennes des arts de la scène-17 juillet 2014)*

Nous comprenons que pour les artistes palestiniens, le geste artistique et la lutte pour la liberté sont une seule et même chose. C’est pourquoi, nous, acteurs culturels de Suisse, joignons nos voix aux collectifs qui se mobilisent en Suisse pour exprimer leur indignation.

Nous demandons au Conseil fédéral :

  • de condamner avec fermeté le massacre de la population civile palestinienne perpétré par l’armée israélienne dans la bande de Gaza, en violation des règles élémentaires du droit humanitaire ;
  • de condamner les crimes de guerre délibérés, tels que les bombardements des hôpitaux et des écoles des Nations Unies ;
  • d’activer les Conventions de Genève, notamment la IVème Convention relative à la protection des populations civiles en situation de conflit, ainsi que l’État de Palestine l’a expressément demandé à la Suisse, dès le 9 juillet 2014 ;
  • d’exiger la levée du blocus illégal de la bande de Gaza, où depuis 2007, Israël enferme les Palestiniens dans une prison à ciel ouvert ;
  • d’exiger le démantèlement du Mur de l’Apartheid et des colonies illégales en Cisjordanie, suivant l’avis que la Cour internationale de justice a exprimé à la Haye, il y a exactement 10 ans ;
  • de suspendre toute collaboration militaire avec Israël, et de renoncer dès maintenant à l’achat des drones militaires de fabrication israélienne.

Ensemble nous pouvons redessiner les rapports de notre pays avec l’État israélien et nous montrer efficaces dans notre solidarité avec le peuple palestinien. »

Comité des artistes suisses solidaires avec Gaza, août 2014
Texte complet sur http://www.thefreedomtheatre.org/news/36377
Site : http://culturesuissegaza.over-blog.com

 

Conférences-débats : Drone Wars. Pourquoi des drones israéliens ? avec Mary Dobbing (GB)

Genève 15 octobre à  20h – UOG, 3 Pl. des Grottes
Lausanne 16 octobre à 20h – Salle des Vignerons, Buffet de la Gare CFF
La Chaux-de-Fonds 17 octobre à 20h – Maison du Peuple, Serre 68

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Publié dans politique culturelle, société