En 2001, 163 pays participants à la Conférence de Durban ont signé une déclaration qui, promulguait, entre autres, la reconnaissance de l’esclavage comme crime contre l’humanité et préconisait le développement de programmes économiques et sociaux pour les pays ayant souffert de la traite des êtres humains. En fait de reconnaissance, Genève a simplement attribué le nom de Surinam à une courte impasse.
Au nombre de ces 163 Etats figurait la Suisse qui, certes, s’est formée après l’abolition officielle de l’esclavage par le congrès de Vienne en 1815, mais a aussi vu ses ressortissants y participer sous diverses formes. Il s’agit donc d’un point de l’histoire méconnu d’un pays que l’on présente surtout pour ses oeuvres en faveur de la paix et du respect des droits humains.
A l’occasion d’une conférence au Parc Geisendorf, autrefois propriété d’une famille possédant une plantation au Surinam, nous nous sommes entretenus avec Hans Faessler, historien engagé et auteur de « Reise in Schwartz-Weiss », dans lequel il s’est lancé sur les traces de l’esclavage en Suisse.
Entretien avec Hans Faessler. Jacques Magnol et Audrey Schmid
Le 13 mai 2007 à la Maison Tavel, Hans Faessler rappelait l’importance des courants racistes qui justifiaient l’esclavage : « à Genève, regardons le buste de Carl-Vogt devant l’université à Plainpalais. En 1863 le premier recteur de l’Université traitait dans son «Cours sur l’être humain» de la similitude entre le «crâne d’un nègre» et celui d’un singe. Une illustration représentait en profil le cerveau de la « Vénus Hottentote » et le cerveau du mathématicien allemand Gauss, pour prouver que ce dernier était prédisposé pour des performances intellectuelles et que la Vénus ne l’était pas. «L’enfant nègre ne le cède en rien à l’enfant blanc pour les capacités intellectuelles», nous enseigne M. le Professeur. Cependant il ajoute: «Mais dès que la fatale période de la puberté est atteinte, avec l’adhérence des sutures du crâne et la formation de la mâchoire, il apparaît le même processus que chez le singe. Les capacités intellectuelles restent stationnaires et l’individu de même que la race dans son ensemble deviennent incapables de continuer à progresser.»
Le « Chemin Surinam », à Genève, se trouve près du Parc Geisendorf, où en 1769 le Genevois Jean-Zacharie Robin a acheté un terrain qu’il a nommé «Surinam» parce qu’il possédait dans cette colonie hollandaise une plantation de café et de coton avec une cinquantaine d’esclaves.
Lire également :
– Une Suisse esclavagiste. Voyage dans un pays au-dessus de tout soupçon. Hans Faessler. Editions Duboiris.
– Reise in Schwartz-Weiss. Hans Faessler.
– 1203 Genève, chemin Surinam. A la recherche des traces de l’esclavage. Hans Faessler.
– La Suisse et l’esclavage des noirs. Éditions Antipodes & Société d’histoire de la Suisse romande.
– Mémoires d’esclaves. Catalogue de l’exposition au Musée d’ethnographie de Genève, 1997.
Voir également :
– Faut-il rebaptiser le Agassizhorn (3953m.) pour cause d’apartheid ?
– Journée de commémoration de l’abolition du marché des esclaves
– Le vodou répond toujours à certains éléments essentiels de la vie des peuples
[…] vu du passé esclavagiste de la Suisse, on peut dire que les gens à l’époque n’étaient pas vraiment informés […]