Le Turner Prize distingue une oeuvre que l’on ne peut ni voir ni toucher

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Susan Philipsz. Vue d’installation, Lowlands, Glasgow International, Glasgow, 2010. Photo: Eoghan McTigue. Courtesy the artist and Tanya Bonakdar Gallery, New York.

Le 6 décembre 2010, le Turner Prize a été décerné à  Susan Philipsz pour son installation Lowlands. Considérée comme la distinction la plus prestigieuse dans l’art contemporain, c’est la première fois que la récompense est attribuée pour une installation sonore dans l’espace public.

Susan Philipsz

Susan Philipsz. Photo: Lucy Dawkins, Tate Photography.

Susan Philipsz utilise sa propre voix pour créer ce qu’elle appelle des “sculptures sonores “qui jouent sur la poésie de lieux insolites et isolés. L’esprit du lieu est toujours à  l’origine de ses travaux. Dans le cas de Lowlands, à  Glascow, l’artiste a choisi de s’installer sous trois ponts qui enjambent la rivière Clyde. Sous chaque pont – George V Bridge,  Caledonian railway bridge, Glasgow Bridge – trois enregistrements différents de la voix de Susan Philipsz sont diffusés, tout d’abord en choeur avant de suivre un rythme différent et de reprendre le refrain en choeur.
Le jury s’est déclaré “impressionné par la façon dont son travail fait autant appel à  l’instinct qu’à  la pensée intellectuelle et renvoie à  la relation entre la vision et le son”. Une pièce qui, pour de nombreux observateurs, “prend aux tripes”.
La mise en scène est aussi importante que le son de la voix de Susan Philipsz qui chante une complainte écossaise du XVIe siècle. C’est l’histoire d’un fantôme qui revient pour un dernier adieu que l’artiste rappelle dans ce lieu à  part du centre-ville, un endroit glauque, lié aux trafics et aux excès de la vie nocturne.

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Turner Prize 2010. Exposition. Susan Philipsz. “Lowlands, 2008/2010”. Installation sonore avec trois haut-parleurs, durée 8 minutes 30s. Courtesy the artist, Tanya Bonakdar Gallery, New York and Isabella Bortolozzi Galerie, Berlin. Photo: Sam Drake and Lucy Dawkins, Tate Photography.

Susan Philipsz est née en 1985, en Grande-Bretagne, elle a suivi des études d’art en Ecosse et en Irlande, mais pas de formation musicale particulière, elle vit actuellement à  Berlin. La sélection finale du Prix Turner doit présenter quatre artistes, ou plutôt une exposition de chaque artiste, car ce n’est pas l’ensemble de l’oeuvre qui est pris en compte, et ensuite déterminer le vainqueur qui reçoit la somme de 25’000 £, les trois autres reçoivent ensuite chacun 5’000 £. Le prix est attribué chaque année à  un artiste de moins de cinquante ans, né, travaillant ou vivant en Grande-Bretagne; la distinction a été créée en 1984 pour reconnaître les nouvelles recherches en art contemporain. Si le concept de sculpture sonore, à la fois musique, sculpture et spectacle, est développé depuis les années 50, c’est la première fois qu’une oeuvre est ainsi primée par une institution de premier plan.

Jacques Magnol

Vidéo sur YouTube ici
Exposition à  la Tate Britain jusqu’au 2 janvier 2011.
Susan Philipsz: Surround Me: A Song Cycle for the City of London. Jusqu’au 3 janvier 2011.

 

Publié dans arts, expositions