Les Journées du patrimoine voyagent sous la terre

Laconnex, réserve

Dimanche 11 septembre, à Laconnex (GE), la visite de la réserve naturelle sera suivie d’une balade à vélo à travers les gravières. © Sébastien Miazza, Pro Natura Genève.
Avec 35’000 visiteurs en 2010, en Suisse romande, les Journées du patrimoine ont suscité une fréquentation digne d’un grand festival. Le thème des 10 et 11 septembre 2011, “Un monde sous nos pieds”, sera l’occasion de découvrir des lieux bien cachés, comme ces abris de la Défense passive à Genève,  de partir en croisière sur la Neptune ou d’effectuer une randonnée à vélo à Laconnex.

De l’architecture contemporaine aux sites palafittes

Ce week-end est aussi l’occasion d’arpenter plusieurs de ces lieux souterrains qui devraient prochainement affectés à la vie culturelle. En août 2010 Rémy Pagani a dévoilé son projet de réhabilitation des citernes du Bois de la Bâtie en lieu musical, puis, en mars 2011, c’est Pierre Maudet qui a proposé de transformer l’abri désaffecté de la place de la Madeleine en salle culturelle. Plus anciens sont les sous-sols de la Bibliothèque de Genève qui annonce 56 km/linéaires de rayonnages dans ses dépôts à visiter le samedi 11.
L’architecture contemporaine est au programme avec deux réalisations récentes: la crèche de Saint-Jean et la Fondation Martin Bodmer à Cologny. La densification des villes, le manque d’espace et les nouvelles méthodes de construction sont les éléments déterminants qui incitent l’architecture à se développer de plus en plus en profondeur. Le programme genevois met en relief cet aspect de la thématique à Saint-Jean et à Cologny.

La colline de la Vieille Ville cache également d’étonnants souterrains, ceux-ci dévoilent l’histoire de Genève. Les sites archéologiques de la cathédrale Saint-Pierre, de l’église de la Madeleine et du parking Saint-Antoine invitent à une exploration du sous-sol de la ville dès le IIIe siècle av. J.-C. Les galeries d’escarpe des fortifications à Saint-Antoine témoignent de l’importance du système défensif de Genève au XVIIIe siècle. Les souterrains construits à l’aube de la Deuxième Guerre mondiale ont servi d’abris au Service de la défense aérienne passive de la Treille et de la Madeleine et à protéger la population des bombardements. Reconverties, ces galeries souterraines techniques hébergent à la fois les conduites d’eau, les câbles électriques et les fibres optiques de télécommunications; celle des Casemates sera exceptionnellement ouverte au public.

L’amateur de lieux insolites visitera les sous-sols de l’orangerie et de la serre de la Fondation Hardt, centre de recherches en sciences de l’Antiquité classique à Vandœuvres, édifiés au XIXe siècle, et dont la fonction demeure en partie énigmatique. Il partira ensuite en croisière à bord de la Neptune à la découverte des sites palafittes et des carrières de molasse subaquatique. 6000 ans de l’histoire de notre région sont encore enfouis sous les eaux du Petit-Lac.

 

crèche de Saint-Jean

Genève. La crèche de Saint-Jean. © Serge Frühauf / documentation photographique VdG

“Construit sous le parc public, jusqu’en limite parcellaire, le nouveau bâtiment de la crèche contient toutes les pièces d’activité organisées autour d’une cour centrale, créant un vide fédérateur, là où la construction s’implanterait habituellement. Visites commentées par P.-A. Dupraz, architecte et ses collaborateurs, et J. Sommer, responsable de la crèche. Samedi 10.9. à 14.30, 16.30 et 18.30 h. Où : 39, rue de Saint-Jean.”

