Le zonage culturel représente-t-il une alternative au manque d’espaces pour les artistes?

Artamisgalpon

René Longet (maire d’Onex) a proposé, lors du Forum du Rassemblement des artistes et acteurs culturels à  Genève, la création d’une zone affectée aux activités culturelles, sur le modèle des zones industrielles.  Andreas Schweizer, de l’Association pour le Patrimoine Industriel nous donne son avis:

“Assurément. Les friches industrielles investies depuis quelques décennies par les acteurs culturels forment les espaces de créations dynamiques de nos sociétés post-industrielles.
Il faut rappeler ici que le mouvement du patrimoine industriel est actif sur le continent européen depuis les années 1980. C’est dans le berceau anglais de la révolution industrielle que ce mouvement citoyen trouve ses premières racines, objets à  investir et à  réinventer au nom de la continuité historique des progrès techniques, de l’histoire locale, industrielles ou ouvrières.
Espaces de sueurs, de pollutions, et de labeurs, les friches portent les espoirs de celles et ceux qui allient nécessités d’expressions, engagements et de créations de liens. Espaces à  investir parce que les désengagements financiers, politiques et écologiques des zone industrielles en sommeil, représentent des défis complexes qui demandent temps et moyens. Ces espaces délaissés (les friches), les forces vives en recherche d’espaces et d’action les ont investies dans le temps par nécessités et urgences.
Si la culture est le ciment de la société (dixit le Conseiller d’Etat Monsieur Charles Beer lors de la première journée du Forum « art, culture et création » ) force est de constater que la pression marchande sur le territoire confiné de Genève est incontournable et rend la création culturelle fragile.

La disparition des friches et leurs réinvestissement économique marginalisent les créateurs de liens que sont les artistes.
Le zonage culturel est la réponse à  ce phénomène de société incontournable parce que la création est le point de repère d’une communauté (des communautés) pour affirmer les identités en transformation. Nos identités en devenir ont besoin de marques et d’espaces sur le territoire pour développer leurs contributions à  la collectivités en dehors des rapports de forces économiques de l’offre et la demande marchande. La nécessité culturelle est croissante.
La proposition de René Longet (maire d’Onex) de créer une zone affectée aux activités culturelles, sur le modèle des zones industrielles est une nécessité qui répond aux besoins d’une tranche importante de la population que sont les producteurs et consommateurs culturels. Le territoire est découpé en zones d’activités pour répondre aux besoins de notre collectivités. A ce titre le législateur s’est bien entouré de précautions pour préserver l’agriculture et les espaces permettant aux exploitants d’accéder à  la terre et à  la conserver, (même au delà  des générations) dans l’intérêt commun d’assurer notre autonomie alimentaire.
En protégeant l’agriculteur et l’exploitation par la Loi fédérale sur le droit foncier rural, le législateur protège une activité économique en lien avec le territoire pour la préserver de l’emprise de l’offre et la demande économique sur le territoire. Il en de même avec la culture et la création qui peut être ancrée que dans un territoire.

http://www.admin.ch/ch/f/rs/211_412_11/index.html

Chaque activité doit pouvoir s’exprimer en adéquation avec son territoire. Le vivre ensemble c’est l’organisation du territoire des activités qui répondent aux besoins de tous.
En appuyant la proposition de René Longet j’ai été étonné que les représentants politiques de tous bords n’ont pas trouvés matière à  répondre à  ce besoin de zonage culturel, comme si chacun se trouvait face au gouffre ou à  un abîme.

Ce silence politique collectif en dit long sur le chantier qui nous attend et les moyens que les forces artistiques et culturelles devront déployer pour inscrire dans le territoire, leurs places, emplois, espoirs, identités et capacités financières.
De la mobilisation des acteurs culturels pour une zone de création artistique et culturelle dépendra notre autonomie culturelle.”

Andréas Schweizer

Conservateur. Association pour le Patrimoine Industriel (API)
Maison du Patrimoine Industriel et des arts graphiques. 25 rue du Vuache. Genève. Tél. 41 22 340 44 10

 

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Mise à  jour : Forum le mardi 9 mars 2010

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