Les Kanak sont vivants et fiers de l’être

Bambous

Bambous gravés kanak de la collection du MEG, XIXe, Nouvelle-Calédonie © MEG Photo: Johnathan Watts 

Quand il arriva en Nouvelle-Calédonie en 1902, le jeune pasteur et ethnologue Maurice Leenhardt fut accueilli par ces mots du maire de Nouméa: «Que venez-vous faire ici, Monsieur le Pasteur? Dans dix ans il n’y aura plus de Kanak.» La disparition de la population autochtone, annoncée à  plusieurs reprises, n’a pas eu lieu: les Kanak sont vivants et fiers de l’être.
Libérés des complexes d’autrefois, les Kanak sont déterminés à  faire leur place dans le monde contemporain, en conjuguant les apports de la culture occidentale avec la richesse de leur tradition. Cette philosophie était le credo de Jean-Marie Tjibaou. Ce leader et penseur kanak fut l’artisan des accords de Matignon de 1988, par lesquels commença véritablement le processus de décolonisation. Assassiné le 5 mai 1989, il laisse un héritage politique et culturel concrétisé par la création, en 1998 à  Nouméa, du centre culturel qui porte son nom. En 1985, Jean-Marie Tjibaou déclarait: «Le retour à  la tradition, c’est un mythe. Aucun peuple ne l’a jamais vécu. La recherche d’identité, le modèle, pour moi, il est devant soi, jamais en arrière. Notre identité, elle est devant nous.»

Entretien avec Roberta Colombo, commissaire de l’exposition, et Lorin Wüscher, assistant.

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Les bambous gravés, appelés kârè e tâ en langue ajià«, l’un des principaux idiomes de Nouvelle-Calédonie, figurent parmi les à“uvres les plus originales de l’art kanak. Selon le missionnaire et ethnologue français Maurice Leenhardt, les Kanak utilisaient jadis un bambou gravé comme viatique pour se protéger des dangers de la route lorsqu’ils s’aventuraient hors de leur village. Ces objets étaient aussi, pour leurs détenteurs, des aide-mémoire, des supports de messages et de récits. Entièrement recouvertes de motifs abstraits et figuratifs, ces véritables «bandes dessinées» illustrent les multiples aspects de la vie des Kanak d’autrefois (modes de subsistance, architecture, mythes et rituels), ainsi que l’irruption de la colonisation (écriture, technologie moderne, oppression coloniale, critique et dérision des mà“urs occidentales). Récoltés entre 1850 et 1920, leur production date principalement du XIXe siècle et s’est interrompue autour de 1917, date de l’une des grandes révoltes de l’histoire de la Nouvelle-Calédonie, qui scella définitivement l’occupation française.

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2 commentaires pour “Les Kanak sont vivants et fiers de l’être
  1. Angélique Fontés-Néporon dit :

    salut,
    je suis heureuse et fière d’avoir visité le site sur les bambous gravés de la Kanaky dont figure ceux de ma soeur Micheline Néporon
    ce soir c’est son aniversaire et c’est elle qui m’a demandé d’aller sur votre site pour voir les bambous gravés ! génial ! quoi dire de plus !
    Après le passage au journal télévisé de Télé Nouvelle-Calédonie
    des bambous gravés, ils ont suscités pas mal de commentaires des gens du pays !
    Bonne continuation aux gens qui s’occupent de l’exposition et que l’esprit de nos ancêtres vous accompagnent dans votre travail.
    Femme Kanak et fière de l’être
    Angélique Fontés-Néporon de Kanaky

  2. chrsitinecho dit :

    Les bambous sont arrivés à  Nouméa, jute retour des choses et c’est un enchantement…