 

abri

Genève. Les abris du Service de la défense aérienne passive – L’abri de la Treille. © IMAHGe

“En 1939, le «poste de commandement et central d’alarme» de l’état-major du Service de la défense aérienne passive (DAP) est  établi dans le terre-plein de la terrasse du 14 rue de l’Hôtel-de-Ville, auquel il est relié par un escalier souterrain. Conçu par l’ingénieur cantonal Édouard Lacroix, l’«abri tunnel» est protégé des bombes par un matelas de terre de 9m et un épais mur de soutènement du 18e siècle, tandis qu’un système de filtration d’air le met à l’épreuve des gaz de combat. L’ouvrage comprend quatre salles, deux par niveau, et peut accueillir jusqu’à 116 personnes. Les alertes, essentiellement nocturnes, se multiplieront durant le conflit, pour culminer au nombre de 128 en 1944.”
Visites commentées par B. Frommel et N. Schätti, historien et historien de l’art à l’inventaire des monuments d’art et d’histoire. Samedi 10.9. à 10, 10.30, 11, 11.30, 12, 12.30, 14, 14.30, 15, 15.30, 16, 16.30, 17 et 17.30h. Où : 14, rue de l’Hôtel de Ville.

 

Réservoirs de la Bâtie

Genève. Les citernes du Bois-de-la-Bâtie. © Ceux d’en face, Genève

“Le Bois de la Bâtie est un gruyère. Le parcours proposé ici s’attachera à faire non pas le tour des trous – la journée n’y suffirait pas – mais des sondages ponctuels. À commencer par une descente dans un réservoir qui, le premier du genre, assura aux Genevois une alimentation régulière en eau potable. Construit en 1873, cet ouvrage tire sa substance de l’Arve voisine, ses murs cyclopéens étant composés de galets noyés dans du ciment. Efficace, mais bientôt insuffisant, il a été doublé en 1934 par un autre réservoir, en béton armé celui-là, établi tout à côté.”
Dimanche 11.9. à 10, 13 et 16 h. Où : 32, chemin de la Bâtie, rendez-vous devant le café de la Tour, côté Pont de la Jonction.  Visites commentées par D. Ripoll, historien de l’art à la Conservation du patrimoine architectural de la Ville de Genève CPA.

 

Champignonnières de la Bâtie

Genève. Les champignonnières du Bois-de-la-Bâtie. © Ceux d’en face, Genève

“La visite du Bois-de-la-Bâtie sera l’occasion de pénétrer dans une galerie insoupçonnée, creusée dans un conglomérat de moraine glaciaire et de sédiments de rivière. De la rampe Quidort aux rives du Rhône, la colline est traversée de souterrains, dont l’origine reste passablement obscure. Tout au long du 20e siècle, ce sont des champignons qui en sortaient, après avoir maturé dans les entrailles de la Terre. Biotope idéal, les grottes ont en effet permis une culture en continu des champignons dits de Paris, libérée des conditions saisonnières.”
Dimanche 11.9 à 11, 11.30, 14, 14.30, 17 et 17.30 h visites commentées à 12 h, 15 et 18 h performance chorégraphique. Où : 32, chemin de la Bâtie, rendez-vous pour visites commentées devant le café de la Tour, côté Pont de la Jonction, accès difficile. Visites commentées par P. Beuchat, conseiller à la Conservation du patrimoine architectural de la Ville de Genève CPA.

Genève est l’un des cantons suisses, avec le canton de Vaud, où la manifestation connaît le plus de succès. Ces Journées sont organisées conjointement par le département des constructions et de l’aménagement de la Ville de Genève et par le département des constructions et technologies de l’information de l’Etat de Genève (DCTI). Plus d’informations et programme:
http://www.ge.ch/patrimoine/jep
http://www.patrimoineromand.ch
http://www.venezvisiter.ch

L’édition 2012 sera consacrée au thème «Pierre et béton».

Les Journées du patrimoine furent initiées en France en 1984. Elles furent ensuite soutenues par le Conseil de l’Europe et l’Union Européenne. Actuellement, 50 pays signataires de la Convention culturelle participent aux journées européennes. L’édition 2011 aura lieu les 17 et 18 septembre, chaque pays choisit son propre thème. Les Romands pourront profiter des deux événements qui se dérouleront à une semaine d’intervalle. Pour la France voisine voir:  http://www.journeesdupatrimoine.culture.fr/

 

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