Les «héroïnes du Coronavirus» demandent une revalorisation salariale

Campagne d’affichage en guise de “remerciements” adressés au personnel soignant et les employées des profession assurant les services essentiels.

Elles étaient et sont toujours au front contre le coronavirus: les vendeuses, aides-soignantes et nettoyeuses. Soir après soir, elles ont été applaudies depuis les balcons pour avoir garanti le maintien de services essentiels à la population, en prenant des risques pour leur santé. Leur dévouement a aussi permis de mettre en lumière les conditions de travail hautement précaires dans ces branches féminisées. Avec leurs syndicats, elles lancent aujourd’hui une campagne pour revaloriser durablement leurs salaires.

Soir après soir, la population genevoise sortait sur les balcons pour applaudir les héros, et surtout les héroïnes de la crise sanitaire. Le personnel soignant en premier lieu, mais aussi toutes ces employées actives dans des professions dont certains s’apercevaient alors de leur apport fondamental pour garantir des services essentiels à la population: les vendeuses, les aides-soignantes ou encore les nettoyeuses. Une année après la grève des femmes, les «héroïnes du Coronavirus» demandent une revalorisation salariale.

Le syndicat UNIA qui les soutient té,oigne de la situation :

Conditions salariales précaires dans les branches dites essentielles
Les mois de confinement et les situations extraordinaires engendrées ont aussi permis de mettre en lumière les conditions de travail de ces travailleuses dans l’ombre, en grande majorité des femmes, avec une proportion importante d’entre elles issues de l’immigration. Ainsi, le grand public s’est rendu compte que ces personnes, si indispensables à la vie en société, gagnent des salaires qui permettent à peine de vivre à Genève. En effet, 10% des travailleurs-euses genevois-e-s ont aujourd’hui un salaire inférieur à 23 francs de l’heure. Dans le commerce de détail, une vendeuse à plein temps gagne à peine 4007 francs, une nettoyeuse 3930 francs. Sachant que la plupart d’entre elles travaillent à temps partiel, ce qui était déjà insupportable avant, l’est encore davantage aujourd’hui, après que des milliers de femmes actives dans ces branches ont pris des risques considérables pour leur santé.

Les applaudissements ne suffisent plus
Une année après que la grève des femmes ait déjà dénoncé les graves inégalités salariales entre femmes et hommes, le personnel concerné a décidé de lancer aujourd’hui avec les syndicats une campagne pour une revalorisation durable de leurs salaires. C’est ainsi que le syndicat Unia, en collaboration avec d’autres syndicats de branche, a demandé des négociations salariales dans le commerce de détail, dans les EMS et dans le nettoyage. Unia exige d’un côté des «primes de risque» pour les efforts extraordinaires consentis durant la crise sanitaire, et de l’autre, une augmentation structurelle des grilles salariales. Présentes à la conférence de presse, des salariées de ces branches ont pu témoigner des situations difficiles qu’elles ont vécues durant ces derniers mois, ainsi que des difficultés quotidiennes de joindre les deux bouts à la fin du mois. «Nous avons été très touchées par les nombreux témoignages de gratitude qui nous sont parvenues», raconte Rosabella* qui travaille dans une grande enseigne du commerce de détail. «Mais les applaudissements ne suffisent plus. Nous méritons qu’on reconnaisse à sa juste valeur notre travail.»

Demandes de négociations et lancement de pétitions
Ayant négocié en début d’année avec les associations patronales de la vente un protocole d’accord ouvrant des négociations pour le renouvellement de la convention collective de travail, les syndicats ont transmis aux délégations patronales la demande de verser une prime de risque équivalente à 500 francs par mois travaillé durant les conditions extraordinaires. Les pourparlers continuent ces prochaines semaines. Même démarche du côté des nettoyeuses, qui ont demandé non seulement une prime de risque mais aussi la revalorisation de leurs salaires de base. «Nous avons travaillé dans des conditions sanitaires souvent limites et avons pris énormément de risques pour notre santé», explique Rachel* nettoyeuse d’installations hospitalières, «et tout ça pour des salaires horaires inférieures à 20 francs». Or, les patrons du nettoyage ont pour l’instant fermé la porte qualifiant les demandes syndicales de «déconnectées de la réalité»… «On n’a pas vécu la même réalité, en effet», s’exaspère Rachel. Les nettoyeuses et nettoyeurs lancent aujourd’hui une pétition dans l’espoir que les patrons reconnaissent enfin leur sacrifice. Dans les EMS, Unia a également lancé une pétition demandant le versement d’une prime de risque. En une semaine seulement, plus de 1000 signatures ont déjà été récoltées. «C’est le signe que la population a compris l’énorme effort que nous avons fourni pour être proche de la population la plus touchée par le Coronavirus», s’en félicite Myriam* qui travaille comme aide-soignante dans un établissement genevois. «Espérons que cela se traduise maintenant par une reconnaissance de la part des employeurs et politiciens.»

Votation pour le salaire minimum en automne
Les branches les plus exposées pendant la crise sanitaire ne sont de loin pas les seules à payer des salaires qui suffisent à peine à vivre. Dans l’hôtellerie-restauration, dans les blanchisseries ou encore dans l’économie domestique travaillent aujourd’hui des milliers de femmes à des salaires très bas. C’est pourquoi il est fondamental que l’éveil de conscience autour des bas salaires se transforme cet automne en une forte campagne en faveur du salaire minimum légal à 23 francs qui sera soumis au vote le 27 septembre prochain.
Une pétition de soutien est publiée sur le site du syndicat.

*Noms d’emprunt

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Publié dans économie, société