« Le seul discours politique en France, aujourd’hui, est celui de Le Pen »

« Tous les autres sont des discours moraux et pédagogiques, discours d’instituteurs et de donneurs de leçons, de gestionnaires et de programmateurs. Voué au mal et à l’immoralité, Le Pen rafle toute la mise politique, le solde de tout ce qui est laissé pour compte, ou franchement refoulé, par la politique du Bien et des Lumières. Plus se durcit la coalition morale contre lui – signe d’impuissance politique – plus il tire le profit politique de l’immoralité, d’être le seul du côté du mal.

Le Pen, il faudrait l’inventer. C’est lui qui nous délivre de toute une part maléfique de nous-mêmes, de la quintessence de ce qu’il y a en nous de pire. A ce titre, on doit lui jeter l’anathème – mais, s’il disparaissait, pitié de nous, livrés à tous nos virus racistes, sexistes, nationalistes (notre lot à tous), ou tout simplement à la négativité meurtrière de l’être social.(…) On reproche à Le Pen le rejet et l’exclusion des immigrés. Mais ceci est une goutte d’eau dans le processus d’exclusion sociale qui est en cours à tous niveaux. »
Chez les Le Pen, après le père présent aux élections présidentielles de 1974, 1988, 1995, 2002 (jusqu’au second tour) et 2007, c’est à la fille de bénéficier de la position la plus confortable grâce à la faillite du social. Les actuels candidats, tétanisés par la crainte des sondages, sans convictions ni conceptions travaillent pour elle. C’est l’occasion de relire l’article de Jean Baudrillard « la conjuration des imbéciles ».

Lire l’article paru dans Libération en mai 1997.

Publié dans politique culturelle