Berta Koch – Talaya Schmid et Nele-Marie Gräber (ZH). « Holy Shit ». © Talaya Schmid. Lors du Prix Suisse de la performance 2014.
La nouvelle loi vaudoise sur la vie culturelle et la création artistique qui entre en vigueur ce 1er mai regroupe désormais danse et théâtre dans une même commission des arts de la scène. Entretien avec Brigitte Waridel, Cheffe du Service des affaires culturelles, suivi de la position de la Ville de Genève par Virginie Keller, Cheffe du service culturel de la Ville de Genève.
La LVCA est assortie de quatre règlements d’application fixant les règles de fonctionnement des fonds inscrits au budget pour l’octroi de subventions ponctuelles, sur préavis de commissions ad hoc, à savoir: les arts de la scène (qui regroupent désormais théâtre et danse), la sensibilisation à la culture et la médiation culturelle, le soutien à l’équipement de lieux culturels, les activités culturelles (musique, théâtre, littérature, créations pluridisciplinaires), ainsi que du nouveau règlement régissant l’intervention artistique sur les bâtiments de l’Etat.
Une convention-cadre sera signée par l’Etat et les deux associations faîtières représentant les communes : l’Union des communes vaudoises et l’Association de communes vaudoises. Cette convention servira de base à l’élaboration de toute convention qui sera établie au cas par cas entre l’Etat, une ville-centre, une commune ou un groupe de communes, pour le partenariat financier autour d’institutions ou de manifestations artistiques et culturelles d’importance régionale et suprarégionale.
Entretien avec Brigitte Waridel, cheffe du Service des affaires culturelles :
Comment s’effectue cette fusion ?
Nous réunissons le théâtre et la danse, mais cela inclut aussi l’art performatif qui ne trouvait pas trop sa place dans ces catégories un peu rigides, ou aussi le théâtre jeune public, etc., donc un certain nombre de nos experts de nos anciennes commissions demeurent, et nous avons modifié la commission pour y intégrer des regards, des expertises complémentaires afin de pouvoir analyser l’entier du champ qui est concerné et qui est assez vaste.
Les demandes seront-elles examinées lors des mêmes séances ?
Oui, mais nous pouvons nous organiser, le règlement prévoit la possibilité d’organisation de sous-commissions pour examiner des dossiers préparés par certains experts, mais à la fin c’est l’entier de la commission qui se détermine.
Avez-vous défini un quota en fonction des catégories pour éviter que l’une soit favorisée dans le cas de nombreuses demandes ?
Nous voyons d’années en années le rapport financier des besoins des deux grandes catégories, théâtre et danse, il y a une certaine continuité dans les ordres de grandeur, et nous allons rester vigilants à ce qu’un projet ne soit pas prétérité parce qu’un autre est plus lourd. Le théâtre est plus cher que la danse, elle demande des montants moins importants que ceux des projets théâtraux. Nous avons toujours pu répondre aux demandes de projets chorégraphiques, il faut être très sélectif pour le théâtre car les demandes sont beaucoup plus nombreuses, ce sera à nous de veiller à l’équilibre.
La danse semble satisfaite du soutien qui lui est accordé, est-ce exact ?
Pour le Canton, la plupart des demandes sont généralement satisfaites, ce qui est refusé ne l’est pas par manque d’argent, c’est sur l’avis des experts qui ne sont pas convaincus de la qualité du projet. L’enveloppe financière a ses limites, comme pour le théâtre, c’est donc aux experts de faire des choix.
Maintenant ce sera tout en un mais à l’intérieur de cette enveloppe globale on aura le souci d’éviter qu’un domaine ne fasse pas les frais de la gourmandise de l’autre.
Quel est le montant de cette enveloppe du canton ?
Ce fonds des arts de la scène est de 1’340’000 francs.
D’où est venue l’impulsion qui a mené à cette réunion ?
C’est un constat qui s’est opéré au fil des années, j’ai eu l’impression, et je ne suis pas la seule, à percevoir que les frontières sont de plus en plus poreuses entre les formes artistiques. Des exemples comme celui de Massimo Furlan, Yann Duyvendak et d’autres ont montré cette porosité. Aujourd’hui les formes s’enchevêtrent, se mélangent, il nous semblait donc que joindre ces catégories sous un même chapeau des arts de la scène correspondait davantage aux réalités des formes d’aujourd’hui. Il y aura des échanges qui seront à mon avis beaucoup plus pertinents entre les différents experts car nous avons aujourd’hui des projets chorégraphiques qui ne sont plus seulement chorégraphiques, ils incluent la vidéo et autres, tout cela se mélange et cette réunion se trouve en adéquation par rapport aux formes artistiques actuelles. Ensuite, ce sera à nous à veiller qu’il n ‘y ait pas d’inégalité de traitement entre les diverses formes.
Lors de ces 20 et 30 dernières années, les formes artistiques ont évolué et nous devons maintenant porter un regard d’ensemble, c’est bien que la loi s’adapte à la réalité, en fait une bonne loi vient souvent s’adapter à une évolution de la société.
Propos recueillis le 1er mai 2015.
Pratique de la Ville de Genève, par Virginie Keller, Cheffe du service culturel :
« L’organisation des soutiens ne cesse d’évoluer en fonction des besoins et des ressources. L’important est surtout d’avoir des moyens pour soutenir la création, quelque soit la manière de l’organiser.
Au vue de l’effrangement actuel des arts, on pourrait imaginer diverses fusions de fonds… on assiste aussi de plus en plus à des projets mixant arts de la scène et art contemporain (où classer la performance?). De plus en plus d’institutions soutenues par la Ville proposent des programmations pluridisciplinaires tout comme les festivals (Bâtie, Antigel, Mapping, Electron, etc.), toutefois certains lieux sont spécifiquement dévolus à un domaine, ne serait-ce que pour des contraintes techniques.
Les fonds de soutien à la création sont actuellement organisés par domaine artistique et ils ont ainsi l’avantage d’être lisibles aussi bien par le Conseil municipal qui vote le budget que par les artistes qui sollicitent un soutien. Ils donnent également des informations sur les équilibres entre les domaines artistiques et leurs évolutions.
Le département de la culture et du sport de la Ville de Genève rencontre régulièrement les artistes et compagnies soit au sein de séances spécifiques, ou plus larges, (Rencontres des arts et de la scène, Bureau culturel), et adapte l’organisation et les procédures (création du fonds pluridisciplinaire, ouverture du Commun à la performance, soutien à la résidence, ou aux projets culturels transfrontaliers) pour pouvoir répondre au mieux à la production artistique et à l’accès à la culture pour le public.»
Propos recueillis le 5 mai 2015.
Contacté le 4 mai, le Département de l’Instruction publique et de la culture du Canton de Genève n’est pas en mesure de préciser si une telle réflexion est en cours.
Voir également :
– Théâtre, danse, inter, pluri, trans-disciplinaires ou simplement arts de la scène ? GenèveActive, 4 mai 2015.
– Les Vaudois choient leur création indépendante, GenèveActive, 22 mars 2013.